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Mais c’est vers l’est que la croissance est la plus spectaculaire, au-delà d’une frange de quartiers résidentiels déjà anciens. Des constructions en hauteur ont poussé aisément sur les solides assises des plateaux calcaires, et une rocade dessert chacun des nouveaux ensembles. Au nord-est, en direction de Buxerolles, la Z. U. P. de la Couron-nerie, constituée surtout d’immeubles collectifs avec centre commercial, doit accueillir une population de 20 000 habitants. À l’est sont de vastes espaces fonctionnels : hôpital au nord de la route de Chauvigny, ensemble universitaire entre les routes de Chauvigny et de Limoges. Au sud-est, de grands ensembles d’habitations ont été édifiés

au nord de Saint-Benoît.

Les fonctions tertiaires ont toujours été essentielles. La ville a une longue tradition de fonctions administratives, dont la promotion au rang de préfecture régionale marqua le renouveau.

S’y ajoute une fonction spirituelle non moins ancienne, dont le nombre des constructions religieuses dans la vieille ville traduit l’ampleur passée. Créée en 1431, l’université a connu une renaissance à la fin du XIXe s. sans, toutefois, pouvoir prétendre aux premiers rangs en France : elle a abandonné les bâtiments exigus du centre pour un vaste campus situé à l’est. La fonction universitaire est complétée par la présence d’établissements secondaires, publics et privés, par l’existence de riches bibliothèques et par le dynamisme des manifestations culturelles. Poitiers est aussi une étape touristique sur la route du sud de la France.

S’il y a une tradition manufactu-

rière, l’activité industrielle est restée très faible jusqu’à la période contemporaine, le vieil artisanat, pourtant fort vivace, ayant périclité. Depuis 1960, un grand nombre d’entreprises se sont installées dans l’agglomération (imprimeries, pneumatiques, métallurgie de transformation, matériel électrique, chimie), notamment dans les zones industrielles.

Mais le rayonnement de Poitiers est surtout lié à l’activité commerciale, à la présence de succursales bancaires.

Nombre de magasins de détail, les marchés hebdomadaires et les quatre foires annuelles y attirent les ruraux ; cependant, l’attraction poitevine est vite limitée par celle de Tours au nord, celle de La Rochelle à l’ouest, celle d’Angoulême au sud et celle de Limoges à l’est. Le dynamisme de la cité est enfin favorisé par la commodité des liaisons avec Paris : voie ferrée et, aujourd’hui, autoroute.

S. L.

F Poitou-Charentes / Vienne (départ. de la).

Poitiers ville d’art

L’ensemble monumental que la ville tient

de son passé reflète l’évolution artistique du Poitou* De la riche cité gallo-romaine, on ne connaît plus que d’humbles vestiges, avec la statue de Minerve qu’abrite le musée des Beaux-Arts. En revanche, l’art paléochrétien a laissé un témoignage capital avec le baptistère Saint-Jean, construit au IVe s. sur un plan carré et en petit appareil de tradition romaine, mais agrandi à plusieurs reprises jusqu’à l’époque romane et décoré alors de peintures murales.

L’hypogée mérovingienne de l’abbé Mel-lebaude occupe le centre de la nécropole des Dunes, dont le mobilier est conservé au musée archéologique (principale section du nouveau musée municipal, ouvert en 1976).

L’art roman poitevin a donné à la ville d’admirables églises. Le style sévère et grandiose de sa première période est re-présenté par Saint-Hilaire-le-Grand, élevé au XIe s. avec doubles bas-côtés et chevet à déambulatoire, mais dont la nef a été voûtée, au début du XIIe s., d’une suite de coupoles sur trompes ; par Sainte-Radegonde, consacrée en 1099 et gardant de cette époque son chevet ainsi qu’un clocher-porche analogue à celui de Saint-Por-chaire ; enfin par l’abbatiale bénédictine de Montierneuf, très altérée. Le style fastueux du XIIe s. s’épanouit à Notre-Dame-la-Grande, célèbre par sa façade, où de précieuses sculptures s’inscrivent dans une composition d’un équilibre subtil.

