Le faible prix des produits pétroliers a permis, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, d’obtenir la plupart
des résines plastiques à des prix très bas. Leurs usages sont d’abord de substitution : les matières plastiques ont remplacé les résines naturelles, puis le bois et le papier en matière d’emballage, avant de remplacer le verre. Elles sont plus isolantes que les gommes utilisées jusqu’alors ; on n’aurait pas pu produire les équipements électroniques modernes sans les propriétés isolantes des polyéthylènes, dont la production fut ainsi activement stimulée par la guerre. Les matières plastiques commencent à se substituer au bois dans bon nombre d’articles d’ameublement.
Elles sont incorporées dans la plupart des équipements mécaniques : plus de 20 kg, en moyenne, dans une voiture moderne. La croissance rapide de la consommation tient à tous les avantages qu’apportaient ces substitutions : la matière plastique est généralement meilleur marché que les produits qu’elle remplace ; elle possède des qualités très supérieures et se travaille plus facilement ; elle se soude à chaud sans difficulté et peut être moulée aisément.
Depuis quelque temps, la croissance de la demande fléchit un peu. Cela tient à deux phénomènes. Dans certains domaines, les campagnes contre la pollution ont entraîné un recul ; pour l’emballage, par exemple, on s’aper-
çoit de l’inconvénient d’avoir un maté-
riel trop parfait, non biodégradable, qui ne s’élimine pas naturellement. Mais le fait le plus important, c’est que, désormais, les matières plastiques se font surtout concurrence entre elles.
Les possibilités d’emploi sont, cependant, considérables : on produit dans le monde environ 30 Mt de matières plastiques par an, soit l’équivalent de 8 kg par habitant et par an, alors que la consommation dépasse 50 kg par an en Allemagne de l’Ouest, 40 kg aux États-Unis et 25 kg dans la plupart des pays industrialisés.
Le développement rapide de la production n’a été possible que grâce à la structure très concentrée des premiers stades de la fabrication. C’est là un fait assez récent : il n’existait pas lorsque les matières plastiques provenaient de produits agricoles transformés, à l’époque du Celluloïd et de
la galalithe. La concentration s’est esquissée lorsque on s’est lancé dans l’utilisation des phénoplastes, ce qui a donné un grand poids aux firmes spécialisées dans la chimie des déri-vés du charbon. L’accélération coïncide cependant surtout avec la mise au point des plastiques modernes, que l’on peut presque tous tirer du pétrole ou du gaz naturel. Les grandes socié-
tés pétrolières, seules ou en association avec les vieilles firmes chimiques, ont fait l’effort de recherche et de développement nécessaire à la mise au point des nouveaux procédés. Elles ont, en même temps, prospecté les marchés, poussé à la création de tout le matériel d’utilisation. Elles ont édifié des usines capables de fournir de très grandes quantités de produits de base, tels les polyéthylènes, les polystyrènes, les polyamides, le chlorure de vinyle.
La géographie de la production
Où a-t-on implanté ces unités gigantesques ? Pour assurer leur ravitaillement en grands intermédiaires, il est indispensable qu’elles puissent recevoir un ravitaillement facile en gaz naturel ou en produits venant de raffineries assez puissantes pour justifier la construction d’unités de pétrochimie modernes ou qu’elles puissent disposer des produits issus de la carbochimie.
De plus en plus, d’ailleurs, les établissements localisés sur le charbon dé-
pendent de raffineries pour une partie de leurs approvisionnements. En France, par exemple, les produits de base sont fournis par les usines installées sur les bassins houillers (Mazingarbe dans le Nord, Carling en Lorraine, mais qui utilise des produits de la raffinerie sar-roise de Klarenthal) et par celles qui sont liées aux raffineries : Basse-Seine (Port-Jérôme, Gonfreville) ; Donges ; Lavéra, Berre et La Mède sur l’étang de Berre ; Feyzin. Enfin, le gisement de Lacq a attiré à Pardies un groupe puissant. En Italie, en Allemagne fédérale, la concentration géographique est plus poussée encore : quatre établissements dans le premier pays, cinq dans le second dominent la production. Jusqu’à présent, la fabrication des matières plastiques est uniquement l’affaire des grandes puissances industrielles. Avec le glissement de la pétrochimie vers certains pays producteurs de pétrole et
de gaz, avec l’inquiétude que suscite l’implantation de nouveaux complexes dans des pays trop industrialisés et menacés de pollution, il en ira peut-être différemment dans quelques années.
À l’heure actuelle, la C. E. E. assure le tiers de la production mondiale, les États-Unis un peu plus du quart, le Japon le cinquième. Les pays de l’Est sont encore loin derrière ceux de l’Europe occidentale, mais la production de l’Allemagne de l’Est est comparable, eu égard à sa population, à celle de la France ou de la Grande-Bretagne.
Celle de l’U. R. S. S. croit rapidement.
Les Pays-Bas doivent les progrès spectaculaires de leur production à l’importance des raffineries et des complexes pétrochimiques qu’ils abritent, comme aussi à leurs ressources abondantes en gaz naturel. L’Allemagne de l’Ouest a une position très forte : elle le doit sans doute à sa longue tradition chimique, à la place que les plastiques tiennent dans un bon nombre de fabrications depuis la dernière guerre. Si la production des matières plastiques brutes est concentrée, leur utilisation est au contraire le fait d’une multitude d’entreprises. Les pièces et les éléments destinés à l’industrie représentent un quart de la production des matières plastiques, l’emballage et le conditionnement près d’un cinquième, la production de biens de consommation un sixième. Dans tous ces domaines, la demande est variée à l’infini. Rien d’étonnant à ce que l’on ait compté en France, en 1967, 2 340 entreprises travaillant les matières plastiques ; mais elles n’employaient en moyenne que 35
ouvriers, et 7 p. 100 seulement d’entre elles dépassaient le chiffre de 100. On connaît la localisation de ces activités, leur dispersion et aussi la place tenue par la région d’Oyonnax. Le contraste de structure entre les deux secteurs de l’élaboration des objets en matières plastiques — concentration en amont, pulvérisation en aval — explique en partie le succès de ces industries dans des pays à industries anciennes, mais dynamiques comme l’Allemagne fédé-
rale, la France, l’Italie ou le Japon.
P. C.
F Cellulosiques (dérivés) / Élastomère / Expansé (matériau) / Moulage / Polymère semi-organique
et inorganique / Polymérisation / Thermodurcissable (résine) / Thermoplastique (résine).
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Plathelminthes
Embranchement d’animaux compre-
nant des Vers dont le corps est aplati dorso-ventralement : Planaire, Douve, Ténia.
Introduction