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Le traité de 1900 avait autorisé les chefs de clans à s’approprier les terres collectives, et donc à percevoir des droits sur les récoltes des paysans. Des

troubles éclatèrent dès 1945, sous la direction du syndicaliste Ignation Musazi. Ils reprirent en 1948 après la formation du Bataka Party de C. S. Mu-lumba et de l’Uganda African Union de Musazi. Quand Mutesa II, âgé de vingt-cinq ans, rentra de Cambridge en 1949, des délégations de mécontents assaillirent son palais. La révolte aboutit à une commission d’enquête, dont les recommandations multiplièrent les coopératives, qui passèrent de 4 en 1947 à 800 en 1953, et affranchirent le paysan de sa sujétion aux commerçants et aux égreneurs de coton étrangers.

La Haute Commission d’Afrique

orientale, réunie sur initiative britannique à Nairobi en 1948, reprit d’anciens projets de fédération du Kenya, du Tanganyika et de l’Ouganda, dont l’utilité économique était évidente.

Respectant l’autonomie des territoires et leurs relations directes avec Londres, cette Haute Commission, présidée par le gouverneur du Kenya, devait assurer la planification des chemins de fer, des ports, des P. T. T. et des douanes, sous le contrôle d’un conseil législatif commun. Le conseil législatif de l’Ouganda approuva cette institution, qui, limitée à son rôle de coordination économique et technique, subsista sous le nom de East African Community après l’indépendance.

À la suite des troubles de 1949, Musazi rassembla dans l’Uganda National Congress tous les partisans, en fait surtout bugandais, du self-government, du suffrage universel et du contrôle de la vie économique par les indigènes (1952).

Sur ces entrefaites, un brillant gouverneur technocrate, sir Andrew Cohen, désireux de conduire rapidement un État unitaire ougandais à l’indépendance et de favoriser son industrialisation par la construction du barrage des Owen Falls sur le Nil, démocratisa, d’accord avec Mutesa II, les constitutions du Buganda et de l’Ouganda. Ce dernier eut une assemblée législative de 56 membres, 28 nommés, 28 élus, dont 14 Africains, 7 Européens,

7 Asiatiques. Dans cet ensemble, il appartenait au lukiko de désigner trois représentants du Buganda. Il s’y refusa en l’absence du kabaka, qui assistait, à

Londres, au couronnement de la reine Elisabeth.

Le secrétaire d’État aux colonies Oliver Lyttelton mit alors le feu aux poudres par un discours maladroit, où la Haute Commission était considérée comme le germe d’une confédération d’Afrique orientale (juin 1953). Les apaisements de Cohen ne purent flé-

chir Mutesa II ni le lukiko. Après une entrevue orageuse, le 30 novembre 1953, le kabaka fut expédié en avion à Londres, où il resta exilé pendant deux ans. Toute la population du Buganda fit bloc derrière son souverain. Le successeur d’Oliver Lyttelton, A. T. Len-nox-Boyd, confia la négociation avec le lukiko au professeur Keith Hancock.

Il fut finalement convenu que le Buganda serait maintenu et renforcé au sein d’une fédération ougandaise, dont 5 des 30 Africains du conseil législatif seraient bugandais (1955). En 1960

fut institué un collège unique pour l’élection du Conseil, où la majorité passa aux non-fonctionnaires et aux Africains.

Au Buganda, qui réclamait l’autonomie au sein de la fédération, la plupart des électeurs s’abstinrent en 1961. Mais dans la fédération l’Uganda National Congress — affaibli par la sécession d’Apollo Milton Obote, qui forma l’Uganda People’s Congress (U. P. C.), hostile au traditionalisme bugandais, et par la concurrence du Democratic Party (D. P.) catholique —

ne recueillit que 4 sièges, contre 43 au D. P. et 35 à l’U. P. C.

