À dix-huit ans, il se marie. Un texte des psaumes avec leur traduction latine lui tombe par hasard entre les mains et il commence ainsi à apprendre le latin.
Il apprend aussi d’autres langues : français, russe, allemand. Ce seront ses premiers pas vers la Haskalah. La littérature française de son époque et sa propre inclination pour la poésie l’amenèrent vers 1830 à penser à un grand roman biblique. Vingt-trois ans s’écouleront avant que le roman, enfin mûr, soit édité.
En attendant, il enseigne dans des maisons privées et, en 1848, s’établit à Kovno comme instituteur. Mais il est déjà connu comme maskil, c’est-à-dire adepte des « lumières » pour qui la science est le seul moyen d’atteindre au bonheur. Cependant, à la différence d’autres maskilim, il ne collabore à aucun périodique. Toute son ardeur, toute son imagination sont vouées à son oeuvre romanesque.
Dans sa vie privée, il connaît peu de bonheur. Sa première femme est morte en 1844, lui laissant deux enfants.
Sa seconde femme disparaîtra aussi prématurément après lui avoir donné une fille. Son frère Mattathias l’aide matériellement. Il l’invite à Saint-Pé-
tersbourg, où il s’enthousiasme pour l’opéra de Meyerbeer le Prophète,
dont il chante tous les airs. Son frère l’invite ensuite à Paris. Mais il s’arrête malade à Königsberg et y meurt après une opération, le jour du Grand Pardon en 1867.
Mapou a été très influencé par la
Haskalah et ses idéaux. Mais, tan-
dis que les premiers maskilim étaient des intellectuels employant la satire et l’allégorie, Mapou se sert du conte populaire comme moyen de gagner le coeur du peuple. Il y a dans Mapou du rêveur, du romantique. La jeune géné-
ration russe aspirait vers la Haggadah et ne se contentait plus de littérature polémique.
Son instinct lui fait choisir non pas les héros de la Bible très connus, mais des événements qu’il sort de leur fixité pseudo-classique. À part des livres historiques tels que le Josippon, d’esprit épique, Yeven Metsoula (Marée profonde), etc., on n’avait guère écrit en prose ; les seules oeuvres littéraires étaient des poèmes, des drames, des ballades. Et les contes populaires se transmettaient oralement d’une génération à une autre.
C’est pour ces raisons que la parution à Vilna en 1853 de son roman Ahavat Sion (l’Amour de Sion) fut retentissante. L’action se passait au temps florissant du royaume de Juda sous le roi Ézéchias, et la patrie d’autrefois y renaissait dans toute sa splendeur.
Le modeste enseignant devient d’em-blée le créateur d’un grand mouvement parmi la jeunesse. Frappés par l’amour de Thamar et d’Amnon, des élèves du yeshivot désertent leurs études... Peretz Smolenskin (1840-1885) le compare
aux anciens prophètes et Yehudah Leib Gordon* l’admire sans réserve. Ahavat Sion est traduit en de nombreuses langues. On en dénombre plus de vingt éditions en hébreu.
Il est impossible d’imaginer le
mouvement « Hibbat Sion » sans l’influence de Ahavat Sion, qui est d’ailleurs encore de nos jours un livre de classe des écoles juives.
Mapou comprit que, après avoir puisé ainsi à pleines mains aux sources bibliques, un second récit de la même veine risquait de paraître fade. Il donna donc à son second roman un
cadre contemporain. Dans Aït tsavoua (Tartuffe), paru à Vilna (auj. Vilnious) [1857-1864], il brosse une large fresque de son époque, où s’affrontent les différents courants de la Haskalah.
Les événements sont imaginaires, mais les personnages, leurs coutumes et leur monde intérieur sont authentiques.
Certes, il glorifie la Haskalah, mais son héros, quelque peu aveuglé par ses idées, n’est pas un type parfaitement réussi, tandis que les gens du peuple sont campés avec beaucoup de réalisme et d’humour. Malgré tout, l’expérience n’est pas tout à fait concluante, et Mapou, qui en a conscience, dès avant de finir cette oeuvre, bâtit un second roman biblique, qui devait paraître à Vilna en 1865 : Ashmat Shomron (le Péché de Samarie). L’action se passe au temps des rois Achaz de Juda, Pékah et Osée d’Israël. Mapou transpose à cette époque les luttes de la Haskalah, décrivant, sur le mode épique, les luttes fratricides entre Juda et Éphraïm. La vie privée des héros se confond avec la tragédie nationale, étoffe éternelle de l’épopée.
