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(flux de sud-ouest). Cela est dû à l’effet dynamique de la rotation terrestre autour de son axe. Mais il faut ajouter aussi l’existence et la position de la dépression continentale, aspiratrice du flux, située dans l’hémisphère d’été. À

la latitude des Guyanes et des Petites Antilles méridionales, le flux austral se déplace sans avoir subi de déviation vers la droite. Il n’est pas possible de parler vraiment là de mousson, parce que le débordement est d’ampleur limitée et aussi parce que l’un des facteurs essentiels de la mousson chaude n’est pas réalisé : présence d’une dépression thermique (sur un continent étalé aux latitudes subtropicales et tempérées) placée de telle sorte qu’elle aspirerait le flux profondément vers le pôle et imposerait la déviation vers la droite (référence faite à l’hémisphère Nord).

Aux Antilles, en lieu et place du continent et de sa dépression thermique as-

piratrice, il y a l’océan Atlantique Nord subtropical.

On peut alors se demander s’il n’est pas souhaitable de ne retenir, pour désigner la mousson, que la seule manifestation d’un flux passant l’équateur et se dirigeant vers un continent surchauffé, d’autant que le flux antagoniste d’hiver exprime des dispositions hétérogènes (alizé, coulée polaire) et que seule la mousson d’été impose les effets pluviométriques spécifiques d’un grand type de perturbation azonale. Une telle position, cependant, ne saurait dispenser de l’exigence de l’alternance saisonnière des flux et, par conséquent, éviter l’analyse des flux d’hiver issus des continents.

y La mousson combine processus

thermiques et dynamiques.

Les uns et les autres apparaissent en hiver comme en été. Les processus thermiques tout d’abord. En été, un effet majeur revient, dans l’aspiration des flux océaniques, aux dépressions thermiques. Les basses pressions pelliculaires de l’ensemble saharo-arabique, celles du nord-ouest du sous-continent indien et celles de l’Asie centrale expliquent l’arrivée de la mousson chaude et humide sur l’Afrique occidentale, l’Inde, le monde malais, la Chine, etc. En hiver, le caractère thermique se manifeste par la présence de masses d’air frais. Si la mousson d’hiver indienne est d’origine subtropicale (alizé), elle peut être fraîche dans la mesure où l’anticyclone émissif est renforcé par des advections polaires à l’ouest de l’Himālaya. La mousson malaise (la « mousson de

l’Asie du Sud-Est » pour J. Delvert) a une origine plus directement polaire : elle émane d’anticyclones mobiles situés à l’arrière de fronts froids, glissant progressivement sur le Pacifique occidental (ce qui rappelle la naissance des noyaux bermudiens). Les manifestations de ces anticyclones ne doivent pas être confondues avec l’intervention des hautes pressions sibériennes, dont les flux agissent normalement plus au nord (Mandchourie et Chine du Nord, Japon, pays du Yangzi-jiang [Yang-tseu-kiang]). Là encore, la mousson d’hiver n’est autre qu’un

alizé dans sa phase de naissance à partir d’un noyau anticyclonique en voie de « tropicalisation ».

Les processus dynamiques dé-

coulent, d’une part, des vicissitudes du jet-stream (subtropical) et, de l’autre, de la présence de grandes perturbations dynamiques internes (talweg de mousson de l’Inde, perturbations cinématiques parmi lesquelles, bien qu’avec quelques réserves, nous placerons les cyclones tropicaux). Lorsque le jet-stream remonte en été vers le pôle, l’effet dynamique, subsident, diminue aux latitudes subtropicales (Sahara et surtout Inde), ce qui permet aux dépressions thermiques, profitant, là, du maximum d’apport radiatif, de se creuser et d’imposer dans une certaine mesure du moins, leur effet aspirateur. On doit noter, à part, le cas de la dépression du canal de Mozambique.

Résultant de la haute température de la mer et d’un effet hydrodynamique d’obstacle (déviation de l’alizé indien par la masse malgache), elle participe à l’aspiration de la mousson de N.-O.

intervenant en été sur Madagascar.

Cependant, l’installation des basses pressions sur l’Asie centrale (au nord de l’Himālaya) relève de circonstances différentes.