Une conférence constitutionnelle fut alors réunie pour préparer l’indé-

pendance. Obote y joua un rôle important et, aux élections de 1962, s’allia au parti bugandais Kabaka Yekka (« le kabaka seul ») ; la coalition fut majoritaire. Obote, devenu Premier ministre en avril, négocia la constitution fédé-

rale des cinq États autonomes de l’Ouganda (Buganda, Bunyoro, Ankole, Toro, Busoga), qui fut proclamé indé-

pendant le 9 octobre 1962. Un an après, le Parlement ougandais déclara l’État

« indépendant et souverain », dans le cadre du Commonwealth, et élut pré-

sident Mutesa, kabaka du Buganda (9 oct. 1963).

Les conflits, prévisibles, entre le chef de l’État bugandais, et celui du gouvernement, originaire du Nord, éclatèrent dès 1963, à propos de deux comtés occupés par le Buganda en 1894 et rattachés à ce pays par les Anglais en 1900.

Leurs habitants choisirent par le réfé-

rendum du 4 novembre 1964 le retour au Bunyoro, ce qui heurta le nationalisme bugandais. Puis, plus ou moins inclus dans les accusations de corruption proférées contre divers hauts fonctionnaires, Obote, par le coup d’État du 24 février 1966, suspendit la constitution et institua un régime unitaire dont le Parlement l’élut président (15 avr.).

Il fit, en mai, assiéger dans son palais le kabaka, qui réussit à s’enfuir et mourut en Angleterre, à quarante-cinq ans, en 1969. Une nouvelle constitution, républicaine et centralisatrice, fut votée en 1967, et le président Obote proclama en octobre 1969 la « Charte de l’homme moyen », qui annonçait une politique anticapitaliste de nationalisations. La situation économique se dégradant, Obote fut, le 25 janvier 1971, renversé par un autre homme du Nord, le général Idi Amin. Ce dernier supprime peu à peu toutes les garanties constitutionnelles. En 1972, il expulse les Asiatiques qui contrôlaient le commerce et la banque et, en 1975, abolit la propriété individuelle agricole. Son régime devient vite de plus en plus autoritaire, et les exécutions d’opposants prennent un caractère massif.

H. B.

La population

Avec 11 550 000 habitants, l’Ouganda apparaît comme assez densément peuplé (densité moyenne de 47 hab. au km2). Les régions bordières du lac Victoria (pays ganda et soga) et le pays teso ont les plus fortes densités, supérieures à 80 habitants au kilomètre carré (localement plus de 100). Les hautes terres de l’Ouest ont une densité moyenne supérieure à 35 habitants au kilomètre carré avec dans le pays kiga, par endroits, de 75 à 100 habitants au kilomètre carré. Dans le nord du pays, l’Acholi et le Karamoja ont par contre moins de 30 habitants au kilomètre carré ; dans l’est du Karamoja, la den-

sité est inférieure à 3 habitants au kilomètre carré.

Le taux de croissance annuel est de 2,7 p. 100. La population est aujourd’hui d’origine presque uniquement africaine. Les Bantous*, essentiellement agriculteurs, constituent de beaucoup le groupe le plus important, avec les Gandas (env. 1 500 000, autour de la capitale Kampala), les Sogas, les Kigas et les Toros. Le groupe nilotique est représenté par les Acholis, agriculteurs-pasteurs, le groupe nilochamite par les Karamojongs, pasteurs semi-nomades, et les Tesos, davantage tournés vers l’agriculture. Cette population est à près de 90 p. 100 rurale, l’habitat dispersé en hameaux familiaux étant la règle. En dehors de la capitale, Kampala (330 000 hab.), les principales villes sont Jinja (53 000 hab.), Mbale downloadModeText.vue.download 18 sur 619

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15

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(24 000 hab.), Entebbe (11 000 hab.) et Kabale (11 000 hab.).

L’économie

L’agriculture traditionnelle des régions de peuplement rural dense du Sud et de l’Ouest est fondée surtout sur le bananier, avec, en second lieu, le manioc, la patate douce, divers haricots, l’arachide, le sorgho et le maïs, ainsi que la canne à sucre et diverses cultures légumières. La principale culture d’exportation est celle du café (204 000 t au total), précédant celle du cotonnier (90 000 t pour l’ensemble du pays).