Lorraine
F NAPOLÉON IER.
Pénitente (Ier s.).
Les hagiographes et les exégètes
contemporains ont éclairci un des points les plus obscurs de l’histoire du culte des saints, celui de sainte Marie-Madeleine.
Il y a d’abord la confusion très ancienne de trois personnages de l’Évangile, qui sont cependant bien distincts dans les textes scripturaires et dont la tradition chrétienne a fait une seule personne, Marie-Madeleine, pécheresse repentie. En réalité il s’agit d’une sainte femme de la suite de Jésus, Marie de Magdala (une ville située sur la rive du lac de Tibériade), dont on a fait Marie-Madeleine et dont rien ne laisse supposer qu’elle eut des moeurs relâchées. On la voit assister à la mise au tombeau du Christ, et c’est à elle que Jésus apparaît après sa mort sous l’aspect d’un jardinier.
Le second personnage est une pécheresse : saint Luc, sans nous donner son nom, rapporte qu’au cours du repas que
fit Jésus chez Simon le Pharisien celle-ci, « se plaçant alors tout en pleurs à ses pieds, se mit à les lui arroser de ses larmes puis à les essuyer avec ses cheveux, les couvrant de baisers, les oignant de parfum ». Jésus loua son action et lui remit ses péchés.
La troisième femme, enfin, est
Marie de Béthanie, la soeur de Marthe et de Lazare ; le seul trait commun avec la précédente réside en ce qu’elle parfuma le Seigneur la veille des Rameaux, mais c’était là une coutume juive très répandue et nullement originale. Très tôt, les Pères de l’Église et la liturgie de la messe de sainte Marie-Madeleine ont confondu les trois femmes en une seule. C’est le pape saint Grégoire* le Grand qui commit cette erreur et qui imposa cette tradition à tout l’Occident. Saint Thomas d’Aquin, toutefois, distingua bien les différentes personnes, mais les pré-
dicateurs, adeptes de l’unité, répan-dirent leur croyance, qui triompha facilement de la croyance opposée, qui n’était partagée que par quelques moines érudits.
En Orient, la Madeleine jouit très tôt d’un véritable culte, les Byzantins croyant que son tombeau se trouvait à Éphèse ; c’était le but d’un pèlerinage très fréquenté ; plus tard, en 887, l’empereur Léon VI le Philosophe fit venir ses reliques à Constantinople dans un monastère qu’il avait fondé.
Les origines de son culte en Occident sont mal connues ; on n’en trouve aucune trace durant le haut Moyen Âge. Au Xe s., on voyait dans la Madeleine une pécheresse repentie. Au XIe s., l’abbaye de Vézelay, fondée jadis par Girard de Roussillon, avait été réformée par les moines de Cluny ; dès 1050, sainte Marie-Madeleine était la patronne de l’abbaye, et l’on a des témoignages de la présence de ses reliques à Vézelay dès cette époque.
Le pèlerinage qui se développa alors procura à l’abbaye une grande richesse.
Pour défendre leurs prérogatives et leurs revenus face aux prétentions des pouvoirs ecclésiastiques et surtout de l’évêque d’Autun, les moines de Vézelay inventèrent l’histoire des reliques de la Madeleine, gage de leur
prospérité et fondement moral de leur indépendance.
On distingue quatre versions suc-
cessives de cette histoire. Pour résumer, sachons seulement que Girard de Roussillon, le fondateur du monastère, ayant appris que le corps de Marie-Madeleine était enterré près d’Aix, aidé par l’abbé de Cluny saint Odon, envoya le moine Badilon chercher les reliques en Provence. C’est grâce aux innombrables pèlerins de la Madeleine que l’abbaye de Vézelay fut rebâtie au XIIe s. dans l’état magnifique où elle est demeurée jusqu’à nos jours.
Les papes Étienne IX (1057-58) et Pascal II (1099-1118) accordèrent des privilèges à la basilique et soutinrent les moines contre les évêques d’Autun. Saint Bernard* y prêcha en 1146
la deuxième croisade. En 1267, Saint Louis* s’y rendit en pèlerinage. Mais, dès le XIVe s., Vézelay fut éclipsée au profit des pèlerinages provençaux.
En effet, selon la légende accrédi-tée par les moines, la Madeleine avait débarqué et vécu en Provence avant d’y être enterrée. Aussi, les Proven-
çaux, à leur tour, vénérèrent plusieurs lieux sanctifiés par la sainte.
