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petits avions, les « mouchards » (Hens-chel « 126 », Heinkel « 70 » ou Fie-seler-Storch) travaillant par radio en étroite collaboration. L’ensemble des forces terrestres et de ces petits avions collant à la manoeuvre est protégé par une couverture d’avions de chasse. En avant, préparant l’arrivée des forces de surface, des avions de reconnaissance, bimoteurs dérivés des bombardiers moyens Heinkel « 111 », Dornier

« 17 », recueillent les informations né-

cessaires à la tenue à jour d’une situation générale.

Ainsi apparaît dès 1940 ce qui sera de pratique courante chez tous les belligérants : une aviation d’observation nombreuse affectée à l’armée de terre et composée d’avions légers — ce sera le « Piper-cub » chez les Américains

— et une aviation de reconnaissance relevant du théâtre d’opérations et mettant en oeuvre des avions à long rayon d’action très rapides. Ceux-ci, au contraire des avions de chasse ou de bombardement, opèrent isolément ; pour améliorer leurs performances, on supprime tout armement défensif, leur protection résidant dans leur vitesse.

On est ainsi conduit à choisir, comme avion de reconnaissance, le meilleur avion de chasse du moment : tels seront entre autres les « Mosquito » britanniques, les « Mustang P. 51 » ou les

« Lightning P. 38 » américains, auxquels s’ajouteront, le cas échéant, des bombardiers légers rapides qui ont l’avantage de pouvoir emporter de nombreuses caméras et de longs rouleaux de films. Ces avions opèrent soit par incursion rapide et à basse altitude sur des points précis, quand la zone à survoler est très dangereuse, soit en altitude et en prenant des films de larges zones capables de fournir une couverture cartographique dans les zones peu défendues. Parfois, les avions de reconnaissance sont accompa-gnés d’une escorte de chasse pour les protéger. De 1940 à 1945, la guerre a donné un développement considé-

rable à la recherche du renseignement à partir de films photographiques. Les centaines de clichés rapportés à chaque mission ont nécessité la mise au point de moyens appropriés d’exploitation au sol. Des laboratoires équipés de machines automatiques de développement et de tirage en chaîne ont permis de livrer les clichés d’une mission dans un délai de l’ordre de l’heure ; des équipes spécialisées d’interprétateurs-photos étaient capables d’analyser ces clichés et d’identifier les objectifs en quelques heures. De nombreuses régions du

globe pour lesquelles on ne disposait pas de cartes ont été ainsi l’objet de couvertures photographiques, et vers la fin de la guerre toute avance des

forces terrestres était systématiquement précédée d’une couverture photographique à grande échelle largement diffusée aux unités.

Évolution des moyens de

recueil du renseignement

depuis 1945

Après avoir longtemps employé des avions légers, les forces terrestres, à qui sont définitivement rattachés les moyens d’observation, ont adopté

l’hélicoptère à partir de 1955. Quant aux avions de reconnaissance, toujours choisis parmi les meilleurs du moment, ils sont tous équipés de réacteurs et dérivés des avions de chasse ; tels sont les « Mirage III-RD », dérivés du « Mirage III-E », ou le « Phantom-RF4 » par exemple. On peut dire que désormais la plupart des avions tactiques super-soniques donnent lieu à une version de reconnaissance.

Les moyens techniques de recueil

font toujours la part belle à la photographie, dont les caméras sont de plus en plus perfectionnées. La photo de nuit est de pratique courante grâce à l’utilisation de cartouches éclairantes. Mais à la photo sont venues s’ajouter les prises de vues par détection infrarouge, qui évitent l’emploi de tout éclairage, et surtout les radars à très haute définition, qui ont l’avantage de pouvoir fonctionner dans les nuages. Les contraintes de la guerre du Viêt-nam (1965-1973) ont également conduit à la mise au point de caméras de télévision fonctionnant à très bas niveau de lumière : une nuit claire suffit pour obtenir des images très exploitables. On rappellera enfin pour mémoire qu’au Sud Viêt-nam, où il n’existait pas de chasse adverse, les Américains ont utilisé pour la reconnaissance de nuit des avions de transport équipés de projecteurs puissants et d’armes sur tourelle permettant d’attaquer immédiatement tout ennemi découvert.

