Выбрать главу

Frappée de discrédit par le crime de 1327, par la signature de traités désastreux avec l’Écosse et avec les Français en Guyenne*, l’opposition ne peut empêcher le jeune Édouard III*

de reprendre par la force le pouvoir.

Le nouveau souverain exile sa mère, fait condamner à mort Roger Mortimer de Wigmore le 29 novembre 1330 et joue finalement le sort de sa dynastie

au niveau international.

Il reconnaît, en effet, qu’en acceptant de redevenir vassal de Louis IX en 1258-59 Henri III a finalement aliéné de nouveau la souveraineté des Plantagenêts au profit de celle des Capé-

tiens, constate qu’il ne peut plus, de ce fait, agir en maître en Guyenne, où trois guerres ont déjà opposé Français et Anglais depuis 1293, et s’aperçoit qu’il lui est juridiquement impossible de porter les armes contre ses adversaires écossais, parce que ces derniers sont les alliés de son suzerain. Aussi décide-t-il de trancher définitivement le débat. Dans ce dessein, il revendique solennellement la couronne de France le 7 octobre 1337 en tant que petit-fils de Philippe IV le Bel et neveu par sa mère des trois derniers Capétiens.

Mais, en agissant ainsi, il renie l’hommage lige prêté solennellement à Philippe VI de Valois à Amiens le 6 juin 1329 et confirmé par la lettre fort explicite qu’il a adressée à ce souverain le 30 mars 1331.

La seconde guerre de Cent* Ans

semble d’abord devoir aboutir à la restauration de l’empire des Plantagenêts, lorsque la paix de Brétigny-Calais des 8 mai et 24 octobre 1360 abandonne, mais cette fois en toute souveraineté, Calais, Guînes, le Ponthieu et surtout toute l’Aquitaine à Édouard III, qui renonce en échange à ses prétentions à la couronne de France. En fait, l’inexécution du traité entraîne la ca-ducité de cette clause de renonciation.

Édouard III, qui se proclame de nouveau roi de France le 3 juin 1369, remet en jeu le prestige acquis par sa dynastie à la suite des victoires remportées à Crécy et à Poitiers respectivement par lui-même en 1346 et par son fils aîné, le Prince Noir Édouard (1330-1376), en 1356. C’est l’échec. Vaincues par du Guesclin*, ses forces perdent en effet le contrôle du royaume de France à l’heure même où son autorité en Angleterre s’affaiblit pour de nombreuses raisons : constitution de véritables apanages au profit de ses divers fils, dont Jean de Gand (1340-1399), devenu duc palatin de Lancastre ; formation de partis hostiles animés par ce même Jean de Gand et par le Prince Noir, qui se disputent l’exercice du pouvoir ; mort pré-

maturée du Prince Noir en 1376, etc.

Tous ces faits achèvent de miner de l’intérieur l’autorité monarchique, que le trop jeune Richard II (1377-1399) ne peut restaurer dans un royaume affaibli par la révolte des paysans en 1381 ainsi que par les prétentions des barons, dirigés par Thomas, duc de Gloucester, à limiter la prérogative de son royal neveu. Le souverain, impuissant à empêcher ses adversaires d’éliminer ses partisans avec l’appui du Parlement sans merci (Merciless Parliament), tente une dernière fois de restaurer l’autorité monarchique. Se constituant une retenue personnelle d’hommes de guerre sûrs, renouvelant en 1396 pour vingt-cinq ans les trêves de Leulin-ghen de 1388, obtenant par ce biais la main d’Isabelle de France, fille de Charles VI, il a enfin les mains libres pour éliminer ses adversaires. D’abord réussie, la tentative échoue lorsqu’il veut rattacher à la Couronne le duché de Lancastre à la mort de Jean de Gand en 1399. Le débarquement en Angleterre du fils de ce dernier prince, Henri de Lancastre, provoque le retour pré-

cipité de Richard II, alors en Irlande.

Vaincu et fait prisonnier par Henri, aussitôt reconnu roi d’Angleterre par le Parlement, le dernier des rois français en Angleterre meurt en 1400, assassiné sur l’ordre de son cousin germain et successeur, Henri IV (1399-1413).

Mais, si la dynastie des Plantagenêts disparaît au terme de cette longue série de crises marquée par l’affaiblissement irrégulier mais constant du pouvoir monarchique, par contre elle se survit à travers ses branches collatérales qui occupent le trône d’Édouard le Confesseur au XVe s. : les Lancastres* et les Yorks*.

