du coton (byssinose), du chanvre (can-nabiose) et du lin (linose). On observe des troubles allergiques avec anticorps aboutissant à des infiltrations pulmonaires accompagnées de dyspnée et de fièvre, et pouvant évoluer vers une insuffisance respiratoire définitive (poumon des fermiers, particulièrement fréquent avec les manipulations de foin moisi, bagassose [canne à sucre]).
Enfin, l’allergie peut se manifester par un asthme, particulièrement après inhalation de poussières de bois, surtout de bois exotiques. Certaines pneumopathies chimiques sont liées à l’inhalation de poussières caustiques ; certaines surinfections peuvent s’observer, comme le charbon des trieurs de laine.
Le cancer pulmonaire par inhalation est connu avec les poussières arseni-cales, les sels de chrome, les poussières radioactives, les suies riches en hydrocarbures cancérigènes et peut-être les fibres de certaines amiantes.
La silicose a été une maladie professionnelle particulièrement fréquente, exceptionnellement grave ; les mesures de prévention ont considérablement réduit le nombre des silicoses radiologiques et celui des insuffisances respiratoires par pneumoconioses, l’allergie pulmonaire devenant la cause essentielle des troubles professionnels actuellement observés.
E. F.
M. Linquette et C. Voisin, la Silicose et autres pneumoconioses (Flammarion, 1961). /
Recherches fondamentales sur les pneumoconioses (Masson, 1967).
pneumologie
F POUMON.
Pô
Fleuve d’Italie, tributaire de
l’Adriatique.
C’est le fleuve le plus important d’Italie. Sa source se trouve à 2 022 m d’altitude, au Piano del Re, sur le flanc nord du mont Viso. De là, il traverse
longitudinalement toute la plaine padane, sur une longueur de 652 km.
Son bassin fluvial est de 70 472 km 2.
C’est d’abord un torrent alpin, à forte pente, se dirigeant vers le nord-est et recevant des affluents des Alpes Cot-tiennes (Maira, Varaita, Pellice). À
Turin, à 70 km de sa source, il n’est plus qu’à 214 m d’altitude et a un débit moyen de 81 m3/s (maximal de 2 230 m3/s et minimal de 9 m3/s). Sa pente se fait alors plus douce, et son débit augmente grâce aux apports de la Doire Ripaire, de la Stura di Lanzo, de l’Orco et surtout de la Doire Baltée (160 km) ; cet affluent, né au pied du massif du Mont-Blanc, a un débit moyen de 105 m3/s au confluent avec le Pô. Le Pô se dirige alors vers l’est, en dessinant de nombreux méandres.
Jusqu’au confluent avec le Mincio, les cours d’eau venus des Alpes vont l’emporter. Sur la rive droite, les affluents apennins sont mineurs (Trebbia, Nure, Taro, Parma, etc.), à l’exception du Tanaro ; ce dernier (276 km ; 130 m3/s) recueille les eaux des Alpes maritimes (Stura di Demonte) et ligures (Bormida et ses affluents). Par contre, sur la rive gauche, des apports notables ont lieu, dont on ne retiendra que les principaux.
La Sesia (138 km ; 32 m3/s) descend du mont Rose. Le Tessin (248 km ; 321 m3/s) amène les eaux du massif du Gothard à travers le lac Majeur.
L’Adda (313 km ; 160 m3/s) court
entre les Alpes Rhétiques et Orobie (formant la Valteline), se jette dans le lac de Côme et reçoit, avant d’atteindre le Pô, le Brembo et le Serio. L’Oglio (280 km) vient du Cevedale à travers le lac d’Iseo, et le Mincio (194 km ; 60 m3/s) de l’Adamello et des Dolo-mites à travers le lac de Garde. Plus à l’aval, ce sont les rivières du versant apennin qui dominent avec la Secchia (172 km) et le Panaro (166 km). À Pon-telagoscuro, le Pô a un débit moyen de 1 460 m3/s (maximal de 8 900 m3/s et minimal de 275 m3/s). Sa pente est très faible, car, à Ostiglia, à 150 km de l’embouchure, il n’est plus qu’à 2 m au-dessus du niveau de la mer.
La masse énorme d’alluvions apportée par les affluents est en partie déposée dans le lit, qui est ainsi surélevé par rapport à la plaine environnante dès la confluence avec le Tessin. À l’entrée du delta, le Pô domine de 6 m le ter-
rain alentour, et les hommes ont dû bâtir de grandes digues de protection.
