Espèces voisines
ou associées
Les mers chaudes abritent d’autres espèces de Scombridés, de plus grande taille et aux migrations plus étendues, comme le « Roi des Maquereaux »
(Scomberomorus cavalla) ou Acan-
thocybium solandri, présentes dans les mers tropicales du monde entier et qui peuvent atteindre 1,50 m et peser jusqu’à 50 kg. Ces gros Poissons vivent downloadModeText.vue.download 564 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 12
6861
en bancs qui pourchassent Harengs, Sardines, Seiches et Poissons volants.
On range au voisinage des Maque-
reaux et des Thons trois familles de Poissons des mers chaudes et tempé-
rées qui atteignent des tailles record.
Les Istiophoridés, ou Voiliers, au rostre allongé, à la première dorsale de grande taille, se nourrissent de Maquereaux. L’espèce du Pacifique, Istiophorus orientalis, atteint 3 m et
pèse jusqu’à 100 kg. Elle donne lieu à une pêche sportive spectaculaire.
Les Makairidés, ou Marlins, dépourvus de pelviennes, atteignent 4 à 5 m de long. Les Xiphiidés, ou Espadons, ont le rostre aplati dorso-ventralement.
Ils mesurent jusqu’à 5 m (dont le tiers pour le rostre) et pèsent plus de 400 kg.
Leur chair est appréciée, mais leur pêche est dangereuse, car leurs coups de rostre peuvent mettre en pièces les embarcations légères.
On rapproche souvent des Maque-
reaux les Saurels, ou Chinchards
(famille des Carangidés). Ils en diffèrent d’un point de vue systématique (ils appartiennent au sous-ordre des Percoïdes) [v. Perche], mais s’en rapprochent par leur biologie, notamment en ce qui concerne la vie pélagique et les migrations. On associe souvent ces deux familles dans les statistiques des pêches.
R. B.
L. Bertin et C. Arambourg, « Systématique des Poissons », dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1958).
Marat (Jean-Paul)
Homme politique français (Boudry,
canton de Neuchâtel, 1743 - Paris
1793).
À plusieurs reprises pendant sa jeunesse, Marat a vainement cherché à se faire naturaliser anglais, espagnol ou prussien, avant de se donner définitivement le titre de citoyen français.
Le futur révolutionnaire est, en effet, un apatride. Son père, Sarde d’origine espagnole et dont le vrai nom s’écrivait Mara (le « t » sera ajouté plus tard), avait émigré à Boudry, canton de Neuchâtel, et s’y était marié.
Après de bonnes études à Neuchâ-
tel, l’adolescent gagne vers 1760 Bordeaux, où il devient précepteur des enfants d’un riche armateur. Deux ans plus tard, on le retrouve à Paris, où il entreprend des études de médecin vété-
rinaire. Il s’instruit, lit beaucoup, en particulier Montesquieu et le « sublime Rousseau ». Passé en Grande-Bre-
tagne (1765), il continue ses travaux à Londres, puis à Newcastle. Il visite les prisons, les asiles, les bouges des grandes villes et s’initie également dans les clubs à la politique. En divers écrits, notamment An Essay on the
Human Soul (1772), qui deviendra A Philosophical Essay on Man (1773), et surtout The Chains of Slavery (1774), il développe ses idées sur les malheurs des pauvres, l’insolence des riches, le despotisme de l’État et de la religion ; il préconise la limitation des biens privés et proclame le droit à la révolte.
Marx estimera ces traités.
Le docteur Marat
Après des séjours en Écosse (où il acquiert en 1775 un diplôme de docteur en médecine à l’université de Saint Andrews) et dans les Provinces-Unies, le voyageur regagne Paris. Le « docteur Marat » passe alors pour un célèbre praticien anglais. Sa renommée grandit. Grâce à l’appui d’une certaine marquise de Laubespine, qu’il a soignée et guérie, il devient médecin des gardes du corps du comte d’Artois (1777) : bien payé, bien vêtu, il est logé dans un bel hôtel de la rue de Bourgogne. Il s’intéresse toujours à tout ce qui touche les sciences, plus spécialement l’électricité et le magnétisme.
