Ainsi est créé le Saint Empire romain germanique.
Tout naturellement, cet événement capital va impliquer l’intervention de l’empereur dans les rivalités qui downloadModeText.vue.download 15 sur 619
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15
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opposent, en Italie, les Lombards, le pape, la noblesse romaine, Byzance et les Sarrasins. C’est ainsi que Bérenger est exilé à Bamberg, où il meurt en 966. Dès 963, Jean XII, oubliant son serment, complote avec Byzance et les Hongrois. L’empereur non seulement dépose Jean XII, mais il interdit aux Romains d’élire un pape sans son agré-
ment, et il impose un laïque qui prend le nom de Léon VIII (déc. 963), mais qui ne peut triompher de Jean XII, puis de Benoît V qu’après l’intervention d’Otton contre Rome (juin 964).
Rentré en Allemagne, l’empereur
poursuit son action missionnaire (bap-
tême du roi de Danemark, 965 ; de Mieszko Ier, 966). Mais bientôt il est rappelé en Italie : dans la haute Italie d’abord, où est réprimé un soulè-
vement fomenté par le fils de Bérenger, Adalbert ; à Rome ensuite, où Jean XIII (965-972) a besoin de l’aide impériale contre les comtes de Tus-culum. À Ravenne, l’empereur tient une diète (967) où sont examinées les modalités d’un traité de paix entre les deux empereurs. Mais Nicéphore II Phokas refuse en fait de reconnaître en Otton quelqu’un d’autre qu’un simple roi. Il faut attendre l’arrivée au trône de Constantinople de Jean Ier Tzimiskès pour voir se réaliser le rêve de l’empereur d’Occident : le mariage, à Rome, le 14 avril 972, de son fils et héritier Otton II avec Théophano, une princesse byzantine.
À Pâques 973, Otton Ier, au faîte de sa puissance, reçoit à la cour de Que-dlinburg des ambassadeurs venus de toute l’Europe, y compris de l’Europe byzantine. Mais il meurt subitement quelques jours plus tard, le 7 mai.
P. P.
F Saint Empire romain germanique.
H. Günter, Kaiser Otto der Grosse (Berlin, 1941). / H. Jantzen, Ottonische Kunst (Munich, 1947). / R. Folz, la Naissance du Saint Empire (A. Michel, 1967).
ouaterie
Industrie de la fabrication des ouates.
Le principe de base est la formation de nappes homogènes de fibres qui, selon leurs utilisations, subissent ou non des traitements mécaniques ou chimiques. On peut classer les ouates en deux grandes catégories, les ouates pour pansements et les ouates industrielles (rembourrage, doublures...).
Ouates pour
pansements
Coton cardé
C’est un coton brut non absorbant ayant seulement subi des opérations de battage (ouverture de la matière
et nettoyage), suivi d’un cardage. Sa propreté est directement fonction de la classe de coton employée. Ce type d’article peut avoir été constitué d’un mélange de coton et de déchets. Pour les qualités admises au codex, le mé-
lange doit être composé à 100 p. 100
de coton, qui est en principe un coton des Indes à fibres trop courtes pour les usages textiles, à diamètre un peu gros mais de très belle qualité.
Coton hydrophile
La fabrication de l’ouate hydrophile vise deux buts principaux :
y obtenir un coton sans matières étrangères et sans poussières, c’est-
à-dire épuré le plus complètement possible ;
y pouvoir faire absorber par cette matière la plus grande quantité possible de liquide.
La ouate hydrophile s’obtient à partir de cotons neufs. Comme pour le coton cardé, le mélange initial subit une même série d’opérations mécaniques afin d’éliminer les impuretés.
Pour rendre le coton hydrophile, il est nécessaire d’en éliminer les cires et graisses qui le rendent naturellement hydrophobe. Dans le procédé de Paul von Bruns (1846-1916), cette opération de dégraissage, appelée débouillissage, utilise la propriété qu’ont les alcalis dilués de saponifier à l’ébullition ces cires, auxquelles sont mêlées d’autres impuretés organiques ou minérales, sans attaquer la fibre elle-même. Le débouillissage est suivi d’un blanchiment. On utilise à ce stade l’action d’agents oxydants qui décolorent les pigments. Puis on procède à une neutralisation par acide et à plusieurs rinçages.