De son quatrième roman, Hozeh
hezionot (le Rêveur), retraçant l’histoire de Sabbatai Zevi (1626-1676), il ne reste que des fragments. Mais Mapou ne fut pas qu’un romancier.
Pédagogue, il fut amené à écrire des manuels de grammaire hébraïque, originaux et intéressants. Il écrivit aussi en yiddish un manuel pour apprendre le français : Der Havsfranzose (1859).
Son influence fut immense dans la
littérature de la Haskalah. Issu lui-même de ce mouvement, il amorce déjà le tournant vers la littérature nationale, qui se développe parallèlement au
mouvement sioniste. Il est le premier à avoir soulevé chez ses lecteurs l’amour pour la terre ancestrale.
N. G.
F Hébraïque (littérature).
R. Brainine, Abraham Mapou, sa vie et ses
livres (en hébreu, Varsovie, 1900). / A. Ben-Or, Histoire de la littérature hébraïque moderne (en hébreu, Tel-Aviv, 1951). / J. Lichtenbaum, Notre littérature moderne (en hébreu, Tel-Aviv, 1963).
Maquereau
Poisson téléostéen marin de l’ordre des Perciformes, de grande importance économique et qui effectue des migrations locales le menant des eaux profondes du large vers les eaux côtières, plus chaudes.
Les Scombroïdes
Le Maquereau commun (Scomber
scombrus) peut être pris comme type de la famille des Scombridés, et comme archétype du sous-ordre des Scombroïdes, auquel appartiennent aussi les Thons*. Ce sont des Poissons chez lesquels tout concourt à l’acquisition d’une vitesse de nage élevée : forme hydrodynamique du corps, renforcement de la colonne vertébrale, allongement et échancrure de la caudale, effacement des nageoires paires et de la dorsale épineuse dans des dépressions cutanées, allongement de la tête en un rostre, réduction de taille des écailles, qui redeviennent cycloïdes et peuvent disparaître en tout ou en partie. Toutes ces modifications morphologiques sont liées à un mode de vie pélagique permanent, y compris au moment de la
reproduction.
Le Maquereau
Les Maquereaux ne possèdent pas tous ces caractéristiques hydrodynamiques.
Le corps est fuselé, mais reste légè-
rement comprimé latéralement, alors qu’il acquiert une forme de torpille chez les Thons. La seconde dorsale et l’anale, situées en regard, sont suivies de pinnules et assurent la stabilisation de la nage ; la caudale est fortement fourchue, mais n’a pas encore la forme en croissant des grands nageurs pélagiques ; les écailles sont petites ou absentes. Le rostre est court, la bouche large et munie de petites dents. Le Maquereau commun a une coloration ventrale claire, dorsale d’un bleu-vert marqué de bandes et de taches noires. Sa taille maximale ne dépasse guère une
cinquantaine de centimètres pour un poids de 1 500 g environ. Très proche du Maquereau commun, le Maquereau
espagnol (Scomber japonicus) s’en distingue par un nombre moindre d’épines dorsales et le dessin plus complexe de ses bandes dorsales noires. Tous deux habitent les eaux côtières atlantiques, de la Norvège au Maroc et du Labrador à la Floride. Il existe des espèces à ré-
partition géographique analogue, d’une part dans le Pacifique Nord, d’autre part dans la zone indo-australienne.
À l’inverse des Thons, les Maque-
reaux n’effectuent pas de grandes
migrations. Leurs déplacements sont analogues à ceux des Sardines* ; ils se contentent de suivre vers les côtes les eaux transgressives plus chaudes.
La reproduction a lieu en été, mais les oeufs pondus sont pélagiques, de même que les larves qui en éclosent. Les Maquereaux se nourrissent de Sardines et de Crustacés planctoniques. Pendant l’hiver, leurs migrations alimentaires les mènent dans des eaux plus profondes.