C. L. Woolley, Excavations at Ur (Londres, 1923 ; nouv. éd., 1954).
Oural
Région de l’U. R. S. S.
L’Oural désigne aujourd’hui à la fois une montagne et l’une des dix-huit
« grandes régions économiques », dont les limites ne se superposent pas.
Une montagne moyenne
L’Oural présente des traits communs avec les montagnes moyennes de l’Europe centrale. C’est un ensemble de chaînes et de massifs allongés sur plus de 2 500 km du nord au sud, culminant au Narodnaïa à 1 894 m. De la montagne primitive arasée ne restent plus que des racines de plis, des roches du vieux bouclier, des culots de volcans ; la morphologie actuelle s’est façon-née dans les parties les plus profondes downloadModeText.vue.download 21 sur 619
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d’une des chaînes de la montagne primitive. C’est cette partie qui fut rajeu-nie après un soulèvement épeirogé-
nique au cours de plusieurs phases de l’ère tertiaire séparées par des périodes calmes au cours desquelles furent modelées des surfaces d’aplanissement.
Le travail de l’érosion différentielle a creusé des vallées, mis en valeur un
relief où les barres dures alternent avec des dépressions ou bassins évidés dans des schistes cristallins, où les formes les plus caractéristiques appartiennent aux familles de relief jurassien et appalachien et où le réseau hydrographique, résultant de captures, se compose de branches orthogonales, des défilés sé-
parant les bassins.
Les zones de structure et de relief se succèdent régulièrement. Le centre forme une zone axiale, constituée de roches éruptives et comportant les points les plus élevés. On traverse alors, en direction de l’ouest comme de l’est, des zones de plis serrés et déversés à la fois vers la Russie et la Sibérie, des zones de plis plus lâches et réguliers, des structures en dômes et en cuvettes qui passent à une structure de bassins sédimentaires (plateaux gréseux ou karstiques, côtes et larges vallées). En général, le versant russe, précédé du pays des collines (ou ouvaly), présente une pente plus faible que le versant asiatique, formé d’escarpements de faille, donnant des pentes plus fortes et provoquant des passages de chutes sur les cours d’eau. Enfin, les plis sont les plus resserrés et, par conséquent, la largeur la plus faible au centre, entre 55 et 60° de lat. N., alors qu’ils s’évasent en direction du nord, où l’Oural se poursuit par les chaînes du Paï-Khoï et l’île de la Nouvelle-Zemble, ainsi qu’au sud, où les altitudes faiblissent progressivement et où les dernières collines s’avancent dans la steppe au sud de la ville d’Orsk.
Ces traits expliquent la richesse des minerais de toutes sortes : charbon au fond des bassins de subsidence tertiaire ; sel dans les plis diapirs et hydrocarbures dans la dépression pré-
ouralienne d’Oufa ; gisements polymétalliques dans les filons de miné-
ralisation et les dépôts volcaniques ; bauxite dans les causses calcaires. Les passages d’ouest en est sont facilités par les vallées, et l’altitude très basse (moins de 1 000 m) des cols unissant les têtes de sources des deux versants, si bien que l’Oural n’est pas une barrière dans la vaste plaine de Russie et de Sibérie. Mais la chaîne oppose cependant un obstacle aux dépressions cyclonales venant de la Baltique
et offre une très nette dissymétrie climatique : le total des précipitations atteint 1 m sous le versant occidental
« au vent », et s’abaisse à 500 mm sur celui des plaines de l’Ob à l’est. Les moyennes hivernales sont plus faibles en Sibérie occidentale que, à la même latitude, dans les régions de Perm et d’Oufa. L’Oural accuse ainsi les effets de la continentalité.
La direction méridienne perturbe la zonalité climatique. L’altitude renforce les effets de la latitude. Au milieu des plaines, la montagne se présente comme un facteur azonal.
Les trois Oural
y Dans l’Oural du Nord (du 68e au 61e parallèle), les formes structurales ont été estompées et disséquées par le travail d’une forte glaciation et des processus périglaciaires. Quelques glaciers de cirque subsistent, ainsi que de nombreux névés. La taïga ne se présente que sous la forme d’essences naines ou de mélèzes sibériens. La région n’est peuplée que de Komis et de Nenets (Samoyèdes), éleveurs de rennes et chasseurs.
y L’Oural moyen ou central (du 61e au 55e parallèle) est recouvert de la taïga épaisse jusqu’à 800 à 1 000 m. Il est traversé par les voies de communication. Cette région, la plus anciennement peuplée, est actuellement la plus dynamique. L’agriculture y est possible. Les grandes villes se sont développées sur le passage de la voie ferrée (Sverdlovsk) ou à proximité des mines (Magnitogorsk).
y L’Oural du Sud se présente comme une île de taïga au milieu de la steppe et, à ce titre, joue le rôle d’un modeste château d’eau. Les terres noires montent jusqu’à 400 m, les chênes, mêlés aux pins et aux mélèzes, couvrent les pentes jusqu’à 1 000 m ; au-dessus s’étendent des prés-bois et une pelouse. L’agriculture s’est étendue avec le défrichement des « terres vierges ».
La région économique
La définition de la région (raïon) économique a pris en considération les parties les plus peuplées et exploitées de l’Oural moyen et de l’Oural du Sud.
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La région comprend des « provinces »
(oblast) s’étendant sur les deux versants (Perm, Orenbourg, Tcheliabinsk, Kourgan, Sverdlovsk) et la République autonome des Oudmourtes, ancien
peuple pasteur de la steppe. Elle s’étend ainsi sur une surface plus grande que la France (680 000 km2), mais est peuplée seulement de 15 180 000 habitants, les deux tiers de cette population vivant dans les villes.
La région est essentiellement industrielle (mines et industries lourdes).
Elle représente la deuxième « base sidérurgique » de l’U. R. S. S. Ses origines remontent au XVIIIe s. La montagne offrait aux Russes de la Volga un terrain idéal de colonisation et de prospection sur les chemins menant à la Sibérie. La première colonisation prend des formes sauvages (serfs chassés, transfuges, vieux-croyants, cosaques, vagabonds) ou ordonnées (les premiers maîtres de forge découvrant et exploitant les minerais de fer installent dans la forêt des serfs de leur domaine). Ainsi l’Oural devient un limes, un vaste champ militaire, une frange pionnière et un arsenal. Auprès des usines se développent les fortins, les villages de vallées.
Une deuxième phase commence
au début du XXe s. avec l’afflux de capitaux étrangers. La construction de hauts fourneaux modernes entraîne un accroissement sensible de la production, 1 Mt de fonte et d’acier avant 1914. Mais l’Oural contemporain est l’oeuvre des premiers plans quinquennaux, qui fondent l’U. K. K. (combinat Oural-Kouznetsk), développent les industries mécaniques et font de la ré-
gion le symbole de la priorité à l’industrie lourde en même temps que l’arsenal de l’armée rouge (recevant durant la guerre les usines transférées des régions menacées). Ainsi, de frange
pionnière, l’Oural, par la continuité des zones occupées, la densité des réseaux de communications, la stabilité de la population, la formation de grandes cités, devient une grande région industrielle, l’une des premières du monde, comparable aux grands foyers industriels de l’Europe.
L’Oural est avant tout un réservoir exceptionnel de matières premières : minerai de fer (dont les réserves re-présentent le cinquième de celles de l’U. R. S. S., permettant une extraction annuelle de plusieurs dizaines de millions de tonnes) ; minerai de cuivre (second rang dans l’Union), réparti en trois grands bassins ; bauxite, nickel, magnésite. En revanche, les ressources houillères sont insuffisantes, et la ré-