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ral des droites avec d’autant plus de force que Léon XIII ne l’appuie officiellement que le 16 février 1892 —

quelques mois avant la mort du cardinal — par l’encyclique Inter innumeras sollicitudines.

Il est certain que l’action missionnaire de Lavigerie — si elle touche

par la générosité de ses intentions —

apparaît de nos jours comme fortement marquée d’anachronisme. Le cardinal d’Alger — pas plus que les hommes

de son temps — n’a soupçonné ni le sentiment religieux ni la culture originale des populations d’Afrique noire.

Sa notion de civilisation chrétienne fut exclusivement occidentale ; sa concep-downloadModeText.vue.download 34 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 12

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tion des rapports du spirituel et du politique aboutit à un blocage.

P. P.

F Afrique noire / Algérie / Religieux et religieuses.

J. Tournier, le Cardinal Lavigerie et son action politique (Perrin, 1913). / J. Perraudin, les Principes missionnaires du cardinal Lavigerie (Rapperswil, Suisse, 1941). / S. C. Wellens, la Société des missionnaires d’Afrique (Louvain, 1953). / F. Lambert, l’Apostolat missionnaire africain selon le cardinal Lavigerie. Étude historico-théologique (Rome, 1959). / L. Cristiani, le Cardinal Lavigerie (Éd. France-Empire, 1961).

/ X. de Montclos, Lavigerie, le Saint-Siège et l’Église. De l’avènement de Pie IX à l’avènement de Léon XIII, 1846-1878 (Éd. de Boccard, 1965) ; le Toast d’Alger. Documents 1890-1891 (Éd. de Boccard, 1966) ; le Cardinal Lavigerie. La mission universelle de l’Église (Éd. du Cerf, 1968).

/ F. Renault, Lavigerie, l’esclavage africain et l’Europe, 1868-1892 (Éd. de Boccard, 1971 ; 2 vol.).

Lavoisier (Antoine

Laurent de)

Chimiste français (Paris 1743 - id.

1794).

Sa jeunesse

Fils d’un procureur au Parlement originaire de Villers-Cotterêts, Lavoisier perd tôt sa mère ; il est élevé, ainsi que sa jeune soeur, par sa grand-mère maternelle, puis, après la mort de celle-ci, par sa tante, restée célibataire pour se consacrer à l’éducation de ses neveux.

Il fait ses études au collège Mazarin, où il semble d’abord attiré par les lettres,

puisqu’il obtient en 1760 un prix de discours français au concours général.

Puis, par atavisme sans doute, il fré-

quente la faculté de droit et, licencié en 1764, il se fait inscrire au barreau de Paris. Cependant, on le voit fré-

quemment au laboratoire de chimie

de Guillaume Rouelle (1703-1770) ; il suit avec intérêt les cours de mathématiques et d’astronomie de l’abbé Nicolas Louis de La Caille (1713-1762) et il est un auditeur assidu de Bernard de Jussieu* (1699-1777). Et le jeune avocat, de plus en plus attiré par la science, va lui consacrer le meilleur de son activité.

Il accompagne dans ses voyages au-

tour de Paris le naturaliste Jean Guet-tard (1715-1786), chargé de dresser l’atlas minéralogique de la France, et il donne bientôt un Mémoire sur les couches des montagnes et une Analyse des gypses des environs de Paris.

Puis il remporte, à l’âge de vingt-trois ans, une médaille d’or de l’Académie des sciences, qui a mis en concours la Meilleure Manière d’éclairer les rues d’une grande ville. Deux ans plus tard, en 1768, il en est élu membre.

Fermier général

Mais Lavoisier doit choisir une carrière et devient l’adjoint du fermier géné-

ral Baudon, épouse en 1771 la fille de son collègue J. Paulze et devient lui-même, en 1779, fermier général. En 1775, Turgot l’a nommé régisseur des poudres et salpêtres. Cette dernière fonction oblige le savant à résider à l’Arsenal ; il y a un logement, mais aussi un laboratoire d’où vont sortir tant de sensationnelles découvertes.

