de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari (Presses de la Cité, 1971-72 ; 2 vol.).
Laue (Max von)
Physicien allemand (Pfaffendorf, près de Coblence, 1879 - Berlin 1960).
Max von Laue fait ses études au col-lège protestant de Strasbourg, où ses parents sont établis, puis aux univer-
sités de Göttingen et de Munich, où il s’oriente vers la physique, et plus particulièrement l’optique. À Munich, les rayons X sont alors à l’ordre du jour, Röntgen* y étant lui-même professeur de physique expérimentale ; avec Paul von Groth (1843-1927), la cristallogra-phie y tient aussi une grande place, et les recherches de Laue vont bénéficier de cette conjonction.
Il soutient sa thèse en 1903, devient assistant à l’université de Berlin, est nommé successivement professeur à
l’université de Zurich (1912), puis de Francfort-sur-le-Main (1914), obtient enfin une chaire à Berlin, pour y deve-downloadModeText.vue.download 30 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 12
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nir en 1919 directeur de l’Institut de physique théorique.
On doit d’abord à von Laue diverses publications sur le principe de relativité (1911). Puis, reprenant une ancienne hypothèse du Français A. Bravais sur les réseaux cristallins, il organise les premières expériences de diffraction des rayons X par les cristaux, qui sont réalisées en 1912 par ses assistants Walther Friedrich (né en 1883) et
Paul Knipping (1883-1935). Ces expé-
riences mettent fin à une longue controverse, en démontrant le caractère ondulatoire des rayons de Röntgen ; elles permettent aussi de connaître la structure des milieux cristallisés et, dans ce domaine, leurs applications seront multiples. Elles valent à leur auteur le prix Nobel de physique pour 1914.
Par la suite, von Laue étudie la su-praconductibilité et il édifie en 1931 la théorie des interférences produites par les réseaux tridimensionnels.
Pendant la Seconde Guerre mon-
diale, il se signale par sa résistance au national-socialisme et apporte son aide aux opprimés. Lors de l’arrivée des ar-mées alliées, il est emmené en Grande-Bretagne. À son retour en Allemagne, en 1946, il reprend d’abord son activité à Göttingen, puis, à partir de 1951, il va terminer sa carrière en devenant direc-
teur de l’Institut de chimie physique et d’électrochimie de Berlin-Dahlem.
R. T.
Les continuateurs
de Laue
Sir William Henry Bragg (Wigton,
Cumberland, 1862 - Londres 1942) et son fils sir William Lawrence Bragg (Adélaïde, Australie, 1890 - Ipswich 1971), physiciens anglais. Tous deux étudièrent principalement la diffraction des rayons X par les cristaux ; ils construisirent un spectrographe à haute fréquence, fondé sur l’interférence des rayons X à travers les réseaux cristallins et déterminèrent de nombreuses structures. Ils reçurent le prix Nobel de physique pour 1915.
Laurens (Henri)
Sculpteur français (Paris 1885 - id.
1954).
La formation de Laurens, né dans
un milieu ouvrier, est placée sous le signe de la pratique. En cela, d’ailleurs, l’artiste trouve un point commun avec Georges Braque*, dont il fait la connaissance en 1911 et dont il restera fidèlement l’ami.
Laurens a vécu intensément la crise de sa génération, qui ambitionnait de se débarrasser plus encore des contraintes de l’académisme que de celles de la réalité ; visant, esprit en un sens classique, à adhérer à cette dernière, non plus dans ses détails, ses accidents, ses aspects pittoresques, mais dans sa permanence ; réalité libérée en somme de l’aléatoire, du temporel, pour une redé-
finition en profondeur.
Il expérimente le relief, le papier collé et l’assemblage avant de passer au bas-relief, qu’il attaque au ciseau,
« en taille directe », mais reprend par la polychromie. Contrairement à bien des épigones du cubisme*, Laurens échappe à tout intellectualisme, et pourtant il se manifeste avec les cubistes et, grâce à Picasso*, expose chez Léonce Rosenberg. Bientôt, il
rejoindra Braque et Picasso à la galerie Kahnweiler.
