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Le 1er novembre 1922, le gou-

vernement insurrectionnel déclare :

« 1. L’Empire ottoman fondé sur l’autocratie est renversé... 6. Le gouvernement turc libérera le califat prisonnier des étrangers. » Le 17 novembre au matin, le Sultan se réfugie à bord d’un bâtiment de guerre britannique.

La Grande Assemblée nationale turque proclame calife Abdülmecid II. Moins de seize mois plus tard (mars 1924), elle décrétera l’abolition du califat.

Quittant pour toujours le pays où ses ancêtres avaient fait le meilleur et le pire, Abdülmecid passe devant l’armée et dit seulement : « Au revoir, soldats ! »

J.-P. R.

F Albanie / Algérie / Autriche / Balkans / Bosnie-Herzégovine / Bulgarie / Byzantin (Empire) /

Égypte / Grèce / Hongrie / Iraq / Ispahan / Libye

/ Palestine / Roumanie / Russie / Seldjoukides /

Serbie / Syrie / Turcs / Turquie.

J. von Hammer-Purgstall, Geschichte des osmanischen Reiches (Pest, 1827-1835, 10 vol. ; trad. fr. Histoire de l’Empire ottoman depuis son origine jusqu’à nos jours, Bellizard et Cie, 1835-1843, 18 vol.). / A. de La Jonquière, Histoire de l’Empire ottoman (Hachette, 1881 ; nouv. éd., 1914 ; 2 vol.). / E. Driault, la Question d’Orient depuis son origine jusqu’à la paix de Sèvres (Alcan, 1898 ; nouv. éd., 1921). / F. Babinger, Suleyman (Stuttgart, 1922 ; 2 vol.) ; Mehmed der Eroberer und seine Zeit (Munich, 1953 ; trad. fr. Mahomet II le Conquérant et son temps, Payot, 1954). / L. Lamouche, Histoire de la Turquie depuis les origines jusqu’à nos jours (Payot, 1934 ; nouv. éd., 1953). / M. F. Köprülü, les Origines de l’Empire ottoman (Payot, 1935).

/ N. M. Penzer, The Harem (Londres, 1936). /

A. S. Atiya, The Crusade in the Later Middle downloadModeText.vue.download 14 sur 619

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15

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Ages (New York, 1938). / P. Wittek, The Rise of The Ottoman Empire (Londres, 1938). / R. Man-tran, Histoire de la Turquie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 3e éd., 1968) ; Istanbul dans la seconde moitié du XVIIe siècle (Maisonneuve, 1963). / J.-P. Roux, la Turquie (Payot, 1953). /

J. P. Garnier, la Fin de l’Empire ottoman (Plon, 1973).

Otton Ier le Grand

(912 - Memleben 973), premier empereur du Saint Empire (962-973), roi de Germanie (936-973) et d’Italie (951-973).

Le roi de Germanie

(936)

Avant sa mort, Henri Ier l’Oiseleur dé-

signe son fils Otton comme successeur sur le trône de Germanie. Cependant, une élection générale, qui sera suivie du sacre, est prévue à Aix-la-Chapelle : c’est ainsi que, le 7 août 936, Otton devient légalement roi du royaume

« des Francs et des Saxons ». Ainsi est renouée la tradition carolingienne.

Le but premier d’Otton est de se rendre maître chez lui, en Allemagne. Il

lui faut pour cela soumettre les grands duchés nationaux. C’est assez difficilement, et après une seconde tentative (938), qu’il obtiendra la subordination complète de la Bavière. Presque aussitôt, il doit libérer la Saxe des rebelles soulevés à l’appel de son frère Henri et du duc de Lorraine Giselbert. Otton doit ensuite mettre le siège devant Bri-sach pour réduire la Lorraine, tandis que le duc de Saxe, en battant Giselbert, place la Franconie sous l’autorité directe du roi de Germanie.

Quant à Henri, frère d’Otton, il se résout à la soumission à la Noël 941. Ayant hérité de vastes territoires s’étendant à l’est de l’Elbe, le roi, qui songe à développer une mission en pays slave, fonde et dote le monastère Saint-Maurice à Magdeburg (937) ; afin de fortifier la frontière de ce côté, il crée, le long de l’Elbe, deux grandes marches : celle de l’Elbe inférieure, qu’il confie au Saxon Hermann Billung, celle de l’Elbe moyenne et de la Saale, qu’il confie au comte Géron. L’action de ces deux margraves est assez efficace pour que le synode d’Ingelheim (948) décide de la création des évêchés de Schleswig, Ripen (auj. Ribe), Aa-rhus, Oldenburg, Havelberg et Brandebourg. En 950, Boleslav de Bohême reconnaît la suzeraineté d’Otton.