Il partage l’enthousiasme que suscite la Révolution. Député suppléant aux États généraux de 1789, il devient en 1790 membre de la commission pour

l’établissement du nouveau système de poids et mesures. En 1791, il est nommé secrétaire de la Trésorerie nationale et propose, pour la perception des impôts, un plan qu’il développe dans son traité De la fortune territoriale du royaume de France.

Sa condamnation

Après avoir supprimé l’Académie,

la Convention décrète, en novembre 1793, l’arrestation de tous les fermiers généraux, et Lavoisier vient lui-même se constituer prisonnier. En dépit des interventions qui se produisent en sa faveur, il est envoyé devant le Tribunal révolutionnaire. Lorsque le médecin J. N. Hallé (1754-1822) présente aux juges un rapport qui énumère

les services rendus par le chimiste à la patrie et à la science, le président J.-B. Coffinhal-Dubail (1754-1794) lui répond : « La République n’a pas besoin de savants ; il faut que la justice suive son cours. » Le 8 mai 1794, il est condamné et guillotiné le jour même.

Le lendemain, L. Lagrange* dira à

J.-B. Delambre (1749-1822) : « Il ne leur a fallu qu’un moment pour faire tomber cette tête et cent années peut-

être ne suffiront pas pour en reproduire une semblable. »

Chimiste et physicien

En définissant la matière par la propriété d’être pesante, en introduisant l’usage systématique de la balance, downloadModeText.vue.download 35 sur 573

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qu’il a mis tous ses soins à perfectionner, en énonçant les lois de conservation de la masse et des éléments, Lavoisier est vraiment le créateur de la chimie en tant que science. L’un de ses premiers mérites est d’avoir élucidé le mécanisme de l’oxydation des métaux au contact de l’air ; contrairement à l’affirmation des partisans du phlogistique, il montre que c’est le métal, et non la

« chaux », qui est un corps simple. Une de ses premières expériences, datant de 1774, consiste à calciner de l’étain dans un vase clos contenant de l’air et à constater la constance de la masse globale. La même expérience, reprise sur le mercure en 1777, est la plus célèbre de toute la chimie, et sa représentation figure sur la couverture de la plupart des manuels scolaires. Elle lui permet de faire l’analyse de l’air, d’identifier

l’oxygène et l’azote, puis de reconstituer l’air ordinaire en effectuant leur mélange. Il montre aussi, comme Cavendish*, que l’eau est obtenue par combustion de l’hydrogène, en déduit qu’elle n’est pas un élément et établit en 1781 la composition du gaz carbonique en faisant brûler du diamant.

Physicien, Lavoisier est, avec

Laplace*, l’auteur d’une étude de la dilatation des solides, ainsi que des premières mesures calorimétriques ; utilisant un calorimètre à fusion de la glace, il donne en 1780, dans son Mé-

moire sur la chaleur, diverses valeurs de chaleurs massiques ou de chaleurs de réactions chimiques.

Il participe, avec L. B. Guyton de Morveau (1737-1816), A. F. de Four-croy (1755-1809) et Berthollet*, à la création d’une nomenclature chimique rationnelle, fondée sur le concept d’élément (1787). Son Traité élémentaire de chimie, paru en 1789, qui remporte un grand succès, utilise cette nomenclature.

Il s’intéresse aussi à la chimie appliquée à la biologie et montre, le premier, que la chaleur animale résulte de combustions organiques portant sur le carbone et sur l’hydrogène.

Le jugement de Pasteur

« On trouverait difficilement dans l’histoire des sciences un nom qui éveille plus d’admiration et de sympathie que celui de Lavoisier.

L’éclat et la fécondité de ses découvertes, la noblesse de ses sentiments comme homme public et comme homme

privé, sa fin si cruellement prématurée, à laquelle on ne peut penser sans un douloureux serrement de coeur, tout se réunit pour faire de Lavoisier l’une des plus pures et des plus touchantes illustrations de notre pays [...]. C’est une chose digne de remarque : Lavoisier n’a découvert aucun corps simple, aucune combinaison nouvelle. Les phénomènes qu’il a étudiés étaient connus de ses devanciers. Les arts ne lui doivent directement aucune