Vers 1927-1930, sa période géomé-
trique s’achève, la ligne s’infléchit, la masse devient plus onctueuse. Désormais, le nu devient le sujet essentiel : femmes debout, accroupies, couchées, ondines, sirènes, modelées dans la terre cuite ou le bronze, parfois taillées dans le marbre. Laurens renoue avec la réalité dans ses forces, ses élans et ses vibrations naturelles, réalisant là, en somme, les ambitions de ses débuts.
Parallèlement aux sculptures de petites ou moyennes dimensions, il exécute des pièces monumentales, dans lesquelles il peut donner une mesure généreuse à son goût de l’effusion contrôlée : Grande Femme debout à la draperie
(1928), encore statique et géométrisée, l’Océanide (1933), Amphion (1937), la Grande Baigneuse (1947), contrepoint ondoyant d’opulence et de gracilité.
Parce qu’il a toujours beaucoup dessiné, Laurens est aussi amené à donner de nombreuses illustrations pour Pierre Reverdy*, Tristan Tzara*, Cé-
line Arnauld, Radiguet, Paul Éluard*, Paul Dermée, sans oublier Théocrite et Lucien de Samosate. Son oeuvre graphique témoigne de la profonde qualité sensible d’un trait assujetti à des rythmes intérieurs qui épousent, très librement, ceux d’une réalité sensualisée à l’extrême.
Il fut un homme admirable de
constance et de modestie, grave sans affectation, aimable sans servilité, admiré par ceux qui l’approchaient.
Son succès fut tardif, tant il mettait d’indifférence à le provoquer. Il faudra attendre le geste amical de Matisse*, partageant avec lui son prix de la Biennale de Venise, en 1950, pour que
l’attention du public se porte enfin sur lui. Il reçoit en 1953 le grand prix de la Biennale de São Paulo et, l’année suivante, meurt brusquement dans la rue.
À la suite, principalement, d’une
donation voulue par l’artiste et réalisée par ses héritiers, le musée national d’Art moderne, à Paris, est très riche en oeuvres de Laurens.
J.-J. L.
M. Laurens, Henri Laurens, sculpteur (La Palme, 1955). / C. Goldscheider, Laurens (Cologne et Berlin, 1956).
CATALOGUE D’EXPOSITION : Henri Laurens, 1885-1954 (Grand Palais, Paris, 1967).
Laurier (Wilfrid)
Homme politique canadien (Saint-Lin, prov. de Québec, 1841 - Ottawa 1919).
Lointain descendant d’un soldat
du régiment de Carignan-Salières, le futur homme d’État est élève des As-somptionnistes, puis étudiant en droit au collège McGill. Avocat, il édifie le premier tremplin de son ascension politique en devenant propriétaire d’un journal, le Défricheur, et s’établit en 1867 à Arthabaska. Partisan convaincu de la démocratie parlementaire, il est élu député libéral à l’Assemblée provinciale en 1871, puis il siège à Ottawa de 1874 à 1877 : là, il s’oppose vivement aux catholiques ultramontains du Québec et prône l’étroite union des deux « peuples fondateurs » du Canada, rejetant toute forme de séparatisme pour les descendants des Français.
En 1887, Wilfrid Laurier devient
le leader de l’opposition libérale : il bénéficie d’emblée des difficultés économiques persistantes que le régime de John Alexander Macdonald ne
parvient pas à atténuer. Après la mort de ce dernier (1891), Laurier va faire preuve d’un sens politique aigu qui lui ouvrira la voie du pouvoir : la majorité de l’opinion du Québec soutient avec ardeur les francophones du Manitoba engagés dans une lutte difficile pour la défense de leur langue maternelle.
Pour respecter le principe de la non-intervention du « fédéral » dans les affaires réservées aux provinces, Laurier, leader politique à l’échelle du Canada tout entier, refuse de prendre parti dans l’affaire, puis s’élève contre le projet de gouvernement central favorable aux francophones. Cette audace contribue à donner la victoire aux libéraux, qui emportent très largement les élections de 1896, même au Québec (41 sièges sur 65) ; la hiérarchie catholique, par la voix d’un évêque, a pourtant déclaré que « c’était péché mortel de voter libéral ».