Mais, très vite, les préférences personnelles des souverains de même que les contraintes politiques amènent les Plantagenêts à privilégier leurs possessions continentales. Berceau de la dynastie et de la majeure partie des grandes familles baronnales anglaises, fournissant au commerce anglais de nombreux produits indispensables à l’économie anglo-saxonne (vins du Val de Loire, du Poitou, puis, à partir du XIIIe s., de Guyenne, blés, étoffes), les terres d’outre-mer constituent dans la seconde moitié du XIIe s. l’élément essentiel de l’empire des Plantagenêts. Rois français en Angleterre, Henri II et Richard Coeur de Lion passent l’essentiel de leur temps sur le continent, le premier ne séjournant que treize ans en Angleterre pendant un règne de trente-quatre ans, le second ne faisant que quelques rapides visites outre-Manche.
L’insubordination foncière des chefs des grandes seigneuries, l’éternelle menace capétienne contribuent d’ailleurs à fixer
les Plantagenêts au sud de la Manche, jusqu’au moment où la commise de leurs terres tenues en fief du roi de France le 28 avril 1202 sonne le glas de cet empire auquel les Capétiens enlèvent tour à tour la Normandie (1202-1204), l’Anjou, le Maine et la Touraine (1203-1205), le Poitou (1224). Ayant perdu toute continuité territoriale dès 1202, l’Empire angevin n’est plus. Pourtant, ce n’est qu’en mai 1258 que les Plantagenêts consentent à reconnaître les faits accomplis par le traité de Paris, aux termes duquel Henri III accepte de prê-
ter hommage lige aux Capétiens pour la Guyenne.
Dernier et lointain témoin de leur ancien empire, ne maintenant que difficilement des contacts avec l’Angleterre grâce aux flottes du vin, la Guyenne reste pourtant le point d’appui privilégié des Plantagenêts pour mener leurs opérations de la guerre de Cent Ans, encore que leur but ait été sans doute moins la reconquête de leur domaine continental que la suppression du lien féodal qui les unit aux Capétiens et qui limite de ce fait leur souveraineté en tant que rois d’Angleterre.
plantes
médicinales
Plantes contenant des substances actives sur les organismes vivants et employée comme médicaments.
Historique
Les plantes médicinales constituent la plus ancienne des thérapeutiques.
C’est aux plantes que les hommes eurent d’abord recours pour soulager leurs maux. Certaines qui connurent un usage important sont pratiquement abandonnées, telle la moutarde, qui, sous forme de cataplasme ou de pédi-luve, constituait le révulsif de choix au début du XXe s. Par contre, de modestes fleurs, comme les Pervenches, ont pris une importance considérable à la suite des travaux du professeur M. Janot et de ses collaborateurs. La découverte de la vinca leucoblastine, alcaloïde de la Pervenche tropicale, a apporté une arme efficace dans la lutte contre les leucémies.
Avant d’être scientifique, la botanique* fut d’abord médicale, et la clas-
sification des plantes d’après leur indication thérapeutique se prolongea très longtemps. Dans ses Dictées de botanique faites au Jardin royal des Plantes de Paris, Bernard de Jussieu classe les plantes selon leur action assoupissante, corroborative, sternutatoire... et divise les plantes vulnéraires en maturatives, en détersives et en incarnatives.
La phytothérapie, ou médication
par les plantes, progressa au cours des siècles à mesure que les découvertes des voyageurs augmentaient le nombre des plantes, que l’acclimatation, la connaissance de leurs conditions de culture amélioraient leur rendement et downloadModeText.vue.download 604 sur 619
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15
8671
leur qualité, et surtout que l’étude de leurs propriétés se développait.
Malgré les réalisations spectaculaires de la chimiothérapie*, la thé-
rapeutique a toujours recours à l’emploi des plantes médicinales, dont les propriétés sont irremplaçables.
Parmi celles-ci, la plus typique est la Digitale*.
La France utilise annuellement plus de 10 000 t de plantes médicinales, mais elle n’en produit qu’à peine la moitié.
Pendant très longtemps, on attribuait aux plantes sauvages ou spontanées une activité et des qualités supérieures aux plantes cultivées. Ainsi, le codex de 1884 prescrivait d’extraire la digitaline cristallisée des feuilles de Digitale récoltées sur les versants des Vosges.
Dans l’édition de 1908, il est encore indiqué que les feuilles de Digitale doivent être récoltées sur la plante sauvage et croissant dans les lieux secs.
Excepté le Gui et le Drosera, qui sont récoltés par cueillette sur leurs gîtes naturels, la plupart des plantes médicinales proviennent de cultures qui, par la sélection des plantes, le choix des terrains, une meilleure connaissance des procédés, donnent des produits dont la qualité et l’efficacité sont largement améliorées par la teneur et la
stabilité de leurs principes actifs.
Normalisation des plantes
médicinales
La nécessité de fixer des normes auxquelles doivent se conformer les plantes médicinales est apparue dès que leur culture s’est substituée à la cueillette des plantes sauvages. L’activité des échantillons varie selon les régions d’origine. La Fédération internationale pharmaceutique possède une section qui s’occupe de ces questions de standardisation, en relation avec l’International Standardization Organization (ISO) de Genève et l’Association française de normalisation (AFNOR). Les normes portent sur la dénomination, les caractères morphologiques, organolep-tiques, anatomiques et physico-chimiques.
Les teneurs minimales en principes actifs ainsi que les techniques de dosage à employer sont également précisées.
L’usage des plantes
médicinales
Les tisanes sont des préparations aqueuses qu’on peut édulcorer légèrement et qui sont destinées à servir soit de véhicule pour diverses substances médicamenteuses, soit de boisson.
Pour leur préparation, on a recours, selon la nature et la partie employée, à la solution, à la macération, à l’infusion, à la digestion ou à la décoction, la durée et la température intervenant de façon précise dans chacune de ces opérations.
On emploie très souvent les plantes associées différemment selon le but thérapeutique recherché. Ces associations de plantes prennent le nom d’es-pèces, mélanges de plusieurs plantes ou
parties de plantes séchées et divisées en petits fragments. Les substances qui composent les espèces doivent être mondées, incisées ou concassées et enfin dépoussiérées.
La pharmacopée de 1965 n’a retenu que la composition des espèces pectorales, ou « fleurs pectorales », mais la préparation des espèces apéritives, calmantes, digestives, purgatives, stoma-chiques et vulnéraires est toujours très pratiquée. Il existe un grand nombre de formules de mélanges de plantes, dont les noms rappellent soit une origine géographique, soit une indication (tisane antilaiteuse, antirhumatismale...).
Les plantes s’emploient également sous forme de poudres, obtenues à partir de l’organe végétal le plus actif : poudres de racine (Aconit), de fruit (Ciguë), de feuille (Digitale).
Très vite, on a cherché à augmenter l’activité thérapeutique des plantes en les concentrant. C’est ainsi que sont nées les différentes formes galéniques, telles que les hydrolats, les alcoolats, les teintures, les extraits, fluides, mous ou secs.