Выбрать главу

À leur apparente impassibilité,

beaucoup de Mantes ajoutent de surprenantes facultés de camouflage : expansions foliacées sur le thorax et

les pattes chez le Gongylus d’Asie ou chez la Choeradode d’Amérique du

Sud ; couleur en harmonie avec le milieu, verte chez notre Mante (à côté de quelques individus bruns, d’ailleurs), jaunâtre chez l’Érémiaphile des dé-

serts de l’Ancien Monde ; des espèces d’Insulinde et d’Afrique miment les écorces des arbres, qui leur servent de support habituel, tandis que l’Hyme-nopus de Malaisie ressemble, à s’y méprendre, à une fleur de l’Orchidée rose, sur laquelle il vit.

Inquiétées, les Mantes, trop lourdes, surtout les femelles, ne s’enfuient pas ; mais elles adoptent parfois une attitude de défense dont l’efficacité n’est pas niable : les pattes ravisseuses se dressent, menaçantes, tandis que les ailes se déploient et que l’abdomen s’agite en émettant un bruissement ; chez certaines espèces, les taches ocellées que portent les élytres contribuent, semble-t-il, à donner un aspect terrifiant.

La capture des proies, généralement des Insectes, à l’occasion des Lézards ou de petits Oiseaux, chez les grandes espèces exotiques, se déroule selon un processus constant. Fait exceptionnel chez un Insecte, la tête de la Mante s’articule sur le prothorax avec assez de souplesse pour lui permettre de suivre les déplacements de l’imprudent posé à proximité ; au besoin, la Mante s’en approche lentement, puis, en un éclair, détend ses grappins, saisit la victime et ne lâchera plus sa proie, quelle que soit la violence de ses réactions. Avec sa hanche allongée, son fémur gonflé de muscles et muni d’un sillon où vient se loger le tibia, avec les épines acérées qui la longent, la patte antérieure ravisseuse des Mantes constitue un piège d’une remarquable efficacité.

Sitôt saisie, la proie est amenée à la bouche et dilacérée par les pièces broyeuses, qui rejettent les parties trop coriaces, pattes et ailes, pour ne retenir que les muscles et les viscères.

Le mâle se distingue de la femelle par son corps plus court et plus mince, ainsi que par son aptitude au vol.

L’accouplement, qui dure longtemps, se termine parfois de manière tragique

pour lui, car la femelle n’hésite pas à dévorer son compagnon, même avant

la fin de la copulation.

Les oeufs sont pondus sur des plantes ou des supports inertes et inclus dans une sécrétion visqueuse qui durcit rapidement en prenant une consistance cornée ; ainsi se forme l’oothèque, masse oblongue de 6 cm de long chez la Mante religieuse, mais dont les dimensions et la forme varient avec les espèces ; celle de l’Empuse se termine par un long fil dressé.

Protégés par cette enveloppe contre les rigueurs de l’hiver, les oeufs éclosent au printemps ; les jeunes larves, encore enfermées dans une membrane mince, se glissent entre les lamelles de la zone supérieure de l’oothèque, puis subissent une mue et acquièrent une morphologie — sauf les ailes — et un comportement semblables à ceux de

l’adulte ; elles capturent des pucerons et autres menus Insectes.

Les Mantes ont peu d’ennemis ;

l’un des plus curieux est un minuscule Hyménoptère, Mantibaria (= Rielia) manticida, dont la femelle reste fixée à la base des ailes de l’hôte jusqu’à la ponte ; elle introduit ses oeufs au milieu de ceux de la Mante, et ses larves se développent en parasites.

Les plus anciennes Mantes connues

ont été découvertes dans l’ambre de la Baltique (Oligocène) ; elles ressemblent déjà beaucoup aux Mantes

actuelles. Elles partagent avec les Blattes un certain nombre de caractères, souvent primitifs (pièces buccales broyeuses, tarses à cinq articles, nervation abondante et repliement

en éventail des ailes, oothèques), qui laissent penser à une origine commune aux deux groupes et justifient leur réunion dans le même ordre.

M. D.

Mantegna

(Andrea)

Peintre italien (Isola di Carturo, Padoue, 1431 - Mantoue 1506).

Pour la critique récente, la vision

de Mantegna se définit comme un tout univoque, avec une cohérence qui

se maintient du début à la fin de sa carrière.

Andrea Mantegna s’inscrit entre

1441 et 1445 à la compagnie des

peintres de Padoue, comme fils adoptif de Francesco Squarcione (1397-1468).

Sa position par rapport à Squarcione, curieux personnage, peintre médiocre, mais ouvert à beaucoup de choses (du culte de l’antique jusqu’à la broderie et à la couture), reste encore à définir. Squarcione avait ouvert à Padoue une école pour les jeunes gens voulant devenir peintres ; ceux qui étaient trop pauvres pour payer l’école étaient adoptés, et ce fut le cas de Mantegna en 1441. Celui-ci reste dans l’atelier de Squarcione jusqu’en 1448, année où, à la suite de nombreuses divergences avec son maître, il acquiert son indépendance.

Il trouve à Padoue une situation

culturelle favorable, qui lui permet de définir sa personnalité. Il recueille l’héritage laissé par les artistes florentins venus là, comme Filippo Lippi*, Andrea* del Castagno et Paolo Uc-cello*. Il interprétera leur conception classique de l’espace, modérant par cette leçon la vision expressionniste murie dans le cercle de Squarcione. En 1448, il reçoit la commande de la moitié de la chapelle Ovetari dans l’église des Eremitani à Padoue, l’autre moitié étant commandée aux peintres Antonio Vivarini et Giovanni d’Alemagna. La mort brusque de ce dernier et l’abandon d’Antonio Vivarini laisse les travaux de la chapelle (détruite en 1944) à l’entière responsabilité de Mantegna.

Dans les fresques des Histoires de saint Jacques et de saint Christophe (terminées v. 1454-55), l’artiste renoue de façon équilibrée avec la leçon de Donatello*, que les peintres travaillant dans l’orbite très étroite de Squarcione avaient dénaturée dans un sens d’exaspération. Le Martyre de saint Jacques montre, par exemple, la fusion entre des éléments intrinsèques à la culture de Padoue et l’évocation nouvelle d’un monde romantiquement classique.

Il faut noter l’importance du premier contact avec Piero* della Francesca, dès 1448, lors d’un court séjour à Fer-

rare. Par ailleurs, le peintre s’introduit dans la vivace société artistique de Venise en épousant Niccolosa, fille de Iacopo et soeur de Gentile Bellini*.

Après le Polyptyque de saint Luc

(1454, pinacothèque de Brera, Milan), le grand Retable de saint Zénon, exé-

cuté pour l’église de ce nom à Vérone entre 1457 et 1459, marque le dernier épisode de la période padouane. On y trouve la parfaite utilisation des solutions stylistiques déjà présentes dans les fresques de Padoue, tel le rapport nouveau créé avec le spectateur par la position di sotto in su des personnages du premier plan, innové avec tant de fougue dans la fresque de l’Assomption de la Vierge de la chapelle Ovetari, cependant que les saints des compartiments latéraux s’ordonnent avec une lucide volonté en fonction de la Vierge en majesté qui forme le centre perspec-tif de la composition. Les panneaux de la prédelle (musée du Louvre et musée de Tours) manifestent par la vivacité du coloris l’enseignement de Giovanni Bellini*, qui modifia dans un sens naturaliste le parcours mantegnesque.