Ils servent essentiellement à l’usage régional, quand les caisses ne sont pas pillées par les chefs de guerre ; peu aboutissent au trésor du roi, qui doit recourir aux expédients habituels (ventes d’offices, emprunts, levées sur les biens du clergé, taxes commerciales).
Les guerres ont, cependant, profité aux villes maritimes (Rouen, La Rochelle, Bayonne) et aux provinces (Bretagne) qui ont pu commercer facilement avec l’Espagne.
Dans l’ensemble, si elles n’ont pas freiné l’expansion démographique, elles ont modifié les structures économiques et sociales ; l’industrie, à cause de l’exil de nombreux artisans huguenots, de l’absence des débouchés habituels et des taxes à l’importation, est sérieusement entravée. Il en va de même du commerce, qui périclite par l’insécurité des routes et des voies d’eau ainsi que par la fermeture des marchés extérieurs. La bourgeoisie renforce ses positions en investissant son argent dans des valeurs sûres, c’est-à-
dire dans des terres qu’elle rachète aux nobles huguenots ou catholiques ruinés par le conflit. Les victimes principales de ces crises sont les paysans — écrasés d’impôts et ruinés par les gens de guerre —, les artisans et, dans une moindre mesure, les gentilshommes.
Quant à la monarchie, elle sort affaiblie des guerres de Religion : les luttes ont favorisé les complots contre
l’autorité loyale et développé les particularismes régionaux, révélant ainsi la fragilité de l’oeuvre d’unification et de centralisation des Bourbons ; de plus, l’édit de Nantes, en octroyant aux protestants des privilèges politiques considérables (droits d’assemblée, garnisons, places de sûreté) en a fait un État à l’intérieur de l’État.
P. P. et P. R.
F Catherine de Médicis / Église catholique ou romaine / France / Henri III / Henri IV.
J. H. Mariéjol, la Réforme et la Ligue (Hachette, 1905). / L. Romier, les Origines politiques des guerres de Religion (Perrin, 1913-14 ; 2 vol.). / J. Chartrou-Charbonnel, la Réforme et les guerres de Religion (A. Colin, 1936). /
S. L. England, The Massacre of Saint Bartholomew (Londres, 1941). / G. Livet, les Guerres de Religion, 1559-1598 (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 3e éd., 1970).
Quelques dates
essentielles des guerres de
Religion
1559 10 juillet : mort d’Henri II ; avènement de François II.
1560 Mars : conjuration d’Amboise ; mai : édit de Romorantin atténuant les persé-
cutions ; 5 décembre : mort de François II ; régence de Catherine de Médicis ; 13 dé-
cembre : états généraux d’Orléans.
1561 Septembre-octobre : colloque de Poissy.
1re guerre (1562-63)
1562 Édit de janvier.1er mars : massacre de Wassy.Avril : soulèvement de Condé.Octobre : le « triumvirat » (Guise, Saint-André, Montmorency) prend Rouen.Décembre : mort de Saint-André à Dreux.
1563 Février : assassinat du duc de Guise à Orléans ; 19 mars : édit d’Amboise (liberté de conscience et culte public) ; politique d’apaisement de Catherine de Médicis.
1564-1566 Long voyage de la Cour à travers la France pour raffermir le loyalisme monarchique.
2e guerre (1567-68)
1567 Septembre : Condé tente d’enlever la Cour à Meaux ; 10 novembre : bataille de Saint-Denis et mort de Montmorency.
1568 23 mars : paix de Longjumeau, qui rétablit ledit d’Amboise.
3e guerre (1569-70)
1569 Le Béarn est envahi ; 13 mars : victoire du duc d’Anjou à Jarnac où Condé est tué ; juin-septembre : campagnes de Coligny en Languedoc et de François de La Noue en Poitou ; 3 octobre : victoire du duc d’Anjou à Moncontour.
1570 8 août : paix de Saint-Germain accordant aux protestants la liberté de conscience, l’exercice public de leur culte dans certains faubourgs de ville et quatre places de sûreté.
