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Au demeurant, la Guyane française et le bas Niger, qui sont situés à la même latitude équatoriale, ne connaissent absolument pas le même rythme

pluviométrique (contrairement aux conséquences de l’idée selon laquelle les pluies équatoriales sont directement liées au mouvement apparent du Soleil).

y Rythmes diurnes. Les rythmes

diurnes sont visibles sur les graphiques journaliers de moyennes

horaires ou trihoraires de certaines stations tropicales (importance des pluies de l’après-midi en accord

avec la thermoconvection, liée ellemême au rythme thermique). Lorsque l’emportent les pluies de perturbations, ces rythmes s’effacent, les effets des perturbations intervenant indépendamment du cycle diurne des températures.

y Arythmie. Il est des années très sèches, qui enregistrent des totaux très inférieurs à la normale, et il en est de très humides, avec des totaux très supérieurs à la normale (à Seyne

[Alpes-de-Haute-Provence], sur dix-sept années de relevés, les valeurs extrêmes signalées par Ch.-P. Péguy ont été de 655 et de 1 317 mm). La variabilité interannuelle peut être catastrophique (sécheresses du Nordeste brésilien, du Sahel ouest-africain, de l’Inde du Nord-Ouest). Les moyennes mensuelles peuvent, de

même, varier considérablement par rapport à la normale (Port-au-Prince : 199 mm de pluies en février 1925 et 6 mm en février 1926), ainsi que les moyennes quotidiennes. De ce dernier point de vue, les cyclones tropicaux, les averses méditerranéennes sont susceptibles de fournir par 24 heures des abats atteignant et dépassant même le mètre. Ces totaux énormes

proviennent de pluies d’intensité exceptionnelle. De forts enregistrements quotidiens résultent aussi de pluies tout simplement ininterrompues. Le 30 septembre 1965, la Bourgogne

orientale a reçu environ 100 mm

d’eau grâce à un système frontal bloqué sur le pays.

Les mécanismes

pluviométriques

Les pluies résultent des différentes formes de l’instabilité atmosphérique et des perturbations concomitantes : d’où une zonation majeure déjà évo-quée. Aux latitudes moyennes, les pluies sont dues principalement aux perturbations du front polaire. Aux latitudes « tropicales », en dehors de la phase hivernale, stable, interviennent dans une atmosphère instable, parce que chaude et humide, les perturbations cinématiques, les cyclones tropicaux, la thermoconvection et les effets orographiques. À cela s’ajoutent les circulations méridiennes. Aux latitudes équatoriales prédominent la thermoconvection et l’action de la CIT (convergence intertropicale). Ces modalités zonales, dont l’application saisonnière dépend, au niveau le plus général, du mouvement apparent du Soleil, sont cependant altérées par le jeu de masses d’air conditionnées elles-mêmes par les facteurs géographiques.

Il en résulte les différences dans des rythmes pluviométriques de stations situées à la même latitude, rythmes qui devraient être identiques si l’azonalité n’intervenait pas (Cayenne a une forte récession pluviométrique dans le temps où Akassa, à la même latitude, sur le bas Niger, connaît une belle exaltation des pluies).

Conclusion

La pluie résulte de l’arrivée au sol (et sur mer) de l’eau atmosphérique, qui découle de l’évaporation au-dessus des océans, des nappes lacustres, des masses forestières (évapotranspi-ration), etc. Elle représente un phéno-mène naturel sur lequel l’homme peut intervenir volontairement (pluie artificielle) ou involontairement par la multiplication des noyaux de condensations en atmosphère polluée, au-dessus

des villes par exemple. C’est un facteur fondamental de l’équilibre de la nature et des sociétés humaines.

P. P.

V. climat.

Plutarque

En gr. PLOUTARKHOS, écrivain grec (Chéronée, en Boétie, v. 50 apr. J.-C. -

id. v. 125).

L’homme

Né dans une famille aisée et de pure race hellénique, il part pour Athènes vers l’âge de vingt ans et y étudie la rhé-

torique, la philosophie et les sciences.

