La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 12
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des Chevaliers et dans la principauté d’Antioche, où ils reçoivent la garde du château de Margat (al-Marqab) en 1186.
Fondé en 1119 par un chevalier champenois, Hugues de Payns ou de Pains (v. 1070-1136), établi par Baudouin II dans une partie du palais de Jérusalem édifié près de l’emplacement du Temple de Salomon, auquel il doit son nom, l’ordre des Templiers est doté en 1128, au concile de Troyes, d’une règle en 75 chapitres élaborée avec la collaboration de saint Bernard.
Interdisant (cilice) ou limitant (jeûne) les pratiques ascétiques, qui auraient réduit leurs forces au combat, ce document fait des Templiers un ordre militaire, bientôt chargé de la défense de Gaza (1152) par Baudouin III, puis de celle des forteresses de Château-Pèlerin (1218), de Beaufort et de Saphet (apr. 1240) dans le royaume de Jérusalem ou de celles de Tortose (1151) et
de Chastel Blanc (av. 1179) dans le comté de Tripoli, etc. Créé en 1143, sinon même avant 1118 pour accueillir à Jérusalem les pèlerins allemands, mais réorganisé en 1198 par Heinrich Walpot sur le modèle des ordres précédents, l’ordre Teutonique s’insère au XIIIe s. dans le dispositif franc (forteresse de Montfort, 1226-1228), leur grand maître Hermann von Salza (1209-1229) étant le conseiller de l’empereur Frédéric II.
Autonomes en droit, indépendants en fait des autorités religieuses et politiques du Levant, disposant d’un prestige considérable qui facilite le renouvellement incessant de leur recrutement et explique aussi l’importance des biens fonciers dont de généreux donateurs les font bénéficier dans toute l’Europe, assurés des ressources régulières et abondantes grâce à la gestion de ces domaines organisés en vue d’un rendement maximal, les ordres militaires ont pu tout à la fois servir de banquiers aux chrétiens du Levant et assurer la construction et l’entretien si coûteux des forteresses qui ont permis aux États latins du Levant de survivre jusqu’à la fin du XIIIe s.
Latium
En ital. Lazio, région de l’Italie centrale, autour de Rome*.
Adossé à l’Apennin à l’est, limité par la mer Tyrrhénienne à l’ouest, le Latium s’étend entre la Toscane et l’Ombrie au nord, la Campanie au sud.
La région couvre 17 203 km 2 (regroupant les provinces de Rome, Frosinone, Latina, Rieti et Viterbe) et compte plus de 4,9 Mhab. ; elle est dominée, écrasée même par la présence de la ville de Rome (2,9 Mhab.).
Comme les autres régions tyrrhé-
niennes, le Latium présente une grande hétérogénéité géographique. La partie orientale (essentiellement la province de Rieti) est entièrement montagneuse, avec les monts Reatini (Terminillo, 2 213 m) et Simbruini, âpres reliefs calcaires de l’Apennin parcourus par l’ample vallée du Velino. L’activité de ce secteur, où l’altitude tempère le climat méditerranéen, est limitée à l’économie montagnarde (bois, élevage ; cultures dans les vallées), à quelques équipement hydro-électriques et à un
petit nombre d’usines (industries alimentaires surtout). Rieti (42 000 hab.) est ici la ville principale.
En avant de cette zone apennine
s’étendent des hauteurs de deux types.
Au nord, ce sont des reliefs volcaniques avec les monts Volsini (lac de Bolsena), Cimini (lac de Vico), Saba-tini (lac de Bracciano) et, au sud de Rome, le mieux conservé des appareils volcaniques, les Colli Laziali. Plus au sud surgissent les reliefs calcaires des monts Lepini, Ausoni, Aurunci, qui sont séparés de la montagne par la grande vallée du Garigliano, appelée aussi Ciociaria ou Valle Latina. Entre ces reliefs se trouvent les plaines bonifiées de la Maremme, de l’Agro romano, des marais Pontins, se terminant par des côtes basses et sableuses, dessinant de vastes golfes coupés d’îlots rocheux (mont Circeo) et faisant face aux îles Ponziane. La vie économique est ici beaucoup plus active. La mise en valeur est intense. Les collines portent des cultures arborées, vigne et olivier. Les vins du Latium sont réputés (Frascati, Albano). Les plaines sont le domaine des céréales et de l’élevage, mais elles se transforment rapidement avec la diffusion des cultures maraî-
chères et florales.
L’activité industrielle, encore
assez modeste, se développe cepen-
dant avec l’implantation, le plus souvent, d’industries légères d’avenir.
Le Latium compte 5 p. 100 des actifs industriels italiens. Autour de Viterbe (57 000 hab.), les usines sont rares (en dehors de la céramique). La province de Rome est mieux pourvue avec la
chimie de Colleferro, l’industrie des pneumatiques et les papeteries de la patricienne Tivoli, la chimie d’Anzio, les installations de Civitavecchia ainsi que les industries de Rome même
(petite mécanique, chimie, bâtiment, cinéma). Au sud de la capitale, l’action de la Caisse du Midi (v. Mezzogiorno) se fait nettement sentir. Frosinone (39 000 hab.) commande à toute une série de papeteries dans la vallée du Liri. Quant à la zone des marais Pontins, érigée en province, elle a attiré ces dernières années des industries très variées ; de la mécanique de pré-
cision à la pharmacie. Les foyers principaux sont ceux de Pomezia, Aprilia
et Latina (89 000 hab.). Le port de Gaète (24 000 hab.) s’est également industrialisé (raffinerie, verrerie, céramique), tandis que sur le Garigliano a été construite une centrale nucléaire.
Ces implantations n’ont pas déparé le paysage du Latium. La côte a une fonction balnéaire importante. Si Ostie est la principale station, surtout fré-
quentée par les Romains, de nombreux campings et hôtels s’égrènent le long de la côte. À Civitavecchia, un courant touristique de transit important est dû à la fonction de port de passagers en direction de la Sardaigne. Mais le tourisme se prolonge vers l’intérieur grâce à la présence de villes d’art (Tarquinia et ses nécropoles étrusques, Cassino et son abbaye, les petites villes des « Cas-telli Romani »). Cependant, l’attrait de Rome, capitale politique et religieuse, éclipse tout.
E. D.
F Rome.
R. Almagià, Lazio (Turin, 1966).
La Tour
(Georges de)
Peintre français (Vic-sur-Seille 1593 -
Lunéville 1652).
Son oeuvre, remise en lumière par la critique contemporaine, représente en France la tendance la plus spiritualisée du caravagisme et se subdivise en deux séries également remarquables : peintures à éclairage nocturne (« nuits ») et peintures à éclairage diurne.
Bien des interrogations se posent au sujet de sa carrière et de sa production, pour lesquelles les archives livrent des renseignements discontinus. Georges de La Tour est fils d’un boulanger de Vic-sur-Seille, capitale française de l’évêché de Metz, mais entre sa naissance et une mention le désignant
comme parrain en 1616, il n’existe aucune pièce le concernant. Peut-être a-t-il été l’élève d’un certain Dogoz, peintre suisse cité à Vic en 1611. Il a dû faire son « grand tour » comme les artistes du temps, passant peut-être par l’Allemagne, comme le suggére-
rait le graphisme des chevelures dans certaines toiles diurnes, et séjournant en Italie, où travaillaient tant de Lorrains (tel Jean Le Clerc [† 1633], autre peintre de « nuits »).