Le fleuve parcourt les cent derniers kilomètres de son cours, dans un vaste delta et se jette dans l’Adriatique par cinq bras (Po di Maestra, della Pila, di Tolle, della Gnocca, di Goro), qui sont à peine séparés de l’embouchure de l’Adige et de celle de la Brenta (au nord de laquelle se trouve la lagune de Venise). Ce delta a avancé de 25 km depuis l’époque romaine, et l’action de l’homme s’y marque fortement.
Le régime du Pô est très équilibré.
Les affluents de rive gauche sont de régime nival ou glaciaire, avec des hautes eaux de printemps ou d’été ; pour certains, leur régime est régularisé par la traversée des lacs. Les affluents de rive droite, au débit plus faible, sont beaucoup plus irréguliers, avec des hautes eaux de printemps et d’automne. Il y a donc pour le Pô une certaine compensation ; l’étiage, qui a lieu en juillet et en hiver, est à peine marqué. Cela n’exclut pas de fortes crues, qui peuvent amener la rupture des digues et des inondations catastrophiques sur des milliers d’hectares.
L’utilisation économique du Pô
prend des formes multiples. Tout au long de son cours, le fleuve est soumis à de lourdes ponctions pour l’irrigation.
Son delta est un monde complexe. Les parties émergées ont été bonifiées à diverses époques ; on distingue les terres de vieille bonification (terre vecchie) et celles de bonification plus récente (bo-nifiche moderne). Elles sont gagnées par les cultures, notamment les arbres fruitiers. Les secteurs de lagunes sont animés par la pêche (valli a pesca de la lagune de Comacchio). Une société originale de pêcheurs subsiste dans le delta. Enfin, il y a la navigation. Depuis l’Adriatique, à partir d’un petit bras (le Pô di Levante), on peut remonter le Pô jusqu’à Crémone et même Plaisance.
Au-delà, des travaux en cours amé-
liorent la navigation jusqu’à Pavie, afin de la rendre commercialement rentable.
À ce trajet de 382 km s’ajoutent plus de 700 km de voies navigables sur les affluents et sur divers canaux. Ainsi, Mantoue est atteint par le Mincio, Porto Garibaldi est rejoint depuis Pon-telagoscuro (Idrovia Ferranese) ; on
accède à la lagune de Venise à travers l’écluse de Volta Grimana. Le trafic fluvial total est d’environ 3 Mt. Le port de Crémone a un trafic total de 1,2 Mt.
Les produits transportés sont essentiellement des hydrocarbures et des maté-
riaux de construction. La voie fluviale doit être aménagée pour permettre le passage de péniches de 1 350 t en tous ses points. De nombreux projets de canaux groupés autour de l’axe du Pô ont vu le jour ces dernières années. Le plus important d’entre eux est le projet du canal Milan-Crémone-Pô, dont les travaux ont commencé il y a plusieurs années. Par ailleurs, les rives du Pô ont également fixé des centrales thermiques (à Plaisance par exemple), et le tourisme fluvial y fait son apparition.
Ce fleuve, souvent redouté pour ses colères, peut devenir une grande artère commerciale, point fort d’une navigation interne touchant toutes les parties de la plaine padane.
E. D.
F Émilie-Romagne / Lombardie / Piémont /
Vénétie.
Poe (Edgar Allan)
Écrivain américain (Boston 1809 - Baltimore 1849).
Journaliste, inventeur, poète, romancier, Poe est surtout connu comme auteur de contes, dans lesquels une imagination morbide, inquiète, jointe à l’emploi de la science-fiction*, pré-
figure certaines tendances de la littérature du XXe s. Aux États-Unis, sa réputation fut longtemps médiocre. C’est l’étranger, surtout la France, qui fit sa fortune littéraire. Découvert en 1848
par Baudelaire*, qui le traduit et voit en lui son double, Edgar Poe devient pour Baudelaire, puis pour Mallarmé et Valéry le prototype de l’archange maudit. « Les États-Unis, écrit Baudelaire, ne furent pour Poe qu’une vaste prison qu’il parcourait avec l’agitation d’un être fait pour respirer dans un monde plus normal que cette grande barbarie éclairée au gaz ; sa vie intérieure, spirituelle de poète et même d’ivrogne n’était qu’un effort pour échapper à celle atmosphère antipathique. »