1571 Septembre : Coligny entre au Conseil.
1572 18 août : mariage d’Henri de Navarre et de Marguerite de Valois ; 22 août : assassinat manqué de Coligny ; 24 août : massacre de la Saint-Barthélemy.
4e guerre (1573)
1573 Février-juin : essais infructueux du duc d’Anjou pour reprendre La Rochelle ; 1er juillet : traité de La Rochelle, qui octroie aux protestants le libre exercice de leur culte à La Rochelle, à Nîmes et à Montauban.
1574 30 mai : mort de Charles IX ; avènement d’Henri III.
5e guerre (1574-1576)
1575 Octobre : victoire du duc Henri de Guise à Dormans.
1576 6 mai : édit de Beaulieu (paix de Monsieur), qui accorde aux protestants la liberté de culte partout, sauf à Paris, et huit places de sûreté ; 8 juin 1576 : naissance de la Ligue à Péronne ; décembre : ouverture des états généraux de Blois.
6e guerre (1577)
1577 Soulèvement d’Henri de Navarre ; 1er mai : le duc d’Anjou prend La Charité aux protestants ; 17 septembre : paix de Bergerac, confirmée par ledit de Poitiers, qui restreint les avantages accordés aux
protestants par ledit de Beaulieu.
7e guerre (1579-80)
1579 28 février : la paix de Nérac accorde aux protestants quinze places de sûreté.
1580 26 novembre : la paix de Fleix confirme la paix de Nérac.
1584 10 juin : mort du duc d’Anjou ; Henri de Navarre devient l’héritier du trône ; 31 décembre : alliance des Guise et de Philippe II (traité de Joinville).
1585 7 juillet : Henri III est obligé de s’allier à la Ligue (traité de Nemours) ;9 septembre : Henri de Navarre est déchu de ses droits à la Couronne.
8e guerre (1585-1598)
1587 20 octobre : victoire d’Henri de Navarre à Coutras.
1588 11 mai : révolte de Paris contre Henri III ; 12 mai : journée des Barricades et fuite du roi à Chartres ; octobre : ouverture des seconds états généraux de Blois ; 23 décembre : exécution du duc de Guise.
1589 5 janvier : mort de Catherine de Médicis ; gouvernement des Seize à Paris ; 30 avril : à l’entrevue de Plessis-lez-Tours, Henri III s’allie à Henri de Navarre ; juillet : siège de Paris par les deux rois ; 2 août : mort d’Henri III, assassiné par Jacques Clé-
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 16
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ment ; 21 septembre : victoire d’Henri IV
à Arques.
1590 14 mars : victoire d’Henri IV à Ivry ; mai : échec du roi devant Paris.
1592 Siège de Paris.
1593 25 juillet : abjuration d’Henri IV.
1594 22 mars : Henri IV entre à Paris.
1595 5 juin : victoire sur les Espagnols à Fontaine-Française ; soumission du duc de Mayenne.
1597 septembre : les Espagnols perdent Amiens.
1598 Le duc de Mercoeur, le dernier ligueur, capitule en Bretagne ; 13 avril : édit de Nantes ; 2 mai : paix de Vervins.
religion
(sociologie de la)
L’approche sociologique du phéno-
mène religieux se distingue de toutes les autres approches d’une triple manière.
Généralités
1. Elle se différencie d’abord de l’approche par l’expérience. Elle n’est pas une expérience religieuse. Elle est une science de cette expérience, comme la musicologie est une science de la musique. Une question demeure ouverte : quelque expérience religieuse est-elle ou non nécessaire à cette science des religions ? E. Durkheim a pu l’avancer : « Quiconque n’apporte pas à l’étude de la religion une sorte de sentiment religieux ne peut en parler. Il ressemblerait à un aveugle qui parle-rait des couleurs. » Mais lui-même a pondéré ailleurs cette affirmation et va jusqu’à rejoindre le point de vue de Max Weber, qui s’affirme, lui, « insensible à la musique des religions ».
Depuis longtemps, en tout cas, ont été progressivement évacuées les sociologies des religions qui se conjuguaient soit avec l’apologie d’une religion, ancienne ou nouvelle, soit avec la polé-