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La paix de Saint-Germain, dite « paix de la Reine » (8 août 1570), reprend les dispositions de l’édit d’Amboise.

La liberté de conscience est reconnue partout ; celle du culte l’est assez libé-

ralement ; en outre, quatre places de sûreté, stratégiquement importantes (La Rochelle, Cognac, Montauban, La Charité), sont remises pour deux ans aux protestants. Battus sur le terrain, les huguenots l’emportent sur le plan diplomatique, et Monluc peut s’écrier :

« Nous gagnons par les armes et ils gagnent par ces diables d’écritures. »

Les causes de la Saint-Barthélemy, qui déclenche la quatrième guerre, sont nombreuses et complexes. En 1572, les Gueux de Hollande se soulèvent contre l’autorité de Philippe II et réclament l’aide d’Élisabeth d’Angleterre. Celle-ci propose à Charles IX*, qui se méfie des Espagnols, un traité d’alliance.

Le sort du catholicisme en Europe va dépendre de la décision de la France.

Si celle-ci passe à l’hérésie, c’est toute l’oeuvre de la Contre-Réforme, alors bien engagée, qui s’effondrerait.

Coligny est allié à Élisabeth, et les Guise sont unis à Philippe II ; quant à Catherine, elle désire laisser les choses en état et garder la neutralité.

Elle n’ignore pas que le royaume est épuisé par les guerres civiles et elle redoute la force des armées espagnoles.

Charles IX, lui, se laisse gagner aux vues de Coligny et, en gage d’accord, il fait épouser à sa soeur Marguerite

de Valois le jeune roi de Navarre, Henri III.

Au même moment, une armée de se-

cours envoyée par le roi de France aux rebelles hollandais est anéantie par les Espagnols ; la régente prend peur et organise l’arquebusade de Coligny, l’ins-tigateur de la nouvelle politique. On sait l’échec de l’attentat, la fureur du roi, puis sa volte-face sous l’influence de sa mère, enfin l’autorisation donnée aux Guise de supprimer les principaux chefs huguenots.

Les Guise organisent le massacre

général des protestants parisiens le jour de la Saint-Barthélemy (24 août 1572) avec l’aide des milices urbaines fanatisées par les curés de la ville. Il y a au moins 3 000 morts. Des massacres identiques ont lieu en province : ils sont particulièrement sanglants à Meaux, à Orléans, à Troyes, à Rouen, à Lyon et à Bordeaux.

Inévitablement, la guerre civile

reprend et revêt un aspect encore plus atroce, car, les grands chefs ayant été éliminés, c’est le petit peuple qui se révolte, et l’on ménage moins celui-ci que les politiques. Le traité de La Rochelle (ler juill. 1573), pas plus que les précédents, ne règle rien.

Après l’avènement d’Henri III*

en 1574, la lutte devient politique ; son frère François, le nouveau duc d’Anjou, ancien duc d’Alençon, un brouillon sans envergure, se met à la tête des protestants et reprend la lutte.

Une nouvelle paix, la cinquième, dite

« paix de Monsieur » (6 mai 1576), renforce la puissance des protestants.

À cette date, il est clair qu’aucun parti n’est capable de l’emporter et qu’il faudra que les tenants des deux religions acceptent un jour de coexister.

Mais, après 1577, les conflits politiques prennent le pas sur les dissensions religieuses. Ce qui est alors en cause, c’est le sort de la monarchie, minée par les ambitions des Guise, qui mettent à profit les antagonismes religieux pour accroître leur puissance.

La Ligue et la crise

dynastique (1577-1598)

La paix de Monsieur, comme on peut s’y attendre, exaspère les catholiques.

Ceux-ci se regroupent dans une Ligue destinée à unifier les différents mouvements locaux pour mieux organiser la résistance. Deux guerres ensanglantent de nouveau le pays de 1577 à 1580.

Elles sont vivement menées par le jeune roi Henri de Navarre, un huguenot, mais le conflit va entrer dans sa phase cruciale lorsqu’en 1584 la mort du duc d’Anjou, frère d’Henri III, fait du roitelet protestant l’héritier de la couronne de France.

Par le traité de Joinville (31 déc.