La structure et les caractères

de la mousson

y Les flux. Les flux d’hiver comme les flux d’été revêtent dans l’ensemble une certaine homogénéité de caractères et d’effets. Les flux d’hiver semblent être finalement (sauf en ce qui concerne l’Asie orientale au nord de la Chine du Sud) des alizés. Ils imposent une grande phase de sécheresse ou, du moins, une nette récession pluviométrique en saison froide.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 13

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Les flux d’été (avec passage réel ou statistique à l’équateur) sont chauds et humides sur une certaine épaisseur (de plus en plus faible en direc-

tion du front de mousson, qui est le report, loin vers l’intérieur des terres de l’hémisphère d’été, de la C. I. T.

[convergence intertropicale]). Ils sont donc instables et imposent les pluies, non seulement du fait de cette instabilité (potentielle), mais aussi à cause des perturbations qui les affectent et utilisent cette instabilité : thermocon-vection, qui apporte des précipitations substantielles à partir du moment où, assez loin en arrière du front, la mousson est suffisamment épaisse (fig. 2) ; perturbations cinématiques d’échelles diverses ; cyclones tropicaux, dont la structure dépasse la seule intervention du jeu des vitesses et des directions de vents ; perturbations orographiques.

y Les rythmes pluviométriques saisonniers. La mousson impose nor-

malement l’alternance d’une saison humide d’été et d’une saison sèche d’hiver (rythme tropical). Cependant, une alternance identique peut résulter du jeu des masses d’air océaniques et continentales d’un même hémisphère, là où nous rejetons l’idée de mousson (est des États-Unis, Grandes Antilles occidentales), alors que l’alternance saisonnière des flux de mousson ne répond pas nécessairement à une alternance pluviométrique (îles équatoriales de l’archipel malais). Certains pays de mousson, enfin, voient leur maximum pluviométrique placé hors de l’été (sept.-oct. et même nov. : Bangkok, Phnom Penh, côte de

Coromandel).

Tous les pays de mousson ne sont

pas de climat tropical ou équatorial : le régime et le mécanisme de mousson peuvent transgresser bien au-delà du domaine thermométrique où la tro-picalité est admise. Il en est ainsi en Asie orientale, où seul le sud de la Chine (pays du Xijiang [Si-Kiang] et aussi Taiwan [T’ai-wan]) appartient au « monde des tropiques ». Plus au nord, où il gèle en hiver, les processus de mousson sont encore observables, ce qui traduit la puissance du caractère azonal du mécanisme de mousson. Cependant, la mousson n’impose pas obligatoirement une configuration azonale des climats où elle règne : la mousson ouest-africaine intervient dans une des régions du globe où la zonation climatique est la mieux respectée.

Les moussons

Le phénomène de mousson est particulièrement bien représenté (mais non exclusivement) en Afrique occidentale, dans le sous-continent indien et à Ceylan ainsi que dans le Sud-Est asiatique (Indochine, archipel malais, sud de la Chine) ; il demeure perceptible, avec moins de valeur démonstrative, en Asie orientale (Chine du Centre, Chine du Nord et Japon), incluse parfois dans l’Asie* de la mousson.

y En Afrique occidentale, la masse d’air humide progresse en direction de la dépression thermique saharienne de surface (coiffée par l’anticyclone dynamique demeuré en altitude) depuis l’anticyclone de Sainte-Hélène et, à tout le moins, depuis les parages équa-toriaux du golfe de Guinée. Il semble que la puissance expulsive des hautes pressions australes l’emporte sur la puissance aspiratrice de la dépression saharienne, maintenue, il est vrai, fort peu épaisse (fig. 3). Le coin de mousson passe sous le système de circulation du Sahara reporté en altitude. Le front de mousson exprime l’endroit où la mousson est si peu épaisse que les pluies qui accompagnent sa progression ne deviennent substantielles qu’à une distance respectable de sa trace au sol (fig. 2). Le renversement saisonnier se marque par l’emprise de la circulation saharienne et par l’intervention de l’alizé survenu du continent (harmattan). Sauf en bordure du golfe de Guinée, l’alternance d’une saison sèche et d’une saison humide est bien respectée jusqu’à la latitude de Dakar ou de Saint-Louis-Tom-bouctou. Avec une période sèche qui occupe désormais les trois quarts de l’année, nous arrivons là aux limites du concept des tropiques humides. La poussée de mousson peut (rarement) remonter en été jusqu’au coeur du dé-