La résistance à la corrosion a conduit à utiliser le platine pour confectionner des creusets et des électrodes.
La préparation de ces métaux à l’état pur comporte une série de séparations à partir de l’attaque de leurs minerais complexes par l’eau régale.
Le platine, le palladium ainsi que l’or (et à un moindre degré l’argent) sont considérés comme des métaux précieux vu leur rareté et leur bonne conservation dans les conditions ordinaires.
Principaux dérivés
Avec le rhodium et l’iridium, on rencontre surtout des dérivés rattachés aux nombres suivants d’oxydation :
Le palladium et le platine présentent des analogies plus grandes avec le nickel qu’il n’en existe entre les autres éléments de ce groupe du platine et les éléments correspondants de la première triade : ainsi, le nickel et le palladium donnent généralement des déri-vés liés au nombre d’oxydation II, et downloadModeText.vue.download 612 sur 619
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15
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le platine, seul, donne des familles de dérivés également importantes reliées aux nombres d’oxydation II et IV.
Le ruthénium et l’osmium mani-
festent une parenté avec le fer analogue à celle du molybdène et du tungstène avec le chrome. Ils donnent naissance à un ensemble de dérivés rattachés à une grande variété de nombres d’oxydation (on a mis entre parenthèses les nombres d’oxydation les moins fréquents) : La plupart des halogénures peuvent être obtenus par combinaison directe.
L’osmium et l’iridium, seuls, donnent des hexahalogénures (qui se limitent aux hexafluorures OsF6 et IrF6).
La plupart de ces halogénures sont fortement colorés ; ce sont des solides dont la volatilité croît généralement avec le nombre d’oxydation de l’élé-
ment de ces triades. On connaît aussi de nombreux complexes halogènes, en particulier avec la coordinence 6. Les principaux oxydes connus sont cités
dans le tableau suivant : On connaît des ruthénates, tel
K2RuO4 ; on a obtenu des produits de réaction entre OsO4 et des bases alcalines ; les sulfates de rhodium III et d’iridium III forment des aluns.
H. B.
R. Gadeau, Métaux non ferreux (A. Colin, 1959).
Platon
Philosophe grec du Ve s. av. J.-C.
(Athènes 427 - id. v. 348).
La vie
Platon est né en 427 (428 ou 429 selon d’autres traditions, dont l’une précise le jour : le 7 du mois de Thargêliôn, c’est-
à-dire le jour anniversaire d’Apollon) et a vécu quatre-vingts (ou quatre-vingt-un ans : une biographie pythagoricienne préfère ce chiffre, qui est le carré de 9). Il est issu d’une famille noble. Critias, l’un des Trente, était son oncle maternel. Il a eu deux frères (Adimante et Glaucon), une soeur (Potoné, dont le fils, Speusippe, prendra sa suite à la direction de l’Académie) et, sa mère s’étant remariée après la mort de son père, un demi-frère (Antiphon).
Tous ces personnages apparaissent dans les dialogues.
Aristote* est à l’origine de la tradition qui fait suivre d’abord à Platon les leçons du philosophe héraclitéen Cratyle. Platon a vingt ans lorsqu’en 407, semble-t-il, il fait la rencontre de Socrate*, qui en a alors soixante-trois.
Les relations entre les deux hommes vont durer huit ans, jusqu’à ce qu’en 399 Athènes condamne Socrate à boire la ciguë. D’après le Phédon, Platon, malade, ne pourra assister aux derniers moments de celui dont la mort fut peut-
être pour lui l’expérience de l’injustice même, le scandale par excellence, à partir duquel tout le sérieux de la philosophie ainsi que sa vocation politique lui apparurent.
