avait été la compagne des moments les plus difficiles. Avec lui au Jiangxi, elle avait été une des rares femmes à faire la Longue Marche, au cours de laquelle un éclat d’obus l’avait blessée.
La guerre
sino-japonaise et la
victoire communiste
La guerre sino-japonaise (1937-1945) va permettre aux communistes de s’affirmer comme des prétendants au pouvoir en Chine. Contrairement à Jiang Jieshi, qui refuse le combat avec les Ja-downloadModeText.vue.download 560 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 12
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ponais et préfère préserver ses forces, les Rouges choisissent de lutter contre
l’envahisseur selon la tactique de la guerre civile mise au point au Jiangxi (Kiang-si). En prenant en charge la résistance patriotique, ils deviennent aux yeux du peuple les meilleurs garants de la nation chinoise. Le développement des territoires contrôlés par l’armée rouge prouve l’efficacité de leur méthode. Le travail effectué sur les arrières des armées japonaises n’est pas simplement militaire : les zones libérées reçoivent immédiatement une administration où sont appliquées des mesures propres à satisfaire la majorité des populations, principalement dans le domaine agraire, celui de l’éducation et de l’information.
À la fin de la guerre, la puis-
sance accrue du P. C. C. est mise
en évidence. Il comptait à peine
40 000 membres en 1937, il en com-
prend 1 200 000 en 1945. L’armée
rouge (910 000 hommes) contrôle une population de près de 100 millions de personnes. Mao Zedong lui-même sort personnellement grandi de l’épreuve.
Ses nouveaux écrits sur la guerre de résistance antijaponaise lui permettent d’affirmer de plus en plus son autorité au sein de son parti. C’est en effet à partir de son analyse que le P. C. C. est à même d’étendre son influence et de devenir plus qu’un simple interlocuteur pour le parti nationaliste. À l’intérieur même de l’organisation, Mao prend
le meilleur sur ses principaux rivaux, Zhang Guotao (Tchang Kouo-t’ao) et Chen Shaoyu (Tch’en Chao-yu) dit
Wang Ming (l’un des « vingt-huit bolcheviks »), qui avaient souhaité une ligne plus conciliatrice par rapport à Jiang Jieshi. Pour la tendance maoïste, il est clair que l’alliance avec le Guomindang ne doit pas altérer la liberté de manoeuvre du P. C. C., liberté sans laquelle le développement autonome de l’armée rouge ne serait pas possible.
Jiang Jieshi, conscient du danger, tente d’ailleurs en 1941 de freiner l’expansion communiste dans le bassin du
Yangzi (Yang-tseu). Le 4 janvier 1941, les troupes nationalistes attaquent un contingent de l’armée rouge et
l’écrasent en dix jours. L’alliance entre les deux partis n’est pas officiellement rompue, mais la collaboration devient tout à fait théorique.
À partir de 1941, le « Zheng Feng »
(« Tcheng Fong ») est lancé, c’est-à-
dire une « campagne de rectification »
à l’intérieur du parti, qui trouve son développement surtout en 1942. D’une part, Mao Zedong veut renforcer
l’unité du parti et élever le niveau de connaissance des nombreux nouveaux membres ; d’autre part, il insiste sur la nécessité pour le P. C. C. de « siniser »
le marxisme. Enfin, au VIIe Congrès (avr.-juin 1945), il est élu président du Comité central. Pour la première fois, la « pensée de Mao Zedong » doit servir à « guider tout le travail du parti », et Liu Shaoqui (Lieou Chao-k’i) dé-
clare alors que « Mao n’est pas seulement le plus grand révolutionnaire et le plus grand homme d’État de l’histoire chinoise, mais aussi le plus grand théoricien et homme de science ».
La reddition japonaise, après les
bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, surprend les nationalistes comme les communistes. Les uns et les autres essaient d’accaparer le plus de territoire possible. Les nationalistes, grâce à l’aide de l’aviation américaine, réussissent à se rendre maîtres des points stratégiques. Les communistes, quant à eux, continuent leur progression dans les campagnes, principalement en Mandchourie.
En août 1945, Mao se rend à Chon-
gqing (Tch’ong-k’ing), la capitale de guerre du Guomindang, pour rencontrer Jiang Jieshi et tenter de mettre au point un accord entre les deux parties. Bien qu’aucun des interlocuteurs ne veuille prendre la responsabilité d’ouvrir les hostilités, il se révèle au bout de deux mois qu’il n’existe aucun terrain d’entente. La deuxième guerre civile éclate à l’été 1946. Si les communistes ont plus que décuplé leurs forces depuis 1937, la puissance des armées nationalistes permet à Jiang Jieshi d’envisager une victoire rapide.
Comme à l’accoutumée, c’est sur-
tout sur le soutien des masses que Mao compte pour remporter la victoire.
La politique agraire des communistes prend un tour plus radical que pendant la guerre sino-japonaise. Mais elle reste très souple et adaptée aux situations locales. Il est instamment demandé à l’armée rouge de continuer
de se conformer aux règles appliquées depuis sa création, à savoir le respect des populations civiles, l’aide à leur apporter et un comportement individuel exemplaire. En se différenciant des armées chinoises traditionnelles, les communistes sont sûrs d’attirer à eux la sympathie du peuple.
En 1945, le rapport des forces entre les deux armées est de un à quatre. En 1947, il n’est plus que de un à deux.
En 1948, enfin, les forces communistes sont aussi fortes que celles du Guomindang. Le contrôle de la Mandchourie et de la Chine du Nord, la prise de Pékin en janvier 1949, la bataille de la Huai-hai (Houai-hai), qui voit opposer plus d’un million d’hommes et où les nationalistes perdent leurs dernières chances, laissent entrevoir une issue rapide au conflit. Ce renversement n’est pas seulement dû au travail effectué par les communistes. Les erreurs militaires de Jiang Jieshi, l’état permanent d’inflation, de gaspillage, de corruption du gouvernement de Nankin affaiblissent considérablement sa cré-
dibilité et le rendent chaque jour plus vulnérable.
Le 30 juin 1949, Mao publie l’un
de ses essais les plus importants : De la dictature démocratique populaire.
Il y définit les critères qui permettent de distinguer « le peuple » des réactionnaires et admet que les petitsbourgeois et la bourgeoisie nationale peuvent faire partie du premier dans la mesure où leur comportement est positif. Quant aux « ennemis du peuple », il faut les neutraliser.
En septembre 1949, alors que la
presque totalité des territoires chinois est passée aux mains des communistes, une conférence consultative réunie à Pékin approuve l’organisation d’un nouveau régime, fondé sur un gouvernement de coalition et présidé par Mao Zedong. Le 1er octobre 1949, devant la foule rassemblée place Tian’anmen (T’ien-Ngan-Men), celui-ci proclame l’avènement de la République populaire de Chine.
À cinquante-six ans, ce fils de paysan du Hunan (Hou-nan) accède à la plus haute responsabilité dans le pays
le plus peuplé du monde. Le révolutionnaire devient homme d’État. Cette tâche pourrait paraître insurmontable si l’on omettait le fait que Mao avait, depuis la période du Jiangxi (Kiang-si), appris à diriger un véritable gouvernement.
À la fin de 1949, la situation de la Chine est catastrophique. L’économie est profondément désorganisée ; les finances sont ruinées. Les dirigeants communistes sont cependant favorisés par plusieurs facteurs, le premier étant l’unité politique perdue depuis 1911