La surveillance aérienne

réciproque des grandes

puissances

L’avion de reconnaissance, pour opé-

rer convenablement, doit survoler la

zone que l’on veut étudier ; cela ne se conçoit évidemment qu’en temps de guerre ou de crise, mais se révèle plus délicat en temps de paix. Les Américains ont bien utilisé des avions Lockheed « U-2 » que leur altitude de vol mettait à l’abri des réactions des pays survolés. Mais, le 1er mai 1960, un « U-2 » piloté par le lieutenant Francis Gary Powers s’abattait près de Sverdlovsk, atteint, semble-t-il, par un missile sol-air soviétique « SAM 2 ».

La reconnaissance clandestine n’était plus acceptable. Les satellites sont venus prendre la relève des avions grâce à l’invulnérabilité que leur procure l’espace et à l’inexistence d’un droit international interdisant les survols spatiaux. Rien n’a été divulgué sur les moyens et les méthodes utilisés par les satellites-espions « Midas »

(Missile Defense Alarm System)

et « Samos » (Satellite and Missile Observation System) américains lancés dès 1960-61 ou « Cosmos » so-

viétiques, dont le prototype a été mis en orbite en 1962. On sait seulement que certains satellites sont récupérés quelques jours après leur départ, ce qui suggère qu’ils sont équipés de ca-méras photographiques dont les films sont développés après leur vol. On sait également que certains de ces satellites sont équipés de détecteurs infrarouges capables de déceler les flammes de fusées lors de leur lancement ; ces satellites sont destinés à fournir une alerte précoce. Malgré l’intérêt des informations ainsi recueillies, il n’est pas sûr que les satellites suffisent à fournir aux gouvernements intéressés tous les renseignements dont ils ont besoin, notamment en cas de crise : les détails que peuvent révéler les satellites restent en effet d’assez grandes dimensions. Pour éviter toute surprise par défaut d’attention et pour pouvoir suivre l’évolution d’une situation sur le terrain, il faut disposer de moyens plus précis. L’un de ceux-ci est fourni par l’écoute des signaux radioélectriques émis par l’adversaire éventuel (transmission, radars, etc.) ; ces signaux se propagent à longue distance et il est possible de les écouter à partir d’un poste situé hors des frontières ; l’altitude accroissant la portée, on a été amené à équiper spécialement des avions volant à haute altitude et navi-

guant parallèlement aux frontières : on parle alors d’avion de surveillance électronique.

Pour suivre instantanément le développement d’une situation sur le terrain en cas de crise, il n’existe pas encore de meilleur moyen que de survoler la zone intéressée et de la photographier ; les clichés rapportés ont une valeur certaine pour l’action diplomatique.

Encore faut-il que l’appareil revienne de mission, donc qu’il soit invulné-

rable à la chasse et aux missiles sol-air.

C’est probablement dans ce but que les Américains ont construit le Lockheed

« SR. 71 » et les Soviétiques le « MIG-23 », capables tous deux de voler à Mach 3 à 30 000 m d’altitude. Un autre moyen de reconnaissance clandestine qui semble politiquement toléré est constitué par des missiles guidés à distance, sans pilote à bord : ce sont les drones ou leurs successeurs, les avions sans pilote guidés de loin, très étudiés en 1973-1975 par les Américains, qui les appellent Remotely Piloted Vehi-cles (RPV). Enfin, il n’est pas exclu qu’une bonne surveillance puisse être effectuée à partir de satellites habités du type « Skylab » dont la taille permet l’emport de caméras de grandes dimensions, ce qui, conjugué avec une orbite basse, permettrait d’obtenir des clichés très détaillés.