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(Londres, 1961 ; trad. fr. Lawrence d’Arabie, Fayard, 1962).

Lawrence (Ernest

Orlando)

Physicien américain (Canton, Dakota du Sud, 1901 - Palo Alto, Californie, 1958).

La famille de E. O. Lawrence est

d’origine norvégienne. Son grand-père, maître d’école, a émigré aux États-Unis en 1840. Lui-même fait ses études aux universités du Dakota du Sud, du Minnesota et de Chicago, et il est reçu docteur en philosophie à l’université Yale en 1925. Sa carrière est alors rapide : en 1927, il est chargé d’un cours dans cette université et, en 1930, il devient professeur de physique à l’université de Californie, où se situera toute son activité.

Ses nombreux travaux portent sur

l’effet photo-électrique dans les vapeurs, l’émission thermoélectronique, les potentiels critiques, la physique biologique et médicale, mais son principal titre de gloire est l’invention du cyclotron, mis au point en 1931 avec la collaboration de M. Stanley Livingston. Cet appareil, construit d’après une idée émise en 1927 par le Norvégien Rolf Wideröe, a fait faire d’énormes progrès dans le domaine de l’accélé-

ration des particules. Lawrence en fait construire de nombreux modèles, qui permettent de réaliser un nombre considérable de réactions nucléaires.

Cette merveilleuse invention lui vaudra l’attribution du prix Nobel de physique pour 1939.

Nommé en 1936 directeur du labora-

toire des radiations de Berkeley à l’université de Californie, il en fait une pé-

pinière de chercheurs et le haut lieu de la physique nucléaire aux États-Unis.

Il dirige alors des travaux collectifs, et souvent il y participe. C’est ainsi qu’en 1940 sera découvert le neptunium et que sera observée la fission du pluto-nium sous l’action des neutrons lents.

Dans ce laboratoire sera aussi engendrée la quasi-totalité des éléments transuraniens.

Dans la préparation de l’explosif

nucléaire, Lawrence est chargé de la

séparation de l’isotope 235 de l’uranium par le spectrographe de masse.

C’est dans ce dessein que, démontant le gros cyclotron de Berkeley, il crée en 1941 le calutron, qui fournit le premier des masses pondérables.

Lawrence meurt en pleine activité à l’hôpital de Palo Alto, à la suite d’une intervention chirurgicale.

R. T.

F Accélérateur de particules.

lawrencium

F TRANSURANIENS.

Laxness (Halldór

Kiljan)

Romancier islandais (Laxness, près de Reykjavík, 1902).

Il a su rendre avec beaucoup de chaleur et d’imagination les problèmes les plus importants du XXe s. Halldór Guðjonsson naît le 23 avril 1902. Ses parents l’élèvent dans leur ferme, Laxness, nom qui lui servira de pseudonyme par la suite. Après un an au lycée de Reykjavík, il s’embarque en 1919 pour Copenhague ; il a déjà écrit un petit roman : Enfant de la nature. En 1921, il est en Allemagne, où il tente de rédiger un roman philosophique qui ne sera jamais publié. Cependant, il découvre l’Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis et établit sa demeure de 1922 à 1923 au monastère de Saint-Maurice de Clervaux, au Luxembourg : le 6 janvier 1923, il se convertit au catholicisme.

C’est là le premier moment dans sa création littéraire. Un recueil intitulé Sur la montagne sacrée esquisse son développement spirituel, mais c’est avant tout le Grand Tisserand de Ca-chemire, publié en 1927 à son retour en Islande, qui fait part largement de ses expériences religieuses. Ce roman, influencé en partie par le mouvement surréaliste français, marque par son style un tournant important dans les lettres islandaises.

Pourtant, Laxness se détache très

vite de la religion et de l’introspec-

tion pour se tourner, a la lumière du communisme, vers l’homme, dont il

va faire la matière de ses prochaines oeuvres. Il séjourne pendant trois ans au Canada et aux États-Unis, où il écrit un certain nombre d’essais qu’il groupe sous le titre : le Livre du peuple, et qui paraissent en 1929 ; en 1930, il rentre en Islande, se marie et s’établit définitivement à Reykjavík ; mais il aura toujours le goût des voyages.

