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Par les nuits de pluie il écoute les clochettes

et leur voix lui déchire les entrailles.

Dans le poème la Concubine de Lin-gyan, Bai Juyi déplore l’existence des innombrables beautés qui n’ont pas eu la chance, comme Yang Guifei, d’une vie merveilleuse et tragique prolongée par une étonnante postérité littéraire : Son visage est celui d’une fleur, son destin celui d’une famille.

Destin léger de la feuille ; que peut-on y faire ?

Vers la fin de sa vie, et surtout après avoir pris sa retraite, il chante la nature simple, la vie tranquille et les joies d’une douce ivresse. Son existence et ses poèmes s’inspirent de ceux de Tao Yuanming (T’ao Yuan-ming,

365-427), à qui il dédie une série de poèmes, dont voici le cinquième : Le matin, déjà seul, ivre je chante, Le soir, encore seul, ivre je m’endors.

Avant même d’avoir fini un pichet d’alcool,

Par trois fois j’ai atteint l’ivresse solitaire.

Le quatrain « la puissance du vin »

décrit plus précisément son état d’âme : Si on ne pratique pas le zen pour enchaîner les errances de la pensée, Il faut chanter le vin pour libérer la sauvagerie de la poésie

Sinon les lunes d’automne et les nuits de vent printanières

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 16

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Emportent on ne sait où l’esprit oisif.

D. B.-W.

A. Waley, The Life and Time of Po Chü-i, 772-846 (Londres, 1949).

Polanski (Roman)

Metteur en scène de cinéma polonais

(Paris 1933).

Après une enfance douloureuse (ses parents furent envoyés en 1941 dans un camp de concentration), il débute comme acteur de théâtre en 1947 à Cracovie, où il demeure jusqu’en

1953. À cette date, il entre à l’École nationale des hautes études cinématographiques de Łódź et tourne quatre courts métrages (le Vélo, 1955-1957, inachevé ; le Crime, 1957-58 ; Cassons le bal, 1958 ; Deux Hommes et une armoire, 1958) avant d’obtenir son diplôme de réalisateur en 1959. Parallèlement, il apparaît comme comé-

dien dans de nombreux films, dont Génération (1954) d’Andrzej Wajda, les Epaves (1957) d’Ewa et Czesław Petelski, Lotna (1959) et les Innocents Charmeurs (1960) d’Andrzej Wajda, De la veine à revendre (1960) d’Andrzej Munk. Les récompenses rempor-tées par Deux Hommes et une armoire dans divers festivals (Bruxelles, San Francisco, Oberhausen) lui permettent de tourner Quand les anges tombent (1959, court métrage de diplôme), le Gros et le maigre (1961) et les Mammifères (1962), film auquel est décerné le grand prix des journées internationales du court métrage de Tours en 1963. Son premier long métrage de réalisateur est une comédie réaliste, le Couteau dans l’eau (1962). Le thème, banal en soi, du triangle classique lui permet de poursuivre sa recherche, entamée avec les courts métrages, d’une communication entre des êtres humains différents qui se rencontrent par hasard. Après avoir participé au film à sketches les Plus Belles Escroqueries du monde (1963) sous la forme d’un moyen métrage intitulé la Rivière de diamants, tourné à Amsterdam, Polanski gagne l’Angleterre, où il réalise Répulsion (1965), drame d’atmosphère névrotique qui marque les débuts de sa collaboration avec le scénariste Gérard Brach. Le film, qui est un succès international, donne à Catherine Deneuve l’un de ses meilleurs rôles, celui d’une manucure qui sombre dans la folie et dont Polanski peint le paysage mental avec une acuité scientifique. Toujours en Angleterre, Polanski tourne ensuite Cul-de-sac (1966), où s’affirment son goût pour l’étrange, son sens du coup de théâtre cocasse ou tragique et sa

passion envers des personnages isolés par leurs névroses. Le mélange d’humour noir et de fascination pour le morbide fait de cette comédie, justement qualifiée de diabolique, une oeuvre envoûtante et pessimiste sur les recoins les plus obscurs de la nature de l’homme. Le Bal des vampires (1967), qui lui succède, est une savoureuse parodie des films d’horreur britanniques, où le luxe de la production permet à Polanski d’étonnantes recherches picturales. C’est aussi le premier long métrage en couleurs du cinéaste et le retour à la comédie. Cette oeuvre, dont le triomphe sera mondial, met en évidence l’amour de son metteur en scène pour les choses du surnaturel, dont il fait la substance de son film suivant, Rosemary’s Baby (1968). Cette histoire de sorcellerie new-yorkaise renoue avec les fantasmes décrits dans les films précédents et impose son auteur comme un des maîtres du cinéma fondé sur le doute et la psychanalyse.