P. T.

F Angleterre / Anjou / Aquitaine / Bretagne / Ca-downloadModeText.vue.download 603 sur 619

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15

8670

pétiens / Cent Ans (guerre de) / Écosse / Édouard III

/ Gascogne / Grande-Bretagne / Guyenne /

Henri II Plantagenêt / Irlande / Jean sans Terre /

Lancastre / Maine / Normandie / Poitou / Richard Coeur de Lion / Thomas Becket / Touraine / York.

T. F. Tout, The Place of the Reign of Edward II in English History (Manchester, 1914 ; nouv. éd., 1936). / C. Petit-Dutaillis, la Monarchie féodale en France et en Angleterre, Xe-XIIIe siècle (Renaissance du livre, coll. « Évolution de l’humanité », 1933 ; nouv. éd., A. Michel, 1950). / J. Boussard, le Comté d’Anjou sous Henri Plantagenêt et ses fils, 1151-1204 (Champion, 1938). / A. B. Steel, Richard II (Cambridge, 1941). / R. Foreville, l’Église et la royauté en Angleterre sous Henri II Plantagenêt, 1154-1189 (Bloud et Gay, 1944). /

S. Painter, The Reign of King John (Baltimore, 1949). / A. L. Poole, From Domesday Book to Magna Carta, 1087-1216 (Oxford, 1951 ; 2e éd., 1955). / F. M. Powicke, The Thirteenth Century, 1216-1307 (Oxford, 1953 ; 2e éd., 1962).

/ F. Barlow, The Feodal Kingdom of England, 1042-1216 (Londres, 1955). / J. E. A. Jolliffe, Angevin Kingship (Londres, 1955). / M. McKi-sack, The Fourteenth Century, 1307-1399, t. V

de Oxford History of England (Oxford, 1959). /

P. et C. Lauffray, les Plantagenêts (Rencontre, Lausanne, 1968).

L’empire des Plantagenêts

Ayant pour noyau originel l’Anjou, la Touraine et le Maine, augmenté de la Normandie par Geoffroi V le Bel en 1144, puis de l’Aquitaine et de l’Angleterre par Henri II respectivement en 1152 et en 1154, l’empire des Plantagenêts forme un immense État composite qui s’étend, au milieu du XIIe s., de la frontière de l’Écosse à celle des Pyrénées. Son prince songe d’ailleurs à en accroître l’extension territoriale. En premier lieu, il tente, en effet, d’affirmer sinon sa souveraineté, tout au moins sa suprématie féodale sur l’ensemble des îles Britanniques : Irlande, dont il contraint de nombreux chefs à lui prêter hommage en 1171-72 ; Écosse, dont le roi Guillaume le Lion (1165-1214) doit, par traité, se reconnaître son vassal « pour l’Écosse et pour toutes ses autres terres » après le soulè-

vement de 1173-74, auquel il eut l’imprudence de participer ; pays de Galles, où, malgré trois campagnes, il ne peut imposer qu’une suzeraineté nominale aux deux rois indigènes et dont l’annexion définitive aux biens des Plantagenêts n’est réalisée qu’en 1283 par Édouard Ier.

Hors des îles Britanniques Henri II réussit, en outre, à incorporer à son empire la Bretagne. Se prévalant, en effet, du titre de sénéchal de France, il contraint en 1166

le duc de Bretagne, Conan IV, à lui céder sa principauté, puis à donner en mariage sa fille Constance à son propre fils Geoffroi, qui devient ainsi duc nominal d’une Bretagne que le roi son père administre en fait directement. En outre, en accordant en fief des rentes en argent au comte de Flandre et en le liant à lui par un pacte de service militaire, en tentant, mais cette fois en vain, d’imposer sa suzeraineté au comte de Toulouse en 1159, il semble vouloir étendre la sphère d’influence de son empire à une nouvelle partie du royaume de France, dont il tient déjà la moitié occidentale sous son autorité directe.

Très vaste, cet Empire angevin souffre de son hétérogénéité territoriale et plus encore de sa diversité institutionnelle, puisque seules la Normandie et l’Angleterre sont dotées d’administrations régies par des principes communs et selon des méthodes très voisines. Deux éléments seulement permettent aux Plantagenêts d’assurer une relative cohésion à leur empire dans la seconde moitié du XIIe s. : les administrateurs, interchangeables d’un pays à l’autre, tel l’Anglais Robert de Tur-neham, qui devient sénéchal d’Anjou sous le règne de Richard Coeur de Lion ; l’armée, formée de mercenaires brabançons et gal-lois régulièrement soldés, et avec l’aide de laquelle Richard maintient son autorité en Limousin et en Auvergne.