Matériels de stockage
Ils comprennent les dispositifs nécessaires au rangement des objets et des produits. On leur ajoute parfois les appareils plus particulièrement adap-
tés aux manutentions en magasins. Les charges isolées sont stockées à même le sol, déposées sur des étagères ou rangées dans des casiers ou des armoires. Les produits en vrac sont vidés à même le sol, parfois en fosse ou encore ensilotés. Des bacs, ou réservoirs, s’imposent pour entreposer des fluides.
Deux catégories d’appareils ont été étudiées pour la manutention en magasins de charges isolées ; d’une part, certains modèles de gerbeurs ; d’autre part, les transtockers, ou transtockeurs.
Dans les deux cas, l’objectif poursuivi est de réduire la surface au sol inutilisée. Un transtocker se compose essentiellement d’un mât vertical, guidé à ses deux extrémités par des rails, et d’une cabine, ou plate-forme, munie de fourches orientables et coulissant le long du mât. La largeur des allées de circulation peut, ainsi, être réduite, et la hauteur de stockage notablement augmentée. Pour peu qu’on repère en outre chaque point desservi à l’aide d’un système de coordonnées, il devient possible, moyennant un dispositif d’approche convenable, de commander à distance les opérations, voire de les programmer entièrement et de faire fonctionner l’ensemble du magasin à partir d’un système d’ordinateurs.
Contraintes de
manutention
Toute manutention représente un service rendu, celui de franchir une étape ; elle se traduit aussi par des contraintes, ne serait-ce que les dépenses qu’elle engendre. En augmentant les moyens, on augmente généralement le service rendu, mais aussi les contraintes, et il n’est pas sûr que la différence entre le coût des services rendus et celui des contraintes, qui traduit l’efficacité, soit avantageuse. Par ailleurs, on peut envisager l’augmentation des services rendus de deux manières : soit par un fonctionnement plus intensif, soit à partir de possibilités supplémentaires. La notion de fatigue intervient dans la première éventualité ; d’où un plus large dimensionnement des appareils, imposé du reste par des normes, notamment pour des raisons de sécurité. Quant aux possibilités supplé-
mentaires, elles se résument en grande partie par l’adjonction d’accessoires et
par le recours à l’automatisation. L’adjonction d’accessoires a été largement utilisée, notamment sur les chariots à fourches. L’automatisation s’est, elle aussi, répandue sur une très grande échelle, les opérations se faisant soit suivant des modalités temporelles (programmes), soit suivant des modalités locatives (indexation des appareils en des points déterminés de leurs déplacements au moyen d’un signal ou d’une détection appropriés).
Quoi qu’il en soit, on n’a pas forcé-
ment besoin de services très poussés ; les manutentions manuelles subsiste-ront donc. D’autre part, une opération de manutention ne constitue, dans bien des cas, que l’un des maillons d’une chaîne. Or, l’optimisation d’un maillon n’est pas forcément bénéfique sur l’ensemble ; d’où la nécessité d’examiner le problème des manutentions dans leur totalité, et d’étudier les conséquences des ruptures de charge, toujours géné-
ratrices d’un supplément de dépenses, ainsi que les interactions existant entre les manutentions, les conditionnements et les transports. Le conditionnement d’une marchandise se répercute en
effet sur sa manipulation, alors que tout transport prend naissance et aboutit à une manutention.
A. O.
H. Ernst, Die Hebezeuge (Brunswich, 1950-1953, 3 vol., 6e éd., 1960 ; trad. fr. Appareils de levage, Gauthier-Villars, 1955-1961, 3 vol.). /
D. O. Haynes, Materials Handling Applications (Philadelphie, 1957 ; trad. fr. Matériels de manutention, Compagnie fr. d’éd., 1958).
/ M. Delfosse, Manuel de l’agent technique, t. II : les Implantations, les manutentions et les stocks (Éd. de l’Entreprise moderne, 1963). /
R. Leclere, les Stockages dans la production, la distribution et la vente (Compagnie générale d’éd., 1963). / M. Monne et A. Ogus, les Appareils de manutention. Principes et critères de choix (Entreprise moderne d’éd., 1969).
