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Il faudrait remarquer, enfin, qu’il y a toujours un élément irrationnel dans le phénomène guerre. Pour parvenir à un pacifisme scientifique, il faut arriver à une connaissance scientifique du phénomène, et c’est ce que propose Bouthoul quand il nous dit que nous sommes condamnés soit à prépa-downloadModeText.vue.download 38 sur 651

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 16

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rer à la guerre, soit à oeuvrer pour la polémologie.

B. V.

R. Aron, Paix et guerre entre les nations (Calmann-Lévy, 1962). / G. Bouthoul, le Phéno-mène guerre (Payot, 1962 ; nouv. éd., Traité de polémologie. Sociologie des guerres, 1970). /

A. Glucksman, le Discours de la guerre (Éd. de l’Herne, 1967).

Poliakoff (Serge)

Peintre français d’origine russe (Moscou 1906 - Paris 1969).

Né d’une famille aisée, il a l’occa-

sion de fréquenter le salon littéraire d’une de ses soeurs et de côtoyer la grande aristocratie russe, à Saint-Pé-

tersbourg, chez une autre soeur mariée au prince Galitzine. Il s’initie très tôt à la littérature et surtout au chant et à la musique, particulièrement à la guitare. La révolution de 1917 met fin à cette période, et Poliakoff doit parcourir l’Europe en accompagnant à la guitare sa tante, chanteuse célèbre, pour gagner sa vie.

En 1923, il vient se fixer à Paris et, en 1929, il travaille la peinture à l’académie Frochot et à la Grande Chaumière. Aujourd’hui disparus, les tableaux de cette époque sont encore des produits de l’académisme. Plus important va être le séjour de Poliakoff à Londres (1935-1937), où il suit les cours de la Slade School of Art, mais surtout découvre dans les musées les primitifs italiens, Cézanne, Gauguin, Seurat, Klee, Juan Gris ainsi que les sarcophages égyptiens, qui l’impressionnent fortement. Après avoir épousé Marcelle Perreur-Lloyd, Poliakoff revient à Paris, où la rencontre de quelques grands artistes va déterminer son évolution : Kandinsky*, qui, voyant sa première peinture abstraite à la galerie « le Niveau » en 1938, remarque ses dons ; Robert et Sonia Delaunay*, qu’il fréquente assidûment ; Otto Freundlich, à qui il voue une grande admiration. S’il reste étranger aux théories sur l’art abstrait, il conduit néanmoins sa peinture instinctivement vers les rythmes purs, avec son goût prononcé pour la couleur.

En 1945, il expose ses oeuvres abstraites de la période 1942-1945 à la galerie « l’Esquisse », avec une pré-

face de François Châtelet, qui insiste sur la richesse de sa pâte. Il possède alors les moyens essentiels de son art et va désormais construire une oeuvre d’une homogénéité rare, mais que seul un observateur pressé pourrait croire uniforme. Il prend part en 1946 au Salon de mai et au Salon des surin-dépendants. Redoutant une tendance décorative — Charles Estienne a jugé ses toiles « aussi agréablement bariolées qu’un tapis de Boukhara ou de Samarkand » —, il assombrit momentanément sa palette et se limite souvent

à des jeux de camaïeu.

Progressivement, dans les années

1949-1951, il abandonne la ligne et le cerne : seules la matière et la couleur raffinée suscitent l’espace, organisées en une sorte de puzzle aux formes souplement anguleuses. Vers 1952 (année où un contrat avec la galerie Bing lui permet d’abandonner son métier de musicien de cabaret), ses compositions, de moyen format, isolent des motifs en leur centre. En 1958, Poliakoff opte pour de plus grandes surfaces et, dans les années 60, ses formes imbriquées sur elles-mêmes s’élargissent jusqu’au bord de la toile, s’ouvrant à l’espace extérieur. Poliakoff attache une grande importance à la vibration de la matière, notamment depuis qu’il a eu l’occasion de voir, en 1952, le Carré blanc sur fond blanc de Malevitch*. En 1968, pourtant, il s’éloigne de ces effets de matière (touches, superpositions de couleurs, densité) pour élaborer des

« formes plates » à la géométrie plus stricte, aux couleurs moins élaborées ; ses toutes dernières oeuvres sont marquées par le chromatisme des fresques de Giotto qu’il a admirées dans la chapelle des Scrovegni à Padoue.

