Homme de tête et d’action capable à la fois de concevoir un programme et de le réaliser en obtenant l’appui des foules que son talent oratoire domine et maîtrise, Étienne Marcel n’aurait sans doute pas pris conscience de sa vocation de réformateur sans les événements de 1346-1350, qui l’ont amené à réfléchir à la nécessité de réformer un système de gouvernement qui ne
fonctionne qu’au profit d’une fraction, réduite mais bien en cour, de la grande bourgeoisie parisienne. Dépouillée de ses offices, mise dans l’impossibilité de continuer ses fructueux trafics, celle-ci downloadModeText.vue.download 568 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 12
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sanctionne finalement par la mort la trahison de l’un de ses fils, dont la carrière prestigieuse doit beaucoup à l’accident, à l’ambition et à l’intelligence.
P. T.
F Charles V / États généraux / Paris / Valois.
T. F. Perrens, Étienne Marcel, prévôt des marchands, 1354-1358 (Impr. nat., 1875).
/ J. d’Avout, le Meurtre d’Étienne Marcel.
31 juillet 1358 (Gallimard, 1960). / R. Pernoud,
Histoire de la bourgeoisie en France, t. I : Des origines aux Temps modernes (Éd. du Seuil, 1960). / R. Cazelles, « Étienne Marcel au sein de la haute bourgeoisie des affaires », dans Journal des savants (Klincksieck, 1965). / M. Mollat et P. Wolff, Ongles bleus, Jacques et Ciompi, les révolutions populaires en Europe aux XIVe-XVe siècles (Calmann-Lévy, 1970). / J. Cas-telneau, Étienne Marcel, un révolutionnaire du XIVe siècle (Perrin, 1973).
Marchand (Jean-
Baptiste)
Général français (Thoissey 1863 -
Paris 1934).
Né dans une famille très modeste,
il s’engage à vingt ans au 4e régiment d’infanterie de marine de Toulon, entre à Saint-Maixent, d’où il sort sous-lieutenant au même régiment. Sa carrière débute au Soudan, où il prend part, de 1888 à 1892, à de nombreuses expéditions topographiques et militaires. En 1889, il est blessé à l’attaque de Koun-dian ; en 1890, il explore la région de Ségou, dresse la carte du Beledougou et, aux ordres d’Archinard, participe à la lutte contre Samory Touré. Au moment où il rentre en France (1892), ses exploits l’ont mis au premier rang de la phalange des « Soudanais »,
qui rivalise alors d’audace avec celle des « Tonkinois ». Nommé capitaine, Marchand repart bientôt pour la Côte-d’Ivoire (1893), où il s’empare de Tias-salé, puis explore tout l’arrière-pays pour découvrir la voie de communication la plus facile entre le Soudan et la mer, et couvre la retraite de la colonne Monteil (du nom de son chef Parfait Louis Monteil [1855-1925]) après
son échec devant Kong. À son retour en France, il peut publier en 1895 une carte du Transnigérien, qui accroît encore sa notoriété, et est fait officier de la Légion d’honneur. C’est alors qu’il est chargé de la mission Congo-Nil, qui doit permettre d’établir une liaison entre la possession française de l’Ou-bangui et le Sud égyptien.
Ayant formé son équipe de com-
mandement avec les capitaines Au-
guste Germain (1865-1906) et Albert Baratier (1864-1917), les lieutenants Étienne Largeau (1866-1916) et Mangin* (qui commande l’escorte formée
d’une compagnie de tirailleurs bamba-ras) et le docteur Jules Emily (1866-1944), Marchand débarque à Loango
en 1896 et réunit ses moyens à Bangui en avril 1897. Après avoir traversé au prix d’immenses difficultés les maré-
cages du Bahr el-Ghazal, Marchand, combinant habilement les transports par porteurs et par pirogues, rassurant les tribus sur son passage, parvient dans le bassin du Nil. Il a réussi à emmener avec lui un petit vapeur, le Faidherbe, qu’il fait démonter et porter sur piste pendant plus de 80 km. Mangin ayant installé chez les Djingués l’ultime base de départ à Fort-Desaix, Marchand peut entamer en juin 1898 sa marche sur Fachoda, qu’il occupe sans tirer un coup de feu le 10 juillet après un parcours de 4 500 km.