Ayant d’autre part assuré sa fron-tière occidentale en faisant de Conrad le Roux un « duc fonctionnaire » de Lorraine, Otton — qui vise à la fois la souveraineté sur la Lombardie et sur Rome — se tourne vers l’Italie.

Comme Charlemagne, il veut s’imposer comme l’arbitre de la chrétienté et songe à la restauration, à son profit, de la dignité impériale.

Poussant ses avantages par personne interposée, le roi de Germanie soutient contre le roi d’Italie Hugues, le marquis d’Ivrée Bérenger II ; en 945, Hugues abdique en faveur de son fils Lothaire, qui meurt en 950, laissant le trône à Bérenger. Contre celui-ci, les Lombards font alors appel à Otton, qui descend en Italie, prend à Pavie la couronne lombarde (23 sept. 951) et épouse en secondes noces Adé-

laïde, veuve de Lothaire. Otton donne les marches de Vérone et d’Aquilée à

son frère Henri de Bavière. Ce geste provoque d’ailleurs la révolte du fils d’Otton, Liudolf, qui entraîne avec lui l’archevêque Frédéric de Mayence et Conrad le Roux. Otton perd la Franconie, la Bavière et la Souabe ; par contre, le nouveau duc de Lorraine, l’archevêque de Cologne Bruno, frère du roi, prend parti pour Otton.

Les invasions hongroises de 954

favorisent indirectement le roi de Germanie en ramenant les grands féodaux à résipiscence. Et c’est à la tête d’une armée composée de Francs, de Souabes, de Bavarois et de Bohémiens qu’Otton écrase les Hongrois au Lech-feld, près d’Augsbourg (10 août 955) ; il y gagne le surnom de « Grand » ; les Hongrois, eux, s’établissent dans la plaine de Pannonie, où, rapidement, ils vont adopter la civilisation occidentale.

Otton complète sa victoire en battant les Wendes à la Recknitz (16 oct. 955).

Sauveur de la chrétienté, Otton est le véritable maître de l’Occident.

C’est l’Église qui va sceller cette autorité et enraciner ce prestige ; l’Église, qui, favorisée de toutes manières, et notamment par l’immunité, va, par son poids, affaiblir les grands féodaux laïques. Otton place à la tête des évê-

chés et des abbayes royales des personnages qui appartiennent à sa famille ; ou qui ont été formés à l’idée de l’État.

Cependant, la politique religieuse du roi n’est pas inspirée seulement par des vues politiques : il se considère aussi comme un instrument missionnaire de l’Église, notamment à l’est. Dans ce domaine, l’événement le plus considé-

rable est la demande de missionnaires allemands, faite par Olga, mère du grand-duc de Kiev Sviatoslav, à la cour d’Otton. Celui-ci dépêche à Kiev le moine Albert Ier (Adalbert), de Trèves, qui est sacré « évêque des Russes ».

Mais, quand il arrive à destination, l’influence byzantine a décidément triomphé dans la jeune Russie. Une consolation pour Otton : la vassalité effective de Mieszko Ier*, le premier souverain polonais.

La restauration

de l’Empire

L’activité ambitieuse du basileus Ro-

main II s’exerce également en Italie du Sud, ce qui fournit à Otton une raison supplémentaire de chercher à obtenir une égalité de rang avec l’empereur byzantin. Or, voici que le roi de Germanie reçoit un appel à l’aide du pape Jean XII, fils d’Albéric II, menacé par les pressions de Bérenger — redevenu maître de la Lombardie — sur Spolète et les États de l’Église. Avant de quitter l’Allemagne, Otton fait élire et couronner « roi consort » son fils Otton, âgé de six ans : geste qui se situe — déjà

— dans la tradition impériale.

Après avoir rétabli son autorité en haute Italie, Otton entre solennellement à Rome le 2 février 962 ; le même jour, Jean XII, en la basilique Saint-Pierre, le sacre en même temps que son épouse, et lui remet la couronne impé-

riale. Le pape ayant consenti à faire de Magdeburg la métropole des marches de l’Est allemand, Otton édicte — à la manière carolingienne — un « privilège » (Ottonianum) qui, tout en confirmant les droits de l’Église romaine, subordonne le sacre du pape — élu par le clergé et le peuple romain — à la promesse de fidélité à l’empereur.