On distingue trois pèlerinages provençaux en son honneur. Au début du XIIIe s., on localisa à la Sainte-Baume la grotte où Marie-Madeleine aurait mené sa vie de pénitence. Joinville rapporte qu’en 1254 Saint Louis, en passant à Aix-en-Provence, s’y rendit en pèlerinage.
Le pèlerinage de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, où le corps de la Madeleine aurait été enterré, est encore plus célèbre et, à partir du XIVe s., il surpassa Vézelay. Ce sanctuaire reçut la visite des papes d’Avignon, et, en 1332, année faste, on put y voir cinq rois en même temps : Philippe VI de France, Alphonse IV d’Aragon, Hugues IV de Chypre, Robert Ier de Sicile et le roi de Bohême Jean de Luxembourg.
Le dernier est celui des Saintes-
Marie-de-la-Mer, en Camargue. Ce
n’était, au XIIe s., qu’un sanctuaire dédié à sainte Marie de la Mer, mais,
au XIVe s., on voulut y voir l’endroit où Marie-Madeleine et deux autres Marie, Marie Jacobé et Marie Salomé, auraient accosté en Provence. On crut que les corps de Marie Jacobé et de Marie Salomé y étaient enterrés avec celui de leur servante, Sara. C’est pour vénérer le tombeau de cette dernière que, chaque année, les Bohémiens y viennent en pèlerinage.
Sainte Marie-Madeleine est la pa-
tronne des parfumeurs, des gantiers, des mégissiers, des gainiers et, bien sûr, des filles repenties. Sa fête, qui se célèbre le 22 juillet, ne fut acceptée dans la liturgie romaine qu’au XIIIe s.
P. P. et P. R.
R. L. Bruckberger, Marie-Madeleine (la Jeune Parque, 1952). / V. Saxer, le Culte de Marie-Madeleine en Occident, des origines à la fin du Moyen Âge (Clavreuil, 1959 ; 2 vol.).
Marie de Médicis
(Florence 1573 - Cologne 1642), reine de France (1600-1642).
Fille du grand-duc de Toscane Fran-
çois II, et de l’archiduchesse Jeanne d’Autriche, elle naquit à Florence le 26 avril 1573. Elle fut élevée par sa tante Élisabeth de Lorraine, épouse du grand-duc Ferdinand Ier. Son mariage avec Henri IV* fut négocié par le pape Clément VIII et fut célébré d’abord par procuration à Florence le 5 octobre 1600. Voyageant avec la plus grande pompe et une suite nombreuse d’Italiens, Marie de Médicis débarqua en Provence, rencontra le roi à Lyon, et le mariage fut de nouveau célébré le 17 décembre 1600.
Quelques mois après, Henri IV, lassé de sa nouvelle épouse, revint à sa maî-
tresse du moment, Henriette d’Entra-gues, marquise de Verneuil, mais la naissance d’un dauphin en septembre 1601, le futur Louis XIII*, assura à Marie une solide position à la Cour.
Elle devait avoir encore trois filles (Élisabeth, qui épousa Philippe IV d’Espagne ; Marie-Christine, future épouse de Victor-Amédée Ier de Savoie ; Henriette, qui devait devenir la femme de Charles Ier d’Angleterre) et deux fils
(Philippe et Gaston d’Orléans).
Grasse et blonde, beauté plus flamande qu’italienne, ainsi est-elle peinte par Rubens dans la célèbre série de la galerie du Louvre qui retrace sa vie. Orgueilleuse, colérique, jalouse de sa puissance, paresseuse et dissimulée, protégeant les arts par tradition de famille (elle soutint Philippe de Champaigne, Rubens et Malherbe, fit bâtir le Luxembourg et tracer le Cours-la-Reine), sans piété profonde et d’intelligence bornée, elle devait être le jouet des favoris qui surent la flatter. Ses défauts allaient se révéler catastrophiques, lorsque le couteau de Ravaillac fit de la Florentine une ré-
gente de France.
Lorsqu’il fut frappé, Henri IV pré-
parait une expédition en Allemagne et avait décidé de nommer son épouse régente (20 mars 1610) ; pour confirmer son autorité, il l’avait fait couronner à Saint-Denis la veille de l’attentat (13 mai 1610). Le soir même de l’assassinat, le parlement, à l’instigation du duc d’Épernon, confiait à Marie downloadModeText.vue.download 20 sur 575