Installé à Fachoda, il signe des
traités de protectorat avec les sultans des Chillouks et des Djinkas, qui consacrent l’avancée de la France dans le Soudan égyptien. Le 28 août, le Faidherbe rejoignait Marchand avec le ravitaillement... C’est alors que le général britannique Kitchener, venu d’Égypte et remontant le Nil, parvient, lui aussi, à Fachoda, le 18 septembre, et somme Marchand d’évacuer le
poste. Celui-ci refusant, les deux « adversaires » décident de porter l’affaire devant leurs gouvernements.
Ainsi naît l’affaire de Fachoda,
qui, à Paris comme à Londres, pro-
voque une émotion considérable.
Mais à Paris, Delcassé*, qui recherche l’alliance britannique, tient à apaiser le conflit, et Marchand reçoit l’ordre
— qu’il exécute le 11 décembre 1898
— d’évacuer Fachoda, remis aux Britanniques. Sa mission fut rapatriée par Djibouti, rapportant une moisson de remarquables renseignements sur toute la région comprise entre le Congo et la mer Rouge. À son retour en France, en mai 1899, Marchand jouit d’une
immense popularité. Nommé chef
d’état-major de l’expédition de Chine en 1900, promu colonel en 1902, il commande le 4e colonial à Toulon et quitte l’armée en 1904.
Après une année malheureuse
de carrière politique (il se présente comme député et est battu aux élections de 1906), Marchand se consacre
à des études scientifiques et demeure dans l’obscurité. Rappelé à l’activité en 1914, il se distingue à la tête d’une brigade, puis d’une division, en Argonne, en Champagne, sur la Somme et à Verdun. En 1920, il quitte définitivement l’armée comme divisionnaire. Il vivra dès lors dans la retraite et ne laissera aucun récit de ses exploits, dont on retrouve le souvenir dans les écrits de ses compagnons Baratier, Emily et Mangin.
A. P. V.
J. Delebecque, Vie du général Marchand (Hachette, 1936). / A. E. A. Baratier, Souvenirs de la mission Marchand : Fachoda (Grasset, 1942). / P. Croidys, Marchand, le héros de Fachoda (Éd. des loisirs, 1943). / M. Michel, la Mission Marchand, 1895-1899 (Mouton, 1973).
Marche
F LIMOUSIN.
marché
Communauté d’individus susceptibles d’acquérir tel produit ou service ; point de conjonction entre une offre et une demande.
GÉNÉRALITÉS
Évolution
À l’origine, le marché fut d’abord un lieu de vente, un bâtiment ou une surface où s’effectuaient les échanges, à des heures et des jours donnés. Actuellement, le marché d’une entreprise est représenté par les personnes physiques ou morales susceptibles de lui acheter ses produits ; celles-ci peuvent être dispersées dans l’espace et elles évoluent dans le temps sous l’influence de l’économie générale, des concurrents, des produits de substitution et des propositions de l’entreprise elle-même.
Les marchés se sont à la fois étendus en dimensions (de nombreuses socié-
tés diffusent leurs produits à l’échelon national ou international), spécifiés et segmentés. À l’intérieur de marchés aux horizons élargis, on cherche à définir avec une finesse croissante des segments auxquels conviendront des produits appropriés. On pourra chercher à
définir par exemple quel est le segment de marché délimité par les amateurs de coupés automobiles consentant à dépenser jusqu’à 35 000 F pour leur nouvelle voiture.
Le problème pour le fabricant est
de choisir parmi différents produits possibles quels sont ceux qui correspondent le mieux aux segments dans lesquels il a décidé d’avoir sa place. Il peut soit lancer de nouveaux produits restant dans la ligne de ses fabrications traditionnelles ou au contraire se diversifier pour couvrir plus de besoins de la clientèle qu’il a choisie ou encore pour couvrir les besoins d’une clientèle nouvelle.
Composition