L’organisation et
le contrôle de
la circulation en ligne
Avant la Première Guerre mondiale, les établissements jouissaient d’une grande autonomie en matière d’exé-
cution des transports. Cette autonomie se trouvait limitée par des règles communes d’exploitation, mais l’absence de moyens de télécommunications
commodes obligeait chacun à prendre des décisions sans avoir une connaissance précise de ce qui se passait en dehors de son propre domaine. Avec l’accroissement du trafic et les difficultés de circulation qui en découlèrent, les compagnies de chemins de fer adoptèrent le système connu aux États-Unis sous le nom de dispatching-system. Né de la difficulté d’exploiter des lignes s’étendant sur de longues distances et jalonnées par des gares parfois très espacées, ce procédé consiste à centraliser dans un bureau de contrôle du mouvement tous les éléments relatifs à la circulation des trains sur toute une ligne ou un groupe de lignes. Ce système, dont le développement fut surtout permis par les progrès réalisés dans le domaine des télécommunications, prit en France le nom de régulation. L’action d’un poste de régulation s’étend sur une section de ligne dont la longueur dépend de l’importance et de la difficulté de circulation. Le régulateur dispose d’un graphique théorique de la marche des trains et d’un graphique vierge, sur lequel il trace au fur et à mesure la marche réelle des trains.
En relation continuelle avec les gares
et les postes au moyen de circuits télé-
phoniques spécialisés, il connaît à tout moment la position des trains sur la section dont il est chargé et peut, en cas de perturbations, prescrire aux gares les mesures qu’il estime propres à rétablir ou à améliorer la situation. Dans certains cas, il a directement entre les mains la commande des itinéraires, supprimant ainsi l’intermédiaire des gares et des aiguilleurs, certaines sections de ligne pouvant être contrôlées downloadModeText.vue.download 573 sur 575
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 13
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sur plusieurs dizaines de kilomètres depuis un poste central de régulation.
C. M.
F Chemin de fer / Dépôt / Exploitation / Traction.
Mouvement
républicain
populaire
[M. R. P.]
Parti politique, fondé en novembre 1944 et qui a groupé les adeptes fran-
çais de la démocratie* chrétienne.
Seule formation politique nouvelle à la Libération, le Mouvement républicain populaire appartient en fait à un courant traditionnel de la pensée fran-
çaise, le même qui inspirait, un siècle auparavant, l’action de La Mennais* et d’Ozanam. Est-ce là une des raisons de son démarrage foudroyant ?
Fondé dans la clandestinité à Lyon en 1944, le M. R. P. est issu de la Résistance. Gilbert Dru, fondateur des « Jeunes Chrétiens combattants », éprouva le premier la nécessité de prolonger la fraternité du combat commun en donnant à l’engagement dans la Résistance une portée politique. Il prit l’initiative de regrouper les diverses tendances de la démocratie chrétienne apparues avant la guerre : la Jeune République de Marc Sangnier, le parti démocrate populaire — créé en 1924
—, les tenants du journal l’Aube, fondé en 1932 par Francisque Gay (1885-
1963) et Gaston Tessier (1887-1960), et auquel collaborait Georges Bidault.
Le jeune mouvement bénéficie
d’entrée de jeu de circonstances favorables : il possède l’accord tacite du général de Gaulle et participe ainsi à son prestige. « Vous avez été le père spirituel du M. R. P., j’en ai été le père nourricier », disait un jour de Gaulle à Sangnier. Tous les réseaux de la Résistance lui apportent adhérents et soutien, surtout le groupe « Libération Nord ». S’il s’efforce de ne pas garder de caractère confessionnel, le M. R. P.
n’en reçoit pas moins le soutien du clergé, des curés de paroisse surtout, ainsi que des organisations sociales inspirées des principes de l’Église ou placées sous son égide, telles la C. F. T. C., l’A. C. J. F. et la J. O. C.
L’engagement M. R. P.
Les républicains populaires définissent leur engagement politique comme un humanisme démocratique. « Le régime que nous voulons bâtir est un régime fondé sur le respect total et inconditionnel de la personne humaine [...]
(Maurice Schumann, Congrès national, déc. 1945). Le déterminisme historique des marxistes, de même que celui des lois naturelles des libéraux et de la physique sociale des positivistes, est écarté d’emblée. D’inspiration chré-
tienne, le M. R. P. n’est pas pour autant déductible de façon contraignante de la foi religieuse. Marc Sangnier décrit le démocrate-chrétien comme « un type d’homme engagé dans le temporel
jusqu’au cou, qui fait ses choix politiques sous sa responsabilité propre, mais qui s’engage avec une exigence spirituelle totale ».
Le programme du M. R. P. est
proche de celui du Conseil national de la Résistance (C. N. R.). Son premier manifeste, oeuvre d’André Colin et de Maurice René Simonnet, affirme que le gouvernement doit assurer à chaque homme les conditions économiques de la liberté politique, par la nationalisation du crédit et des sources d’énergie, par l’instauration de la sécurité sociale pour tous, par la participation progressive des travailleurs à la vie de l’entreprise, par la valorisation du rôle des
organisations professionnelles et de la famille.
Le M. R. P. est un parti très structuré, dans la ligne d’un certain corporatisme catholique. L’esprit d’équipe y est très développé. En 1946, le M. R. P. est en tête des partis parmi les employés et arrive après les communistes et la S. F. I. O. dans les milieux ouvriers. Il possède des équipes ouvrières et paysannes très actives. C’est grâce à son implantation rurale qu’il survivra au rétablissement du scrutin uninominal, dont il avait toujours redouté les effets.
La proportion de députés M. R. P.
élus par les agriculteurs ne cessera de croître de 1951 à 1958, tandis qu’à cette date il n’y aura plus aucun élu par les grandes villes.
La base est fort peu représentée au comité national du mouvement et à la commission exécutive, de telle sorte que les militants critiqueront souvent la politique pratiquée par les dirigeants.
Le M. R. P. et le
gouvernement provisoire
La montée du M. R. P. est rapide. Le mouvement compte trois ministres
dans le gouvernement formé en no-
vembre 1944 — G. Bidault, président du C. N. R., François de Menthon et Pierre Henri Teitgen — et possède un brillant orateur, le porte-parole de la France combattante : Maurice Schumann. Sur le plan, alors primordial, des institutions, il mène une campagne acharnée pour que la future Constitution soit dominée par une Assemblée constituante unique, élue au suffrage universel direct et selon le système de la représentation proportionnelle inté-
grale. Mais il n’obtient pas totale satisfaction sur ce point.
Il admet les alliances avec les socialistes, mais cette tactique électorale est entravée par les communistes, qui, pour éviter cette collusion, bran-dissent la question de la laïcité. Le succès des républicains populaires en octobre 1945 est néanmoins éclatant.
Alors qu’ils paraissent pour la première fois dans des élections législatives, ils obtiennent les suffrages de plus de 4,5 millions d’électeurs, soit
150 sièges dans la nouvelle Assemblée. Ils recueillent les voix des Fran-
çais conservateurs, désemparés par l’effacement de la droite classique et pour lesquels les audaces sociales du M. R. P. sont tempérées par ses préoccupations spirituelles. Ils gagnent aussi aux dépens des modérés, dont certains sont discrédités par la Collaboration, et des radicaux socialistes. L’Aurore écrit le 22 octobre 1945 : « Le M. R. P.