La jeune Huître isolée va grandir sur les parcs, parties du littoral délimitées et concédées à des exploitants.
Les techniques utilisées varieront selon la topographie, le régime des marées et le but recherché. Les Huîtres pourront être semées sur le sol dans la zone émergente ou en « eaux profondes »
jusqu’aux sondes de – 3 à – 10 m ; le terrain sera, si besoin est, aplani et durci. Elles peuvent être élevées dans des casiers grillagés ou des sacs en ma-tière plastique à mailles convenables, surélevés du sol de 0,40 à 0,50 m. Elles peuvent encore, en l’absence de marées ou dans les secteurs littoraux suffisamment profonds et abrités, être cultivées en suspension : à des engins flottants (radeaux, bouées) ou non, sont attachés des barres de bois où l’on cimente les Huîtres une à une, des cordes ou des ensembles de casiers superposés.
Chaque technique présente des avantages et des inconvénients. La durée de l’élevage varie selon l’espèce et les conditions hydrobiologiques locales ; l’Huître plate est commercialisée entre 3 et 5 ans, la portugaise entre 3 et 4 ans, la japonaise, à croissance plus rapide, entre 18 mois et 2 ans.
L’Huître peut être victime des tempêtes qui l’emportent ou l’ensablent, des variations brutales des températures ou des salinités, de nombreux prédateurs comme les Étoiles de mer, certains Poissons, des Crabes, des Bi-gorneaux perceurs. Elle peut être atteinte de maladies dont les agents sont encore mal connus et qui déciment les élevages.
Avant d’être commercialisées, les Huîtres sont affinées à l’embouchure d’estuaires comme le Belon ou dans des claires, anciens marais salants particulièrement nombreux à Marennes.
Semées à faible densité en claires, elles y améliorent leur condition et peuvent verdir grâce au pigment diffusé par une Diatomée, la Navicule bleue. Elles sont enfin préparées à l’expédition dans des
établissements comportant bassins de stockage et de dégorgement où elles rejettent les particules vaseuses qu’elles abriteraient.
Parcs d’élevage et bassins sont
soumis au contrôle permanent de la salubrité des eaux et des coquillages qu’atteste la présence, sur chaque colis, d’une étiquette spéciale (décret du 20 août 1939).
L. M.
F Huître.
A. R. Cahn, Oyster Culture in Japan (Tōkyō, 1950). / G. Ranson, les Huîtres. Biologie. Culture (Lechevalier, 1951). / L. Marteil, Écologie des huîtres du Morbihan (Institut des pêches maritimes, 1961). / P. S. Galtsoff, The American Oyster, Crassostrea Virginica (Washington, 1964). /
J. Le Dantec, Écologie de l’huître portugaise du bassin d’Arcachon (Institut des pêches maritimes, 1968). / G. C. Matthiessen, A Review of Oyster Culture and the Oyster Industry in North America (Woods Hole, Mass., 1970).
Ostrogoths ou
Ostrogots
Ancien peuple germanique, constituant l’une des grandes fractions des Goths.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15
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Origines
« Goths Brillants » ou « Goths de l’Est » selon une glose du Goth Jordanès dont l’interprétation longtemps contestée retrouve aujourd’hui des partisans, les Ostrogoths s’organisent au IVe s. en un puissant royaume s’étendant de part et d’autre du Dniepr, englobant sous l’autorité du roi Ermanaric de nombreux Barbares*, Germains, Slaves, Finnois, et assujettissant en outre Sarmates (Roxolans, Iazyges) et Alains iraniens qui nomadisent entre le Caucase, la Caspienne et le Don.
Surpris par l’attaque des Huns*, qui franchissent brusquement le Don vers 375, Ermanaric se suicide ; son successeur Withimer meurt au combat en 375,
et son peuple se divise. La majorité des Ostrogoths se soumet aux vainqueurs, qui la conduisent en Pannonie ; elle partage leur errance belliqueuse pendant trois quarts de siècle, tandis que la minorité, préférant la liberté, se partage en deux branches dont la première —
sans doute la plus importante — survit en Crimée jusqu’en 1475 et dont la seconde fuit vers l’ouest jusqu’au Danube sous l’autorité du Goth Alatheus et de l’Alain Safrax.
