Ces caractéristiques de marché pré-
occupent beaucoup les producteurs
agricoles. Certains tentent d’échapper à l’emprise des marchés agricoles par des ventes directes aux consommateurs (le long des routes par exemple). Bien que ces ventes aient pris un assez grand développement depuis 1960, elles ne représentent cependant qu’une part assez faible de la commercialisation des produits agricoles.
C’est par d’autres formules que les producteurs essaient d’améliorer leur situation. Dans le cadre local, on peut observer de nombreuses transactions directes entre producteurs et détaillants, que les producteurs apportent leurs légumes en ville ou que les détaillants les ramassent
eux-mêmes dans la campagne. Dans le cadre régional — c’est-à-dire dans un rayon de 200 km —, ce sont des achats directs des grossistes ou demi-grossistes à la production. Dans ces cas, le négociant cherche à s’attacher quelques producteurs importants, individuels ou coopératifs, et ne continuent à s’approvisionner sur le marché que pour les besoins complémentaires. Enfin, dans un cadre de relations interrégionales — au-delà de 200 km —, les ventes se réalisent parfois en dehors de tout marché, par des transactions entre expéditeurs, négociants et destinataires, grossistes ou supermarchés.
L’INTERVENTION DES POUVOIRS
PUBLICS
Toutes ces formules ne sont pas toujours favorables aux agriculteurs. Aussi, au cours des années 1960, les pouvoirs publics en France se sont efforcés de favoriser la mise en oeuvre de systèmes d’organisation des marchés agricoles, sans toutefois perdre de vue les exigences (approvisionnement de masse, homogénéisation des produits destinés aux consommateurs) posées par les industries de transformation (industries agricoles et alimentaires) et par les organismes de distribution (notamment supermarchés). L’expérience de ces dernières années montre que cette organisation s’est opérée dans deux directions diffé-
rentes : concentration de l’offre à travers la constitution de groupements de producteurs agricoles et coordination de l’offre à travers l’intégration*.
Enfin, pour protéger les agriculteurs contre les conséquences au niveau des revenus d’un effondrement des prix agricoles provoqué par l’encombrement des marchés, les pouvoirs publics ont dû intervenir par l’intermédiaire d’un Fonds d’orientation et de régularisation des mar-downloadModeText.vue.download 573 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 12
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chés agricoles et, à l’échelle du Marché commun européen, par l’intermédiaire du Fonds européen d’orientation et de garantie agricole.
G. R.
M. Legouis, Entreprises commerciales des agriculteurs (Cujas, 1967). / Les Groupements de producteurs et l’organisation des marchés (A. Colin, 1969). / P. Lelong, les Marchés agricoles (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1970).
Marché commun
F EUROPE.
Marches (les)
En ital. MARCHE, région de l’Italie pé-
ninsulaire formée des provinces d’An-cône, Ascoli Piceno, Macerata, Pesaro e Urbino ; 9 692 km 2 ; 1 369 000 hab.
Sur la côte adriatique, les Marches font partie de cette « Italie moyenne » à mi-chemin entre le « triangle industriel du Nord » et le « Mezzogiorno ». C’est une région sans unité.
Le cadre physique est très varié. À
l’ouest, sur 36 p. 100 de la superficie, s’étendent les montagnes de l’Apennin, qui s’élèvent vers le sud (mont Vettore, 2 478 m) et enferment de grandes dé-
pressions. Puis vient un vaste secteur de collines qui couvre 53 p. 100 de la superficie. Un matériel argilo-sableux du Miocène et du Pliocène a été dé-
coupé en une multitude de collines par les courtes rivières perpendiculaires à la côte. Les plaines sont presque absentes (11 p. 100 de la superficie), formant une étroite bande bordant une côte régulière basse. Le climat est soumis à diverses influences : l’influence méditerranéenne est balancée par
une influence continentale, et surtout les nuances s’ordonnent par rapport aux zones d’altitude. Cela se marque dans la végétation, où se rencontrent des espèces méditerranéennes et
montagnardes.
Sur le plan humain, deux traits caractérisent les Marches. Tout d’abord, les conditions démographiques sont très moyennes. L’accroissement est lent. Le taux de natalité (14,1 p. 1 000) est inférieur à la moyenne nationale, alors que la mortalité est comparable (9,4 p. 1 000). C’est une population vieillie, caractère en partie lié à de forts mouvements migratoires de la part des personnes jeunes, qui partent vers le Latium et l’Émilie. Cette popu-
lation est, fait rare en Italie, dispersée dans les campagnes. Mais un notable exode rural concentre de plus en plus les habitants dans les villes. Un deuxième trait caractéristique des Marches est l’absence d’une vraie capitale régionale. Dans trois provinces, il n’y a pas un centre l’emportant nettement. Ascoli Piceno (55 000 hab.) rivalise avec Fermo (34 000 hab.), Macerata (48 000 hab.) avec Civita-nova Marche (33 000 hab.), Pesaro
(84 000 hab.) avec Fano (48 000 hab.) et Urbino (16 000 hab.). Seule Ancône (110 000 hab.) s’impose dans sa province et vise à jouer le rôle de capitale régionale.
L’économie est modeste. Le pro-
duit brut par personne est inférieur à la moyenne nationale (indice 72,9 pour la région contre 100). Cette économie est caractérisée par le maintien de l’importance de l’agriculture et de la pêche (30 p. 100 de la population active), la modestie des industries (38 p. 100) et le développement des activités tertiaires (32 p. 100) grâce au tourisme.
L’intérieur est marqué par un affaissement économique général. La mon-
tagne offre peu de possibilités hydro-
électriques ou minérales. La vie rurale se spécialise dans l’élevage pour la viande. Quelques centres subsistent grâce à une adaptation à la vie moderne.
C’est surtout le cas de Fabriano, ville réputée pour ses fabrications de papier de qualité dès le XIIIe s., mais qui passe aujourd’hui à celles d’appareils électroménagers. Dans les collines, l’agriculture reste prédominante. Son fondement est la culture des céréales (blé et maïs), des fourrages et de la pomme de terre. La betterave à sucre s’étend, ainsi que les cultures maraîchères dans les fonds de vallée. Vigne et oliviers sont cultivés le plus souvent dans le cadre de la coltura promiscua. Les villes ont une fonction commerciale. À
l’industrie textile déjà ancienne (soierie à Iesi) s’ajoutent des sucreries et des constructions de matériel agricole à Iesi, l’industrie de la chaussure dans la province d’Ascoli Piceno, celle de la confection et du meuble dans la province de Pesaro e Urbino. Urbino est un grand centre universitaire.
L’essentiel de l’activité se concentre
désormais sur la côte (174 km).
L’agriculture y est riche, car elle est consacrée à des cultures maraîchères (choux-fleurs, tomates, fenouils, etc.).
La pêche représente 7 p. 100 des prises italiennes avec les ports d’Ancône et de San Benedetto del Tronto. Le tourisme balnéaire est en plein essor, surtout dans le nord, rattaché à l’influence de Rimini. C’est là aussi, autour
d’Ancône, que se trouve l’industrie.
Les fabriques d’accordéons à Castel-fidardo, celles de chapelets à Loreto sont anciennes. Puis sont venues les constructions navales d’Ancône, la raffinerie de Falconara Marittima, les usines d’engrais de Montemarciano, celles de meubles, de confection, de produits pharmaceutiques à Ancône.