Les années suivantes sont consacrées à des voyages d’affaires ou d’agrément, notamment en Italie. Plutarque revient de bonne heure à Chéronée, où il passe presque toute sa vie et où il compose la plupart de ses ouvrages. Sa sagesse aimable, sa curiosité d’esprit, sa conversation facile lui valent la considération et l’amitié de ses concitoyens. Il vivait encore en l’an 120, mais, après cette date, on perd sa trace.

Plutarque ne cessa jamais d’écrire sur des sujets touchant aussi bien à la philosophie, à la morale qu’à la littérature, à l’histoire ou aux sciences.

Un bon nombre de ses livres sont

aujourd’hui perdus. On divise traditionnellement ceux qui subsistent en deux groupes : les OEuvres morales et les Vies parallèles. Les premiers sont de simples recueils de faits et d’anec-downloadModeText.vue.download 6 sur 651

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 16

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dotes, des conférences littéraires ou philosophiques, des consultations épistolaires, des dialogues, l’ensemble traitant des sujets les plus divers et demeurant séduisant par la variété des choses concrètes, l’ingéniosité des rapprochements et des réflexions, la vivacité du discours. Plutarque y fait preuve d’une modération indulgente et d’un grand bon sens : il défend des idées raisonnables, moyennes. Sans doute, sa phi-

losophie paraît un peu terre à terre : du moins s’adresse-t-elle à d’honnêtes gens autant qu’à ceux qui tâchent de devenir tels. Dans les Vies parallèles, où s’opposent nom à nom, outre quatre biographies isolées, quarante-six Grecs et Romains, Plutarque veut prouver que la Grèce est loin d’être inférieure à Rome. C’est avant tout à cette oeuvre que l’auteur doit sa renommée.

Un historien moraliste

« L’histoire est pour moi comme un miroir, devant lequel je m’essaye à embellir ma vie en la conformant aux grands exemples. » L’intention profonde des Vies parallèles est évidente : elles doivent avoir une valeur éducative, être une école des moeurs. Mais comment procède Plutarque ? « Ce que je me suis surtout efforcé de réunir, ce sont les traits qu’on ignore communément, soit qu’ils aient été rapportés çà et là par d’autres historiens, soit qu’on les trouve attestés par des monuments et des décrets anciens ; dé-

daignant d’amasser ce qui ne dit rien, j’ai recueilli ce qui est propre à faire connaître les moeurs et la nature de l’âme. » Telles sont sa méthode et son ambition : après un sérieux travail de consultation des sources — à vrai dire sans grand esprit critique —, Plutarque vise à la biographie psychologique, où les petits faits vrais, les « signes de l’âme », ont plus d’importance que les grands desseins et que les événements, pour autant qu’ils révèlent une personnalité. De là, anecdotes, bons mots, attitudes et habitudes familières trouvent naturellement leur place dans un récit qui cherche à être une description morale. Plus que le héros, Plutarque veut peindre l’homme. Il reste que ses Vies ont dégagé, par les exemples qu’elles proposent, un certain genre de grandeur propre à l’Antiquité. À les lire, on garde présente à l’esprit l’idée d’un type particulier, probablement plus idéal que réel, mais qui, dans sa simplification même, séduit par son élévation.

La popularité de Plutarque a égalé celle des écrivains les plus célèbres.

Les Vies ont été le bréviaire de plusieurs générations. C’est dans ces biographies que la Renaissance reconnut

l’idéal antique (aux XVIe et XVIIe s., la traduction d’Amyot ne fut-elle pas l’ouvrage le plus répandu en France ?) et que s’alimenta jusqu’à la Révolution le culte de la « vertu ». Peut-être cette renommée est-elle due au fait que Plutarque a résume dans son oeuvre l’image de l’Antiquité hellénique au moment où celle-ci touchait à sa fin. Il apparaît également que les leçons morales qu’il proposait avaient quelque chose de rassurant, à une époque de remise en question de certitudes théologiques, aux yeux des lecteurs qui s’interrogeaient sur l’avenir et la valeur de l’homme et qui étaient inconsciemment heureux de voir vivre devant eux des modèles tout faits, d’accès facile et, à la limite, presque conventionnels.