En 1778, un concours est ouvert par les bourgeois de Berne pour le « meilleur plan de législation criminelle »
soumis à leur appréciation. Marat envoie un essai où il expose ses thèses : plutôt que la punition des coupables, il réclame la réforme d’une société injuste, la répartition des richesses, le droit pour les opprimés de châtier les oppresseurs. Le jury bernois n’appré-
ciera évidemment pas ce texte subversif... En 1783, Marat est prié d’abandonner ses fonctions auprès du comte d’Artois. Il mène alors une vie difficile, et tombe malade. Continuant pourtant ses travaux, il étudie le rôle de l’électricité comme traitement thérapeutique.
À l’avant-garde
de la Révolution
Mais la Révolution gronde. Le polé-
miste rédige plusieurs brochures : une Offrande à la patrie ou Discours au tiers état de France, et surtout un
Projet de Déclaration des droits de l’homme et du citoyen où il encourage de nouveau les miséreux à la révolte.
Pendant l’été 1789, il fonde un journal : le Publiciste parisien, qui prend bientôt le titre significatif d’Ami du peuple (16 sept.) ; grâce à cette feuille, il va enfin pouvoir démasquer « les fri-pons, les prévaricateurs, les traîtres ».
Il attaque certains membres de la
Commune de Paris et de l’Assemblée constituante. Ses diatribes les plus acerbes visent Necker, qu’il accuse de vouloir volontairement affamer le peuple. Assigné devant un tribunal, le pamphlétaire doit fuir pour échapper aux poursuites.
Il mène alors une vie de proscrit, se cache dans des caves, puis passe encore en Grande-Bretagne (janv.-mai 1790). Rentré à Paris, il prend à partie Mirabeau, Bailly, La Fayette. Un de ses libelles les plus virulents date de juillet 1790. Il réclame l’arrestation de la famille royale et des ministres, et manifeste son regret de ce qu’on ait supprimé si peu de mauvais citoyens :
« Cinq à six cents têtes abattues vous auraient assuré repos, liberté et bonheur. Une fausse humanité a retenu vos bras, elle va coûter la vie à des millions de vos frères. » Quelques mois plus tard, il engage ses amis à se promener la torche à la main, à couper les pouces des « jadis nobles », à « fendre la langue des calotins ». Ces exagérations sont voulues : ce défenseur des droits du peuple considère qu’il faut à tout prix éveiller les passions populaires, mais il s’indignera toujours quand on l’accusera de férocité, lui qui ne peut pas « faire souffrir un insecte ».
Lors de la fuite de Varennes, Marat se déchaîne : il traite le roi d’imbé-
cile, de parjure. Après la fusillade du Champ-de-Mars (17 juill. 1791), il prend le parti des républicains et voit sa feuille suspendue : de nouveau, il se réfugie à Londres. Il promet le mariage à l’humble Simone Evrard (1764-1824), qui le soigne avec ferveur. Malgré son teint bistre, ses yeux obliques, son nez écrasé et sa bouche grima-
çante, l’« ami du peuple » sait provoquer le dévouement (il n’épousera pas Mlle Evrard, mais elle sera pour tous, après l’assassinat du pamphlétaire, la
« veuve Marat »).
Revenu à Paris, ce démocrate pas-
sionné pousse de toutes ses forces à la chute de la monarchie. Son influence ne cesse de grandir dans les sections et aux Cordeliers. Après la prise des Tuileries, il est nommé membre du
Comité de surveillance de la Com-
mune (2 sept. 1792) : il invite alors les patriotes à poursuivre leur action salvatrice et à venger les victimes du 10-Août. « Debout, debout ! Et que le sang des traîtres commence à couler ! » S’il n’a pas de responsabilité directe dans les massacres de Septembre (P. Caron, dans ses travaux, l’innocente même), ses furieuses diatribes semblent bien avoir contribué à créer le climat de haine dans lequel baigne la capitale.