Выбрать главу

Le Poitou a fait bon accueil à la Renaissance. Comme ailleurs, l’initiative en revient au mécénat des grands. Celui des Gouffier mérite une attention particulière.

Si leur somptueux château de Bonnivet n’a guère laissé de traces, celui d’Oiron offre une galerie dont l’étage est décoré à l’extérieur de sculptures, à l’intérieur d’un magnifique ensemble de fresques illustrant l’histoire de Troie et apparenté au maniérisme italien (v. 1550). Parmi les autres châteaux ayant reçu la marque de la Renaissance, on peut citer Touffou, La Roche-du-Maine, les Granges-Cathus. Le principal édifice de l’époque Henri IV est un autre château des Gouffier, celui de Saint-Loup-sur-Thouet, vigoureusement articulé en cinq parties à combles indé-

pendants. Au règne de Louis XIII appartient la belle galerie décorée de sculptures qui a survécu à la ruine du château de La Mothe-Saint-Héray. L’imposant château de Thouars, élevé à partir de 1635 par les La Trémoille, offre au centre un dôme quadrangulaire. Celui d’Oiron est complété par les Gouffier, puis par le maréchal de La Feuillade sous Louis XIV, dans un style gras et exubérant. Le legs du XVIIIe s. ne comporte guère que l’élégante « folie » de Pierre-Levée, qui date de 1775.

B. de M.

R. Crozet, l’Art roman en Poitou (Laurens, 1950). / Y. Labande-Mailfert, Poitou roman (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1958). / Poitou (Horizons de France, 1965). / F. Eygun, Art des pays d’Ouest : Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois (Arthaud, 1966).

Poitou-Charentes

Région administrative de l’ouest de la France ; 25 790 km 2 ; 1 528 118 hab.

Capit. Poitiers*.

La Région est formée des quatre dé-

partements de la Charente*, de la Charente-Maritime*, des Deux-Sèvres* et de la Vienne*. Elle s’élire des confins de la Touraine au Bordelais et du Limousin à l’Atlantique. Dans ce cadre

administratif sont associés le haut Poitou, autour de Poitiers, au nord et les trois provinces charentaises, Aunis, Saintonge et Angoumois, au sud. De populations sensiblement équivalentes, Poitiers, Angoulême* et La Rochelle*

se livrent une sévère compétition pour diriger effectivement la région. En fait, aucune de ces villes n’est suffisamment forte pour pouvoir prétendre au rôle réel de capitale régionale : le sud est attiré par Bordeaux, et le nord est largement tourné vers Paris, avec lequel les relations sont très rapides.

Le milieu

La Région Poitou-Charentes appar-

tient dans son ensemble au domaine du climat océanique. La répartition des précipitations, dont les plus grosses quantités tombent à l’automne, y est très originale. La façade maritime charentaise et les îles, au ciel souvent lumineux, reçoivent moins de 700 mm de pluies ; les précipitations augmentent vers l’intérieur, mais n’excèdent 800 mm que sur l’axe de hautes collines, qui se suit de la Vendée au Massif central, par Saint-Maixent-l’École, Melle, Ruffec et l’Angoumois (les pluies dépassent même 1 m sur les points les plus élevés de la Gâtine de Parthenay) : de l’ordre de 600 à 700 mm sont les chutes enregistrées dans la région de Poitiers et de Châ-

tellerault. Ce climat très doux et même d’affinités méditerranéennes sur la côte (mimosas de Saint-Trojan-les-Bains à Oléron, chêne vert de Fouras) se teinte de traits continentaux vers l’intérieur : les hivers sont empreints d’une certaine rudesse sur les plateaux entre Niort et Poitiers, dans la région située au nord de Ruffec et sur les confins du Limousin à l’est de La Rochefoucauld.

Relief et réseau hydrographique

s’organisent en fonction du seuil du Poitou. De Saint-Maixent à Ruffec et à Confolens, celui-ci est un large ensellement de plateaux calcaires jurassiques entre les avancées du Massif armoricain (Gâtine vendéenne) au nord et du Massif central (Confolentais) au sud-est. Quelques reliefs ainsi que les cours d’eau s’y disposent selon les directions principales N.-O. - S.-E.