Il publie en 1931 et 1932 le roman en deux parties : O vigne pure et les Oiseaux sur la plage, qu’on a coutume d’appeler Salka Valka, du nom de

l’héroïne. Cet ouvrage a pour toile de fond la vie dans un village de pêcheurs en Islande ; les personnages sont pré-

sentés à la fois avec amour et détachement ; et l’auteur fait preuve d’une grande liberté de langue et de style.

Laxness fait un voyage en Russie

en 1932 et rend compte de ses impressions dans Voyages à l’Est, qui paraît en 1933. La même année, il publie un recueil de nouvelles : Traces de pas, et en 1934 une pièce, jouée à Reykjavík : Court-circuit.

Il écrit, de 1934 à 1935, les deux volumes de son second grand roman : les Gens indépendants, roman qui dépeint la lutte que doit mener, en Islande, le petit fermier contre les éléments, mais aussi contre la communauté, pour pouvoir conserver son droit de vivre en homme libre.

Avec le roman en quatre parties —

Lumière du monde, Château du pays

d’été, Maison du poète et Beauté du ciel — qui paraît de 1937 à 1940 et qui est consacré au poète paysan Ólafur Kárason Ljósvikingur, un incompris dont la vie est faite de perpétuelles souffrances, Laxness oppose le génie poétique au matérialisme du monde

moderne. Il se plaît à y faire jouer les contrastes : la satire de la société et l’éloge des vieilles traditions, l’ironie et le pathétique, un réalisme brutal et un lyrisme débordant.

Trois nouveaux titres paraissent

ensuite : la Cloche d’Islande (1943), la Blonde Esclave (1944) et Incendie à Copenhague (1946). Il s’agit là d’une trilogie qui, depuis sa réédition

de 1957, porte le titre du seul premier volume. Pour la première fois, l’action se déroule dans le passé, au temps de la domination danoise du XVIIIe s. C’est une période sombre pour l’Islande, et l’auteur décrit la volonté farouche et fière des Islandais au milieu des épreuves.

Le petit roman Station atomique,

qu’il publie en 1948, âpre critique de l’installation de bases américaines en Islande, est un bel exemple de l’emploi d’une stylisation hardie. Et en 1952

paraît le roman Gerpla, dont l’action se situe à l’époque viking ; l’auteur y satirise l’esprit guerrier, qu’on retrouve dans les sagas tout comme de nos jours. Gerpla marque la fin de la deuxième phase de son oeuvre, qui, depuis le Livre du peuple, est placée sous le signe d’un engagement social downloadModeText.vue.download 39 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 12

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passionné. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1955.

Dès lors, il n’offre plus sa vision d’un futur meilleur, mais se borne à dévoiler le présent par rapport au passé, non sans quelques touches de nostalgie. C’est sous ce jour qu’il faut voir le milieu et les personnages de ses trois pièces de théâtre : le Jeu de cheminée, paru en 1961, Soleil d’atelier de couture, en 1962, et le Banquet des colombes, en 1966.

En 1957, le roman Annales de la

chaumière, tableau de Reykjavík au début du siècle, est presque dépourvu de satire ; ce qui est aussi le cas pour le conte : le Paradis retrouvé, publié en 1960. Son livre de souvenirs, Temps des poètes, écrit en 1963, fait également comprendre le recul qu’il a pris par rapport à toutes sortes d’idéologies.

Halldór Laxness est l’un des plus

grands écrivains de notre temps,

citoyen du monde mais aussi profon-dément islandais. Toute son oeuvre reflète, de façon intense, l’évolution rapide qu’a vécue l’Islande après la Première Guerre mondiale. Il a redonné

à sa langue maternelle la souplesse qu’elle avait perdue en tant que moyen de narration.

J. R.

S. Einarsson, History of Icelandic Prose-Writers, 1800-1940 (New York, 1948). / P. Hallberg, H. K. Laxness (en suédois, Stockholm, 1952).