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anecdotiques, il a donné en revanche le jour à un personnage mythique de Rembrandt, génie malheureux, ruiné, incompris, qu’il ne fut sans doute jamais totalement, et à une littérature qui s’autorise de n’importe quelle interpré-

tation visionnaire pour prétendre établir une vérité objective.

Un corps de travaux

encore non abouti

Le style de Rembrandt fut taxé d’excentricité et de mauvais goût par les tenants de l’académisme italien, qui dominèrent la critique jusqu’au romantisme. Ce sont les eaux-fortes, technique où la liberté graphique est plus volontiers admise, qui perpétuèrent la renommée de l’artiste au XVIIIe s.

L’oeuvre gravé de Rembrandt fut le premier à être publié en catalogue, par Gersaint, Helle et Glomy (Paris, 1751). Les gravures de l’artiste sont aujourd’hui les plus chères du monde.

Depuis les témoignages de quelques critiques du XVIIe s., l’Allemand Joachim von Sandrart (1675), le Hollandais Samuel Van Hoogstraten (1678), l’Italien Filippo Baldinucci (1686), qui reconnaissent la prééminence de Rembrandt et fondent la tradition his-toriographique, les études de l’oeuvre de Rembrandt n’ont guère progressé jusqu’à nos jours que grâce aux catalogues, aussi nombreux que diffé-

rents. Si les albums de reproductions abondent, les études approfondies sur la signification de cette oeuvre et de ce personnage exceptionnels font encore défaut. Après les travaux de W. Bode et C. Hofstede de Groot (1897-1905), puis de A. Rosenberg (1904), perfectionnés par W. R. Valentiner (1921), ont été établis le catalogue de A. Bredius (1936), révisé par H. Gerson (1968), et celui de K. Bauch (1966).

Les catalogues de peintures comportent entre quatre cents et six cents numé-

ros, selon la sévérité du critique et à cause de la difficulté qu’il y a de démê-

ler les originaux, au sens moderne du terme, des nombreuses oeuvres d’atelier, d’élèves, d’imitateurs, des copies et des faux qui ont proliféré du vivant même de l’artiste et se sont multipliés depuis. Les dessins ont été catalogués et étudiés d’abord par C. Hofstede de Groot (1906), puis par Otto Benesch

(1953-1957). Les catalogues de gravures sont encore plus nombreux et varient de façon considérable. Le travail le plus pratique et le plus récent (1955 ; 2e éd., 1968) est celui de G. Björklund et O. H. Barnard, fondé sur le catalogue de A. M. Hind (1912).

M. M.

A. M. Hind, Rembrandt (Londres, 1932). /

O. Benesch, Rembrandt, Werk und Forschung (Vienne, 1935) ; The Drawings of Rembrandt (Londres, 1954-1957 ; 6 vol.). / A. Bredius, The Paintings of Rembrandt (Vienne et New York, 1936 ; 3e éd., Rembrandt Paintings, New York, 1968). /M. Brion, Rembrandt (Tisné, 1940). /

J. Rosenberg, Rembrandt (Cambridge, Mass., 1948 ; 2 vol.). / F. Schmidt-Degener, Rembrandt, verzamelde studiër en essays (Amsterdam, 1950 ; 2 vol.). / G. Björklund et O. H. Barnard, Rembrandt’s Etchings True and False (Stockholm, Londres et New York, 1955). / C. Roger-Marx, Rembrandt (Tisné, 1960). / K. Bauch, Rembrandt Gemälde (Berlin, 1966). / H. Bonnier, l’Univers de Rembrandt (Screpel, 1969). /

H. Gerson, Rembrandt (Amsterdam, 1969 ; trad.

fr. Rembrandt et son oeuvre, Hachette, 1969). /

Les Plus Belles Eaux-fortes de Rembrandt. Catalogue de l’exposition du musée du Louvre (Éd.

des musées nat., 1969). / M.-P. Fouchet, Lire Rembrandt (Éd. fr. réunis, 1970).

Rémora

Poisson téléostéen marin, que caracté-

rise la présence, sur le dessus de la tête, d’un disque adhésif lui permettant de se fixer à des animaux ou à des bateaux.