Goths et Ostrogoths
Incontestablement, le peuple des Ostrogoths est issu de celui des Goths, qui, selon les traditions recueillies au VIe s. par Cassiodore et Jordanès, serait venu de l’île de Scandza, que l’on peut identifier à la Scanie ou à la Scandinavie, où deux peuples scandinaves portent encore au Moyen Âge des noms proches du leur : les Gutar de l’île de Gotland et les Gőtar du Gőtaland. Ayant migré, des confins de la rive droite de la basse Vistule (fin du Ier s. av. J.-C.) en direction des marais du Pripet, un peu avant 150, puis des pays situés au nord-ouest de la mer Noire, où ils se sont implantés vers 230, les Goths, au contact des peuples iraniens de la steppe (Sarmates et Alains), deviennent des nomades semi-cavaliers.
Apparemment encore organisés en trois tribus — les Greutungi (« homme des cailloux »), les Tervingi (« hommes des fo-rêts ») et les Visi (« hommes des prairies »)
—, les Goths apparaissent finalement divisés pour des raisons inconnues en deux branches : celle des Wisigoths et celle des Ostrogoths, établies respectivement en Dacie et en Pontide.
Établissement des
Goths dans l’Empire
Alatheus et Safrax rejoignent les Wisigoths qui ont franchi le Danube en 376, et pénètrent à leur tour dans l’Empire romain ; ils participent victorieusement à la bataille d’Andrinople (378) et reçoivent finalement en 380
l’autorisation de s’établir en Pannonie comme fédérés. Aussi, lorsque les Huns s’installent dans cette région, le Goth Radagaise et ses hommes franchissent-ils le Brenner en 405 ; mais ils sont totalement défaits par Stilicon sur les hauteurs de Fiesole le 23 août 406.
En fait, la puissance des Ostrogoths renaît de la défaite du Campus Mau-riacus en 451 et de la mort en 453
d’Attila*, qu’ils ont servi fidèlement.
Valamer, descendant d’un frère d’Ermanaric, obtient alors vers 455 de l’empereur Marcien la qualité de fédéré ; lui-même s’établit entre la Leitha et la Rába, et ses frères Vidimer et Thiudimer s’installent respectivement entre la Rába et le lac Balaton et entre ce lac et le Danube. Valamer brise une contre-offensive des fils d’Attila et contraint par la force les Romains à renouveler le foedus et à verser le tribut promis notamment en 461 ; mais il meurt lors d’un combat au cours duquel il chasse de Pannonie en 469 les débris de nombreux peuples germaniques. Vidimer ayant quitté au plus tard en 473 la Pannonie ruinée pour se rendre en Italie, puis en Gaule, où ses forces fusionnent avec celles des Wisigoths, Thiudimer (469-473 ou 474) regroupe alors sous son autorité l’ensemble des Ostrogoths des Balkans et les conduit en Illyricum après avoir brisé sur les rives de la Bolia en 469 une coalition de Suèves, de Ruges et de Gépides.
Théodoric Ier l’Amale
et la conquête de l’Italie
Établis toujours comme fédérés en Macédoine en 473, puis en Mésie in-férieure en 474 ou en 475, les Ostrogoths menacent en fait la sécurité de l’Empire. Sans doute les empereurs Léon Ier, puis Zénon les utilisent-ils soit pour chasser de Thrace les Ostrogoths de Théodoric le Louche (473-484), soit pour combattre en 485 un usurpateur en Asie Mineure. En fait, leur chef Théodoric Ier l’Amale (473
ou 474-526), fils bâtard de Thiudimer et ancien otage à Constantinople de 461 à 471, veut exploiter l’Empire romain d’Orient au profit de son peuple.
Ayant ruiné tout l’Illyricum entre 479
et 483, il assiège Constantinople pour contraindre Zénon à lui abandonner la riche province d’Italie qu’il doit reconquérir aux dépens d’Odoacre.
Théodoric rassemble à Novae
(Svištov), en Mésie inférieure, à l’automne 488, une armée de 12 000 guerriers ostrogoths (sans doute minoritaires), ruges et même romains
accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants ; il élimine les Gépides à l’ouest de Singidunum, franchit les Alpes Juliennes au printemps 489, bat Odoacre à trois reprises, le 28 août sur l’Isonzo, le 28, le 29 ou le 30 septembre 489 sous les murs de Vérone et enfin le 11 août 490 sur l’Adda après avoir été assiégé avec tout son peuple dans Pavie (Ticinum). Replié dans Ravenne, Odoacre capitule le 25 février 493. Assassiné au cours d’un banquet le 15 mars, il laisse Théodoric seul maître de l’Italie et de ses dépendances : Dalmatie, Rhétie, Norique, Pannonie, reconquise en 504-05, et Provence à partir de 508-09.