Manzoni
(Alessandro)
Poète, dramaturge et romancier italien (Milan 1785 - id. 1873).
Manzoni est l’écrivain classique par excellence de la « Nuova Italia ». Si
de son vivant ses odes et ses tragédies avaient fait de lui le chantre du Risorgimento*, à l’égal de Verdi, qui composa pour lui son Requiem, la lecture de son chef-d’oeuvre romanesque est indispensable à la compréhension de l’idéologie démocrate-chrétienne de l’Italie contemporaine, et on ne compte plus les personnages, les situations et les expressions des Promessi Sposi (les Fiancés) qui sont passés en proverbe dans la langue d’aujourd’hui.
Tout ne prédisposait pas Manzoni à la carrière de grand écrivain catholique qui fut la sienne. S’il passa son enfance et son adolescence dans des collèges religieux, c’est que ses parents s’étaient séparés quelques années à peine après sa naissance, et à cause de celle-ci : bien que reconnu par Pietro Manzoni, Alessandro était en fait le fils adulté-
rin de Giulia Beccaria (fille de Cesare Beccaria*, l’auteur du traité Dei delitti e delle pene) et de Carlo Verri (frère du célèbre économiste Pietro Verri).
Il supporta d’ailleurs de mauvais gré cette éducation, à en juger par l’inspiration démocratique et anticléricale de son premier poème, Il Trionfo della libertà (1800), non dépourvu cependant d’une certaine modération qui caractérisera toute son oeuvre. En 1805, à la mort du comte Carlo Imbonati, auprès duquel vivait désormais Giulia Beccaria, le jeune Manzoni
abandonne Milan, où il vivait chez son père légitime depuis 1801, pour aller à Paris rejoindre sa mère, dont il exalte la libre passion dans le chant In morte di Carlo Imbonati (1805-06), qui lui est dédié. À la mort de son père (1807), il revient à Milan, où il épouse selon le rite calviniste Enrichetta Blondel, d’origine suisse, qui lui donnera neuf enfants. Il revient bientôt vivre à Paris, fréquentant assidûment le milieu des idéologues, qu’il avait déjà célébré dans In morte di Carlo Imbonati et où le nom des Beccaria est tenu en haute estime. Mais, dès 1810, il obtient du pape Pie VII que son mariage soit ré-
gularisé selon le rite catholique, et son épouse Enrichetta abjure la foi calviniste au terme d’un cours d’instruction religieuse. La conversion de Manzoni est désormais acquise, et il ne cessera d’approfondir sa foi, non sans une constante oscillation entre « la vérité
et l’inquiétude ». Il revient s’installer à Milan, où le suit sa mère. Il ne reviendra à Paris qu’en 1819, pour un séjour de près d’un an.
La conversion de Manzoni marque
également un tournant décisif dans son oeuvre. Avant 1810, celle-ci témoigne de sa culture classique et néoclassique. Outre Il Trionfo della libertà et In morte di Carlo Imbonati, cités, il publie en 1803 Adda, idylle dédiée à Vincenzo Monti, mais déjà marquée par l’influence de Giuseppe Parini ; en 1804, les quatre Sermoni inspirés de G. Gozzi, de Parini et d’Horace, et en 1809 Urania, hommage néo-classique aux Muses et au « divin Alighieri ».
De 1812 à 1822, Manzoni aborde de
nouveaux genres : dans ses Inni sacri (1812-1815 : La Risurrezione, Il Nome di Maria, Il Natale, La Passione, auxquels feront suite les trois versions successives de La Pentecoste, 1817, 1819, 1822) ; dans les deux chansons politiques Aprile 1814 (1814), inspirée par la révolte milanaise contre l’administration napoléonienne, et Il Proclama di Rimini (1825), en hommage à Murat ; et dans sa tragédie Il Conte di Carmagnola (1816-1820) — dédiée à Claude Fauriel —, dont le choeur de l’acte II, « La Battaglia di Maclodio », est un des sommets lyriques de toute son oeuvre ; tandis que dans ses Osser-vazioni sulla morale cattolica (1818-19) il réfute les thèses anticatholiques contenues dans le chap. CXXVII de