La cathédrale Saint-Pierre, du style dit

« Plantagenêt », est le principal édifice gothique du Poitou. Commencée vers 1166, c’est une vaste salle rectangulaire dont les trois nefs, presque égales en hauteur, ont des voûtes bombées. On y voit de beaux vitraux du début du XIIIe s. (fenêtre axiale : Triomphe de la Croix). Les trois portails de la seconde moitié du XIIIe s. dénotent l’influence de l’art gothique du Nord, de même que les stalles, au style très pur. Des voûtes Plantagenêt couvrent aussi la nef de Sainte-Radegonde.

L’essor de l’art profane date de la pé-

riode gothique. Du palais des comtes de Poitiers, le palais de justice actuel garde la grande salle, qui remonte au début du XIIIe s., mais que le duc de Berry* fit embellir vers 1400 d’une cheminée triple associée à un riche fenestrage. Le goût fastueux de ce mécène apparaît aussi dans la tour voisine, dite « Maubergeon », aux contreforts ani-

més de statues des Preux et des Preuses.

Au style flamboyant appartiennent la décoration inférieure du clocher-porche de Sainte-Radegonde, la nef de Saint-Por-chaire et surtout le gracieux hôtel Fumé.

D’autres logis, notamment celui de Jean Beaucé, portent la marque de la Renaissance. Le principal ensemble du XVIIe s. est le collège des Jésuites, aujourd’hui lycée ; sa chapelle est encore voûtée d’ogives, mais le goût baroque inspire le grand retable encadrant une Présentation au Temple du peintre flamand Finsonius (Louis Finson

[av. 1580-1617]). La part du XVIIIe s. comprend quelques hôtels et surtout la belle promenade aménagée par l’intendant Paul de La Bourdonnaye de Blossac.

B. de M.

R. Crozet, Poitiers (Nouv. Éd. latines, 1967).

Poitou

Ancienne province de France.

Le Poitou, ou pays des Pictaves

gaulois, est conquis par les légions romaines de Licinius Crassus, le lieutenant de César, en 56 av. J.-C. Durant plus de trois siècles, la région se romanise, l’antique oppidum celtique de Limonum devenant la ville florissante de Poitiers*, où s’épanouit une riche culture urbaine. Au IVe s., sous l’influence de son grand évêque saint Hilaire, la foi chrétienne triomphe en Poitou, et Hilaire fonde, de concert avec saint Martin, le plus ancien monastère de Gaule, à Ligugé, près de sa ville épiscopale.

À l’époque des invasions barbares, au Ve s., les Wisigoths s’installent dans cette région, d’où ils seront chassés un siècle plus tard par Clovis, à la bataille de Vouillé (507). Sous les Mérovingiens, le pouvoir réel appartient aux évêques, tandis que la vie monastique rayonne sur tout le pays, créant de nombreux foyers de défrichement, d’urbanisation et de vie religieuse et intellectuelle intense : fondation à Poitiers vers 544 par sainte Radegonde, la malheureuse épouse du roi Clo-taire Ier, d’une des premières abbayes de femmes en Gaule (abbaye Sainte-Croix) ; fondation de Noirmoutier (par

saint Philibert) et de Saint-Maixent.

Après la victoire de Charles Martel en 732 sur les Arabes, les Carolingiens forment un comté en Poitou, qui, particulièrement vulnérable par son littoral océanique, est envahi par les Normands dès le début du IXe s. : Poitiers est ravagée en 857 et en 865. À l’in-térieur du vaste duché d’Aquitaine*, dont le comté fait partie, de multiples seigneuries s’installent dans le cadre de ce Poitou féodal, qui ne possède aucune unité politique ou administrative.

Aux XIe et XIIe s., la région se couvre d’églises, et la vie urbaine se développe peu à peu, stimulée par les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui cheminent sur toutes les routes du Poitou. C’est également l’époque de l’essor économique consécutif aux grands défrichements et à l’assèchement des marais côtiers.