Les matières blanchies sont soigneusement cardées pour leur conférer un gonflant et un toucher doux et agréable.
La carde a pour but de démêler les fibres enchevêtrées, de séparer les amas et d’éliminer les impuretés restant dans la masse. À la sortie de cette machine, le coton se présente sous la forme d’un voile extrêmement léger. Ces voiles sont superposés un certain nombre de fois pour obtenir un matelas qui est
découpé et empaqueté. Les fibres de viscose peuvent aussi être employées dans la fabrication de certaines ouates pour pansements, soit à l’état pur, soit en mélange avec du coton.
Ouates industrielles
Elles sont utilisées pour le ouatinage de vêtements, le rembourrage en ameublement, le matelassage, certains filtres, les plaques d’isolation, etc. Suivant la qualité désirée, on utilise des déchets de fils ou de tissus de toute nature, qui sont déchiquetés, des fibres de récupé-
ration de filature ou des fibres vierges.
Le processus de fabrication est identique à celui des ouates pour pansements, à savoir : ouverture, nettoyage, dépoussiérage et cardage. À la sortie de la carde, les voiles sont superposés. On augmente leur résistance par un liant dont on enduit l’une ou les deux faces (colles à la gélatine, émulsions, résines, etc.) ou par la pulvérisation de l’un de ces produits ou encore au moyen d’un aiguilletage ou de coutures.
J.-M. D.
Oudry (Jean-
Baptiste)
Peintre français (Paris 1686 - Beauvais 1755).
Il exerce ses premiers talents à l’Enseigne de la clef d’or, quai de la Ferraille (auj. de la Mégisserie), où son père vend des tableaux. Dès 1704, Michel Serre (1658-1733), peintre des galères du roi, remarque l’habileté de son dessin ; il lui enseigne durant trois années les éléments de son art.
Ce n’est cependant qu’un peu plus tard, au contact de Nicolas de Largillière*, que s’affirment ses dons. Là, dans l’atelier du peintre de la ville de Paris, parvenu au sommet de sa carrière, Oudry acquiert les fondements indispensables du métier selon les règles académiques. Dès 1714 et sa nomination en tant que professeur à l’académie de Saint-Luc (que suivra son en-trée à l’Académie royale de peinture en 1719), sa maîtrise lui prépare les voies d’une brillante carrière officielle.
La minorité de Louis XV correspond, dans le domaine des arts, à une période de grandes transformations.
L’italianisme a brisé ses éclats aux dernières fêtes baroques. Dès la fin du XVIIe s., la Hollande et les Flandres ont retrouvé grâce aux yeux des amateurs français ; on découvre la peinture de genre, qui n’avait pas été appréciée à la cour de Louis XIV, exception faite pour la peinture d’animaux. Oudry, dans ce dernier domaine, recueille l’héritage de Desportes* : en 1722, il expose, place Dauphine, une Chasse au sanglier qui remporte un immense succès et oriente définitivement sa carrière. Il obtient la protection de Louis XV avec le titre de peintre des chiens et des chasses* du roi.
En 1734, Oudry est nommé directeur de la manufacture de Beauvais*, que la reproduction systématique de poncifs d’atelier étouffait peu à peu. En 1736, il devient en outre surinspecteur des Gobelins*. Son arrivée à ces deux postes transforme profondément, et d’une façon d’ailleurs discutable, l’art de la tapisserie.
Il exige des liciers qu’ils suivent scrupuleusement les nuances des cartons, eux-mêmes traités en tableaux de chevalet : les tons se multiplient, les dégradés s’affinent, la technique se complique, les tentures s’efforcent d’habiller les murs d’un simulacre de la réalité. D’après les propres cartons d’Oudry sont tissées aux Gobelins, à partir de 1742, les neuf pièces des Chasses de Louis XV (principalement au palais Pitti, à Florence et au château de Compiègne).