Les Rémoras représentent six genres et huit espèces, actuellement très isolés parmi les Téléostéens. On en faisait autrefois l’ordre des Discocéphales ; on les range aujourd’hui dans l’ordre des Perciformes, dont ils ont les principaux caractères, mais dans le sous-ordre des Échénéoïdes, qu’ils sont seuls à occuper.

On peut prendre pour type le Ré-

mora commun (Remora remora). C’est un Poisson d’une quarantaine de centimètres de long, d’une teinte uniforme gris ardoise à brun. La tête est déprimée et aplatie dorsalement par la pré-

sence du disque adhésif, qui comporte, dans une cuvette oblongue, de seize à dix-neuf paires de lamelles transver-

sales. L’étude du développement embryonnaire a permis de constater que ce disque correspond à la première dorsale, épineuse, très fortement modifiée. Le disque apparaît chez les larves longues de 10 mm environ, et il devient fonctionnel quand l’animal a atteint une taille de 30 mm. Les lamelles sont les rayons modifiés de la nageoire.

Elles sont couchées vers l’arrière au repos. Quand un Rémora veut se fixer à un support, il redresse à la verticale ses lamelles transversales, puis les couche vers l’arrière, ce qui crée un vide, et l’ensemble agit comme une ventouse. Le nombre de lamelles est un des éléments permettant d’identifier les espèces. Il existe une seconde dorsale, molle, opposée à l’anale. La caudale est ronde. Les pectorales sont suréle-vées, et les pelviennes sont en position thoracique, à l’aplomb des pectorales.

Les écailles sont cycloïdes ; il n’y a pas de vessie natatoire. La bouche est forte, et la mâchoire inférieure est proéminente. On note en général une inversion pigmentaire : c’est la partie ventrale du corps qui est la plus sombre ; cette inversion est sans doute liée au fait que ces Poissons se fixent par leur région dorsale.

Tous les Rémoras sont pélagiques, et on les trouve le plus souvent fixés par leur disque adhésif à de gros animaux ou même à des navires. La force d’ad-hérence est considérable, et il est pratiquement impossible de faire lâcher prise à un Rémora : on peut tout juste le faire glisser vers l’avant, et cet animal peut glisser lui-même avec beaucoup de vivacité quand on cherche à le capturer. Les habitants des Antilles et de Madagascar utilisent d’ailleurs cette propriété pour se livrer à une pêche d’un genre bien particulier. On prend en effet aisément les Rémoras à la ligne. On les attache alors à un filin, par la queue, et on les envoie se fixer sur une plus grosse proie, qu’on capture ainsi aisément. Le Rémora commun se fixe aux Requins, aux Espadons, aux Mérous ou aux Tortues de mer. En

général, il se place à la face ventrale de son hôte et peut rester fixé des jours entiers, se faisant ainsi transporter sans effort. Comme la plupart des animaux pélagiques, il est cosmopolite et se rencontre dans toutes les mers tropicales

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 16

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et tempérées chaudes ; il est toutefois rare en Méditerranée. Le Rémora rayé (Echeneis naucrates), qui peut atteindre 1 m de long, se reconnaît à une bande latérale sombre, bordée de clair, qui va de la mâchoire inférieure à la base de la caudale ; il vit dans toutes les mers chaudes, sauf dans le Pacifique Est. Une espèce australe, Remilegia australis, se rencontre surtout sur les grands Cétacés et sur les Marsouins.

L’espèce la plus petite, Remoropsis pallidus, qui atteint à peine 20 cm, vit sur les Thons et les Espadons.

La biologie des Rémoras n’est pas parfaitement connue. Non seulement ces Poissons se font porter par de gros animaux pélagiques, mais aussi ils se nourrissent vraisemblablement de leurs ectoparasites et peuvent donc être rangés dans le groupe des symbiotes

« nettoyeurs ». Ils se nourrissent aussi probablement soit de plancton, soit des reliefs des repas de leurs hôtes —

notamment les Requins, qui fragmentent leur nourriture —, soit, enfin, de menues proies qu’ils capturent en se libérant de leurs hôtes. Quand on capture un Requin qui porte un Rémora, ce dernier se réfugie volontiers dans la bouche ou dans la cavité branchiale de son hôte, ce qui est, là encore, une habitude de Poisson nettoyeur. Une es-pèce, Remorina albescens, vit presque exclusivement dans la cavité branchiale des Mantes.