Lié à l’aristocratie, Platon trouve sans doute de son goût les critiques
que Socrate ne ménage pas contre les principes et les moeurs de la démocratie. Pourtant, malgré les attaches familiales qui le lient avec certains des instigateurs du coup d’État des Trente, l’oligarchie instaurée en 403-402 ne le satisfait pas davantage : « Je m’écartai des abominations qui alors se commet-taient », dit-il dans la Lettre VII. La mort de Socrate, même si ses dirigeants n’en sont pas directement responsables, n’améliore pas pour autant les sentiments de Platon pour la démocratie revenue. D’ailleurs (est-ce crainte de représailles contre les anciens amis de Socrate ?), il part alors quelque temps pour Mégare, où Euclide le Socratique et son groupe l’accueillent. C’est de son retour à Athènes que datent vraisemblablement ses premiers dialogues ainsi qu’un premier groupe d’amis et d’élèves, dont il est le centre : c’est une préfiguration de l’Académie.
Commencent alors des années de
voyages. Le premier le conduit en Égypte (il s’y rend, dit-on, en négociant avec une cargaison d’huile qu’il veut vendre à Naukratis), puis à Cy-rène, où il rencontre l’un des protagonistes du futur Théétète, Théodore le mathématicien, et Aristippe de Cyrène, qui avait été de l’entourage de Socrate.
Un deuxième voyage le mène en Italie du Sud, où il veut rencontrer le pythagoricien Archytas, sans doute moins (comme certaines traditions le laissent entendre) pour être initié à quelque doctrine secrète que simplement pour connaître cet homme, qui avait instauré à Tarente un gouvernement dont les principes reposaient sur la philosophie. Invité par Denys l’Ancien, tyran de Syracuse, Platon gagne ensuite la Sicile. Mais son séjour à la cour du tyran, où règne une vie extrêmement dissolue, sera bref : un conflit sur lequel nous ne savons pas grand-chose, mais qu’il n’est pas difficile d’imaginer, l’oppose bientôt à Denys, qui le met d’office dans un bateau. Cette première aventure sicilienne de Platon va connaître une fin picaresque. Le bateau fait escale à Égine, où Platon est gardé comme esclave, mais, reconnu par un certain Annicéris qu’il avait rencontré à Cyrène, Platon est finalement racheté et libéré. Il est de retour à Athènes en 387.
Il achète alors un gymnase et un parc situés au nord-ouest de la ville et y fonde l’Académie (c’était le nom du lieu), première école de philosophie dont l’existence soit historiquement incontestable. L’Académie est dotée d’un statut juridique propre, a un règlement intérieur, dispose de logements destinés aux élèves et, en plus des salles de cours, d’un muséum où sont conservés livres et objets scientifiques.
Xénocrate, Héraclide du Pont, Eudoxe de Cnide, Théétète, Speusippe, Aristote figurent parmi les maîtres. Il ne semble pas que le dialogue socratique y soit la seule méthode d’enseignement en vigueur : le recours au livre n’est pas exclu (comme en témoigne l’existence d’écrits de Platon lui-même) ni l’exposé continu, comme, à ce qu’il semble, c’est le cas des doctrines non écrites de Platon qu’Aristote a transmises. Le rayonnement de l’Académie est considérable. Du monde hellénique entier, on vient y acquérir une philosophie dont le but avoué est politique : établir la justice.
Denys l’Ancien meurt en 367, et son fils, Denys le Jeune, lui succède. Dion, beau-frère du premier, propose alors à Platon (dont il a été l’élève) de revenir à Syracuse. Certains disent que la République vient d’être écrite et que Platon voit dans cette offre l’occasion d’en mettre les principes à l’épreuve en entreprenant de faire du jeune tyran un philosophe. Il confie donc la charge de l’Académie à Eudoxe. Mais à un accueil chaleureux succède vite la mé-
fiance. Dion et Platon sont soupçonnés de vouloir exercer le pouvoir pour leur propre compte. Le premier est alors exilé, et Platon reste quelque temps prisonnier dans le palais royal, jusqu’à ce que, obligé lui-même de partir pour une expédition militaire, Denys se dé-
cide à le relâcher. Telle est la deuxième aventure sicilienne.