La rigueur de la dernière phase de son évolution fait songer à certains aspects de l’abstraction « minimale »

(hard-edge), mais Poliakoff en diffère profondément par une sensibilité subtile, par la conception d’un art prenant

« appui sur des poussées intérieures en perpétuel déplacement » (selon les termes de Christian Zervos) et finalement par une exigence de mettre dans le tableau, comme il l’écrit dans un de ses cahiers intimes, « plus d’âme que d’intelligence ».

Ses expositions se sont succédé à partir de 1958 dans les musées étrangers et les grandes manifestations internationales. En 1962, une salle du pavillon français lui était consacrée à la Biennale de Venise. Enfin, une importante rétrospective de son oeuvre a été organisée en 1970 par le musée national d’Art moderne de Paris.

F. D.

M. Ragon, Poliakoff (Falaize, 1956). / D. Vallier, Serge Poliakoff (Cahiers d’art, 1959). /

J. Cassou, Poliakoff (Fischbacher, 1963) ; Serge Poliakoff, peintures récentes (la Galerie de France, 1965). / Cahier Serge Poliakoff (Erker, 1973).

police

Ensemble des services civils chargés du maintien de l’ordre public sous toutes ses formes.

Organisation

Principes

Tout système de police s’organise autour de trois champs d’action.

1. La police d’ordre ou préventive est plus spécialement chargée de la tranquillité publique, de la commodité de la circulation*, de l’observation des lois de police et des règlements municipaux par les citoyens, du maintien de l’ordre au cours de manifestations*, de réunions* publiques et de cérémonies officielles. Les fonctionnaires chargés de cette mission opèrent en uniforme, ce qui les désigne au public et établit le délit sans discussion en cas de résistance ou de désobéissance. Cette police est une police voyante de protection des personnes et des biens.

2. La police politique ou civique est cantonnée dans le travail d’ausculta-tion permanente de l’opinion publique, du dépistage des complots internes ainsi que du contre-espionnage. Elle est confiée à des agents que rien ne distingue extérieurement des autres citoyens. L’organisation de certaines branches de ce service est couverte comme secret de défense.

3. La police judiciaire ou répressive recherche les crimes et délits contre les personnes, les biens et les moeurs* pour en identifier les auteurs, qu’elle défère ensuite aux magistrats après avoir rassemblé les preuves* de culpabilité. Là aussi, il s’agit de fonctionnaires d’une police non ostensible, mais qui usent de procédés dits de police technique.

Celle-ci est la science du constat criminel, de la recherche et de l’interrogatoire du délinquant, associée à la connaissance préalable des mondes criminels et de leurs modes opératoires.

Elle se complète par l’appel fréquent aux ressources de la police scientifique (v. criminalistique), ensemble des sciences et des méthodes qui tendent à établir la preuve externe d’une culpabilité à partir de l’exploitation des indices découverts sur les lieux des crimes : ce seront l’identification dac-tylaire, la photographie, la microscopie, la chromophotographie, l’analyse physique et chimique, etc.

Histoire de la police en

France

On voit naître en France en 1302 les commissaires-enquêteurs au Châtelet de Paris, en 1524 la maréchaussée « chargée de connaître des vols, crimes ou sacrilèges commis dans les campagnes », en 1645 des exempts chargés des enquêtes et opérations difficiles. Mais l’aspect définitif de la police française lui est donné par la création, en 1667 à Paris, en 1699 en province, de lieutenants généraux de police chargés de la sûreté publique, des incendies, du nettoiement, de l’approvisionnement, des auberges, des manufactures, des métiers et de l’imprimerie. Dans cette charge se sont illustrés Gabriel Nicolas de La Reynie (1667-1697) et Marc René de Voyer d’Argenson (1697-1718), ce dernier tenant de la première règle de policologie, qui sera reprise par Napoléon Ier : « En matière de police, ignorer ce qu’il vaut mieux ignorer que punir ; ne punir que rarement et utilement. »