(direction armoricaine) : ainsi le cours

supérieur du Clain et de la Charente ou les collines de Montalembert au nord de Ruffec. Au nord, la Gartempe, la Vienne et le Clain enfoncent leurs vallées au milieu de plateaux le plus souvent monotones et recouverts de formations siliceuses tertiaires venues du Massif central ; un léger talus curviligne de Châtellerault à Neuville-de-Poitou et à Mirebeau souligne dans le nord de la Vienne l’extrême avancée des plateaux tourangeaux.

Bien plus variés sont les pays charentais. À l’est de la moyenne Charente, l’Angoumois montre des plateaux calcaires dont les rebords abrupts sont limités par des failles (forêt de la Braconne) et dans lesquels la circulation souterraine des eaux est active (karst de La Rochefoucauld avec les pertes du Bandiat et de la Tardoire).

En Saintonge s’imbriquent étroitement des dépressions au modelé doux, évi-dées dans les calcaires (les campagnes) et des fragments de plateaux (les bois). Vers l’ouest, le relief s’adoucit pour former la basse plaine calcaire d’Aunis, qui domine elle-même de

quelques mètres les formations alluviales des marais : marais mouillé à l’aspect bocager (à l’ouest de Niort, la

« Venise verte »), marais desséché (ré-

gion de Marans), marais gâts, qui sont d’anciens marais salants. Au nord, le Marais poitevin accompagne la Sèvre Niortaise ; au sud sont les marais de Rochefort (sur la basse Charente) et de la Seudre. Dans le prolongement des grandes directions structurales sont les grandes îles, Ré et Oléron.

La Région s’étend par ailleurs sur l’extrémité occidentale du Limousin et sur le sud-est du Massif armoricain.

Traversés par la profonde vallée de la Vienne, les plateaux du Confolentais prolongent vers l’est le pays calcaire de La Rochefoucauld. Au nord, la

Gâtine de Parthenay domine de larges plateaux moins élevés, qui s’étendent entre Parthenay, Bressuire et Thouars.

Les hommes et leurs

activités

De 1962 à 1968, l’accroissement de population a été proche de 5 000 unités. Le niveau atteint est un peu en

retrait de celui du milieu du siècle dernier, mais guère plus qu’au creux de la vague démographique enregistré en 1931. Depuis 1962, le rythme annuel de croissance est inférieur à 8 p. 1 000

par an, c’est-à-dire moins que la moyenne française. Une natalité faible (15 p. 1 000 en 1968) et une mortalité relativement élevée (11,5 p. 1 000 en 1968) ne laissent qu’un excédent annuel de 6 000 unités. Par ailleurs, le bilan migratoire est légèrement négatif : de 1962 à 1968, 133 000 personnes ont quitté la Région et 102 000 y sont arrivées.

Les densités rurales restent fortes dans les Deux-Sèvres, la région de Poitiers, en Aunis, en Saintonge et dans les îles. Aussi, malgré l’exode, plus de la moitié de la population vit-elle dans les campagnes. Les ruraux sont en majorité (58 p. 100) dans les Deux-Sèvres. Leur proportion est moindre ailleurs (55 p. 100 dans la Charente et 51 p. 100 dans la Charente-Maritime).

La population urbaine l’emporte dans la Vienne. Assez peu urbanisée, la Région n’a pas de très grandes villes : les principales agglomérations, Poitiers, Angoulême et La Rochelle, ne dépassent guère 100 000 habitants.

Sur une superficie totale de

2 579 000 ha, 1 963 000 sont consacrés à l’agriculture. Sur ce total, 1 290 000

sont en labours (dont 592 000 consacrés aux céréales), 563 000 toujours couchés en herbe et 110 000 plantés en vignes. Enfin, 388 000 ha sont en bois. La transition se fait insensiblement, au point de vue agraire, entre la France du Nord et du Sud. L’herbe règne, dans un paysage de bocage, sur les hauteurs de la Gâtine (bovins) et du Confolentais (bovins et ovins). En haut Poitou, les brandes incultes et hantées autrefois par les loups, qui occupaient 350 000 ha au milieu du XIXe s., ne cou-downloadModeText.vue.download 32 sur 651

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 16

8717

vrent plus que 10 000 ha aujourd’hui : cultures et prairies y alternent dans la région de Montmorillon, tournée en partie vers l’élevage des chèvres (fabri-