1584), les Guise se lient à Philippe II, qui, désormais, va mettre les trésors du Nouveau Monde au service de la guerre civile en France. Isolé, Henri III est obligé de pactiser avec les ligueurs au traité de Nemours (7 juill. 1585).

En septembre, le pape Sixte Quint proclame Henri de Navarre déchu de ses droits à la Couronne.

Cette condamnation et sa condition d’héritier du trône font du Béarnais le champion du protestantisme européen.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 16

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Habilement, il obtient des secours des princes protestants, dont Élisabeth, et reprend la lutte. Cette guerre, la huitième, sera la dernière et la plus longue.

On l’appellera au début la « guerre des trois Henri », mais Henri de Navarre, qui remporte la brillante victoire de Coutras (20 oct. 1587), saura ménager Henri III.

Poussé par Philippe II, qui s’ap-

prête à porter le coup décisif au protestantisme en préparant l’invasion de l’Angleterre, le duc Henri de Guise, le Balafré, ose braver ouvertement le roi et soulever le peuple parisien (journée des Barricades, 12 mai 1588). Mais il ne saisit pas l’occasion de s’emparer du trône et laisse Henri III s’enfuir de la capitale en révolution et convoquer les seconds états généraux à Blois.

Lorsque ceux-ci se réunissent, la

roue du destin a tourné, l’« Invincible Armada » espagnole a été anéantie, et Philippe II a vu disparaître son rêve de reconquête catholique de l’Europe.

Aussi Henri III peut-il plus aisément s’opposer aux Guise et à la Ligue. Au château de Blois, le 23 décembre de la même année, il fait exécuter le duc de Guise et, le lendemain, son frère le cardinal Louis de Lorraine, le « cerveau »

de la famille.

Devant le déchaînement de Blois, il ne reste plus au roi qu’à s’allier à Henri de Navarre : les deux princes viennent assiéger ensemble la capitale rebelle (juill. 1589). C’est là qu’un fanatique, Jacques Clément, assassine Henri III.

Durant plusieurs années, Henri IV

devra reconquérir son royaume province par province. Malgré de belles victoires à Arques (1589) et à Ivry (1590), il comprend que le pays n’ac-ceptera jamais un roi protestant. Il abjure alors le protestantisme (1593) et entre à Paris le 22 mars 1594. Le 5 juin 1595, il bat les Espagnols à Fontaine-Française, et le pape se réconcilie avec lui. Les principaux chefs ligueurs (les ducs de Mayenne, d’Épernon et de Joyeuse) en font autant.

Philippe II, dont la croisade n’a plus, dès lors, d’objet, se décide, lui aussi, à traiter. Le 2 mai 1598, la paix de Vervins met fin aux guerres de Religion.

Quelques mois auparavant, le dernier grand chef ligueur, le duc de Mercoeur s’est soumis en Bretagne.

De nouvelles structures

religieuses, économiques

et politiques

Quelques semaines avant la paix de Vervins, Henri IV a promulgué l’édit de Nantes (13 avr. 1598), qui, en octroyant aux protestants la liberté de conscience et un large exercice public de leur culte, rétablit la paix religieuse.

Dans l’Europe d’alors, cet acte de tolérance est bien un événement, et les difficultés rencontrées auprès des parlements pour son enregistrement expriment clairement l’hostilité de l’opinion catholique à son égard. En effet, les protestants représentent à cette époque

à peine un dixième de la population, avec 1 200 000 fidèles. Qu’un vent de réforme souffle à son tour sur l’Église de France, et la Contre-Réforme pourra enregistrer de grands succès pour le triomphe de la cause catholique.

Les conséquences des guerres de

Religion ne sont pas moins impor-

tantes dans le domaine économique.

L’afflux des métaux précieux du Nouveau Monde a engendré la hausse du coût de la vie ; d’autre part, les armées rivales ont ravagé le pays, provoquant disettes et épidémies. Les destructions des campagnes ont eu pour résultat d’abaisser le revenu des tailles ; les impôts indirects mis sur les biens de consommation (aides et gabelles) s’en trouvent augmentés et, à leur tour, réagissent sur les prix.