P. Miquel, Poincaré (Fayard, 1961). / G. Worm-ser, le Septennat de Poincaré (Fayard, 1977).
poinçon
Marque insculpée sur les ouvrages en métaux précieux et sur certains autres en métal commun.
Généralités
Les poinçons sont apposés obligatoirement ou facultativement. Ils peuvent attester ou représenter un contrôle d’État, une garantie de titre, une origine de fabrication ou de commu-
nauté, l’identité d’un orfèvre ou d’un fabricant, le paiement d’un impôt sur les ouvrages en métaux précieux, une autorisation d’importation ou d’exportation, des recenses de toute nature, des symboles corporatifs, etc. Ces marques sont frappées à l’aide de petits outils, ou poinçons (d’où le nom donné aux marques qu’ils laissent sur le métal), ayant la forme d’un bâton de fer ou
d’acier à section ronde, carrée ou polygonale. La pointe, effilée, est gravée à son extrémité d’un emblème choisi (initiales, couronne, figures diverses) devant figurer le poinçon. L’insculpation est obtenue par une frappe sèche, d’un coup de maillet donné à l’extré-
mité supérieure de l’outil. La ligure ou les lettres du poinçon se lisent généralement en relief sur leurs découpes en creux. Dans la fabrication industrielle, ce poinçonnage se fait mécaniquement.
En France, les poinçons officiels apposés par les services de la Garantie comportent à leur revers une contremarque obtenue par un poinçonnage effectué sur une bigorne. Employées en France depuis le 9 mai 1838, les bigornes sont de petites enclumes en acier dont la surface est gravée, en relief, d’insectes variés et assemblés par familles dans des bandes régulières. L’ouvrage à downloadModeText.vue.download 21 sur 651
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 16
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poinçonner y est placé de façon à recevoir, à la frappe, la contrepartie opposée au poinçon, faite alors d’une ou de plusieurs parties des figures d’insectes de la bigorne. Cette contremarque ré-
duit les fraudes possibles.
Dimensions
Les poinçons peuvent être insculpés sur les ouvrages en métaux précieux (or, argent, platine), sur l’orfèvrerie de métal argenté, les étains, les bronzes dorés, etc. La fabrication des pièces d’étain a été soumise, comme celle des pièces d’orfèvrerie, à des poinçons de contrôle, et ce depuis le XIVe s. De plus grande taille, ces poinçons ont de grands points communs avec ceux de l’orfèvrerie. Les bronziers du XVIIIe s.
signaient leurs ouvrages, et l’on connaît depuis peu de temps l’institution qu’ils avaient faite de poinçons corporatifs destinés à distinguer une production de qualité, tel le petit poinçon dit « au C couronné ».
Pour l’orfèvrerie, la bijouterie, la joaillerie, l’insculpation doit tenir compte du caractère précieux et souvent fragile de certains objets (montres,
tabatières, chaînettes). Ces marques sont généralement petites. L’État et les orfèvres utilisent plusieurs dimensions d’un poinçon de même type, appropriées aux grandeurs des ouvrages et à la place souvent exiguë restant disponible sur la pièce pour cette opération.
La grandeur des poinçons n’a cessé d’évoluer avec la volonté des pouvoirs administratifs. Les poinçons furent jugés tour à tour trop petits ou trop grands. Au XVe s., certains poinçons de maître atteignent 1 cm de hauteur.
En 1679, la dimension est ramenée à 4,5 mm sur 3 mm environ. De nos jours, les poinçons officiels varient de 2,7 mm sur 2,3 mm pour ceux d’argent à 1,2 mm sur 0,8 mm pour ceux de l’or et certains petits poinçons de recense des menus ouvrages. Les dimensions des poinçons des métaux précieux dans tous les pays d’Europe se situent sur les mêmes bases.
Emplacements
Sur les pièces d’orfèvrerie, le mode et les points d’application ont toujours été réglementés. Dans un édit de 1672, provoqué par Colbert et signé par Louis XIV, on relève que les aiguières seront marquées au corps, au couvercle et au collet pour les poin-
çons de marque et de contremarque, aux deux coquilles de l’anse, au bec et à la doucine du pied pour le poinçon de maître. En 1838, celles-ci doivent être marquées au corps, au versoir, au pied et à l’anse ; le couvercle sur la bâte et le dessous. Toutes les pièces d’orfèvrerie et de bijouterie doivent donc être ré-
gulièrement marquées en des endroits exactement désignés. De nos jours, plus de deux cents de ces points exacts sont parfaitement définis.