Le drame qui coûte ensuite la vie à son épouse, l’actrice Sharon Tate, et à l’enfant qu’elle porte (tous deux sont sauvagement assassinés par une bande de fanatiques) bouleverse l’existence de Polanski. L’académique adaptation du Macbeth de Shakespeare (1971)

s’en ressent profondément, et Quoi ?

(What ?, 1972), tourné en Italie, prouve que le cinéaste est à la recherche d’une nouvelle voie d’inspiration. Il réalise en 1974 Chinatown, qui renoue avec la tradition des grands films policiers américains, et, en 1976, le Locataire.

Le meilleur de sa production (Répulsion, Cul-de-sac, Rosemary’s Baby, Chinatown) fait cependant de Polanski un virtuose du mélange des genres, sensible et irrespectueux, délirant et grave, un cinéaste résolument moderne.

M. G.

P. Kané, Roman Polanski (Éd. du Cerf, 1970). / J. Belmans, Roman Polanski (Seghers, 1971).

polarisation de

la lumière

Ensemble des phénomènes lumineux

liés à l’orientation des vibrations lumineuses autour de leur direction de propagation.

Introduction

À la fin du XVIIe s., Huygens* bâtit tout un édifice mathématique qui, s’appuyant sur l’hypothèse des ondulations de l’« éther », rendait compte de la réflexion et de la réfraction de la lumière ; ce système lui permit même de proposer des lois très exactes de la double réfraction provoquée par un cristal de spath d’Islande, phénomène observé pour la première lois par Erasmus Bartholin en 1669. Mais c’est seulement en 1808 que fut mis en évidence le phénomène de polarisation de la lu-mière, par Étienne Louis Malus observant l’image du Soleil réfléchie par une vitre à travers le spath d’Islande. Malus remarqua, en effet, que l’image était dédoublée, mais que, de plus, l’intensité de chaque image variait lorsqu’on faisait tourner le spath autour de la direction d’observation, l’intensité d’une des images étant maximale lorsque celle de l’autre était nulle. Cette nouvelle découverte passionna les savants d’alors, qui apportèrent quelques compléments, notamment Arago*, qui dé-

couvrit l’influence de la couleur sur le phénomène (polarisation chromatique), et Jean-Baptiste Biot, qui découvrit la polarisation rotatoire en remarquant l’action de certaines substances, telles que les sucres, sur une lumière polarisée ; ces différentes découvertes furent confirmées par les travaux de l’Anglais Brewster. Cependant, ni la théorie ondulatoire d’Huygens, ni la théorie de l’émission de Newton* ne permettaient d’expliquer les raisons pour lesquelles une lumière réfléchie par une vitre ou ayant traversé un spath, jouissait de telles propriétés de polarisation.

Ce fut Fresnel* qui apporta une première explication en 1821, en supposant que la lumière était constituée de vibrations transversales de l’éther, perpendiculaires à la direction de propagation. La solution définitive de ce problème fut fournie par Maxwell*, qui, en 1869, montra que la lumière était constituée par un champ électrique et un champ magnétique transversaux qui peuvent se propager même dans le vide sans avoir besoin du support matériel qui avait été imaginé jusqu’alors.

Lumière naturelle et lumière polarisée

On considère donc que la lumière est constituée par une onde électromagnétique, c’est-à-dire par l’ensemble d’un champ électrique et d’un champ magnétique en phase, perpendiculaires à la direction de propagation. Ces deux champs se propagent dans le vide à la vitesse c = 299 774 km/s. On peut représenter l’amplitude de ces champs à une distance d de la source lumineuse par l’expression