Historique
y Le poinçon de maître est le plus ancien. Les noms de quelques or-fèvres de l’Antiquité sont connus parce qu’ils figurent en toutes lettres sur quelques-unes des pièces qui
nous sont parvenues. Ces pièces
prennent souvent le nom de leur or-fèvre (la croix de Garnerius, le ciboire d’Alpais). En France, le poinçon de maître, après avoir été facultatif, fut imposé par le pouvoir royal (1355 et
1378). L’orfèvre choisit à côté de ses initiales un « contreseing », nommé par la suite devise, puis symbole, aujourd’hui différent (étoile, coeur, croix, fleur, clé, etc.). À ces marques viendra s’ajouter, pour Paris surtout, une fleur de lis couronnée. En province, le poinçon de maître comporte souvent l’emblème emprunté aux armes de la ville où siège la Communauté, et sa disposition présente de grandes variantes par rapport à celle du poinçon de maître des orfèvres parisiens. On y lit parfois le nom du maître en entier (à Toulouse et à Montpellier notamment). La forme du poinçon de maître actuel est obligatoirement losangique.
y Le poinçon de jurande garantit le titre des métaux précieux. Il apparaît dès 1320, apposé par des gardes (contrôleurs) nommés par la corporation. Au nombre de deux à six suivant l’importance de la Communauté, ces contrôleurs sont renouvelés chaque année et adoptent pour se distinguer de leurs prédécesseurs un poinçon composé d’une lettre qui suit l’ordre de l’alphabet. Ce poinçon de jurande, appelé souvent lettre-date, définis-sait ainsi parfaitement l’année de fabrication.
y Les poinçons de charge et de dé-
charge apparurent beaucoup plus tard.
Successivement, Henri III en 1579 et Louis XIII en 1631 furent à l’origine des taxes spéciales frappant les ouvrages d’orfèvrerie au profit du Trésor royal. Celui-ci institua une catégorie de fermiers chargés de percevoir ces droits et de marquer les objets les ayant acquittés. En 1672 et en 1674, Louis XIV les établit d’une façon plus rigoureuse encore : la pièce d’orfè-
vrerie était présentée à la marque et enregistrée par le fermier. Elle rece-vait alors son poinçon de charge. À
sa finition, elle ne pouvait être vendue qu’après apposition par le fermier d’un poinçon dit « de décharge », qui attestait le paiement des droits de mise en circulation. À ces quatre poinçons principaux, qui se subdivisent pour chacun d’eux en poinçons pour les gros ouvrages et en poinçons pour les petits ouvrages, viennent s’ajouter quantité de petits poinçons particuliers : celui de la vieille vais-
selle, celui du gratis (ouvrage exempt de droits pour des personnalités privilégiées), etc.
Tous ces poinçons disparurent après 1789 à l’abolition des corporations. De nouvelles catégories de poinçons furent établies par la loi du 19 brumaire an VI pour aboutir aux poinçons actuels.
Les poinçons de
l’orfèvrerie étrangère
La garantie du titre des métaux pré-
cieux, la perception des impôts d’État donnent lieu, dans tous les pays, à l’apposition de poinçons qui ont de grandes analogies entre eux. Les titres garantis sont presque tous différents et quelquefois fort nombreux dans un même pays ; les poinçons de maître ne sont pas toujours obligatoires, et l’on trouve, en remplacement du poinçon de jurande français, un poinçon dit d’essayeur, où sont représentées, comme pour le poinçon de maître, les initiales du nom du fonctionnaire. C’est en Grande-Bretagne que la réglementation est la plus stricte : les principaux poinçons sont le maker mark (poinçon de maître), le mark of origin (poinçon de ville qui indique la ville d’origine des pièces), l’assay mark (poinçon d’essai, qui garantit le titre), le date letter (lettre-date, qui, changeant chaque année à l’instar de l’ancien poinçon français lettre-date, permet une datation exacte des pièces anglaises, alors qu’en France, après la suppression de ce système en 1789, il n’est pratiquement plus possible de situer l’année de fabrication d’aucune pièce d’orfèvrerie) et le duty mark (poinçon de droit, qui, institué en 1784 et disparu en 1890, représentait la figure du souverain en exercice).