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Dans une situation fondée sur l’équilibre des dissuasions entre les grandes puissances, l’obtention de renseignements appropriés reste d’une impé-

rieuse nécessité. Les moyens de plus en plus perfectionnés mis au point pour la recherche, par l’aviation de reconnaissance, du renseignement en temps de guerre peuvent sans doute être utilisés en temps de crise dans un but politique précis : cela a été le cas lors de la crise de Cuba, au Viêt-nam après l’arrêt des hostilités et lors de la quatrième guerre israélo-arabe de 1973. Mais il n’est pas toujours possible de survoler un terri-downloadModeText.vue.download 15 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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toire hostile ; d’autres moyens doivent alors être prévus pour assurer une in-

formation capitale afin d’éviter toute surprise et de maintenir l’équilibre sur lequel est actuellement fondée la paix mondiale.

Les caméras aériennes

De même principe que les appareils photographiques utilisés au sol, les caméras aériennes ont des caractéristiques très particulières dues aux conditions d’emploi. De nos jours, les caméras sont fixes à bord, et la visée est faite par le pilote qui manoeuvre l’avion. Pour obtenir des clichés détaillés malgré la distance de prise de vue, il faut utiliser de longues focales : de 10 cm à 1 m. La luminosité d’un objectif étant proportionnelle à l’inverse du carré de la distance focale, il faut associer à ces longues focales des objectifs de grand diamètre : ainsi, il faut un objectif de 12,5 cm pour obtenir une ouverture de F : 8 avec une focale de 1 m.

Le champ de l’appareil, dépendant de la focale et de la géométrie du fût, est assez limité pour des raisons d’encombrement ; grâce à des systèmes de balayage par miroir, on parvient cependant à réaliser des clichés de 180° de champ d’horizon à horizon pour une vue prise latéralement ; ces clichés comportent des déformations.

Un autre moyen plus classique d’obtenir de grandes surfaces de prise de vue est de grouper plusieurs caméras dont les axes optiques sont décalés. Les avions de reconnaissance emportent ainsi jusqu’à six caméras dans le nez du fuselage. Les objectifs sont d’une très grande qualité et ont un grand pouvoir séparateur, de façon que les clichés puissent révéler de très petits détails, de l’ordre du décimètre.

Le plus grave problème est posé par la vitesse de vol des avions, qui, malgré la vitesse de prise de vue, conduit à un « filé »

de la photo nuisant à sa netteté. Les camé-

ras dites « à compensation de filé » utilisent un magasin de pellicule dont l’embase portant le film est déplacée convenablement au moment de la prise de vue. En raison de la vitesse, la cadence de prise de vue doit être grande ; si le format est grand, comme dans les anciennes caméras, les mécanismes d’entraînement ont trop d’inertie pour suivre les cadences nécessaires.

Tout cela a conduit depuis 1965 à l’adoption de caméras de format ramené à 12 cm

× 12 cm ; les objectifs ouvrent à F : 2, les

obturateurs fonctionnent au 1/1 000 de seconde au moins et la cadence atteint 4 à 5 images par seconde. La compensation de filé est adoptée. Grâce à la qualité des objectifs et des films, la définition des clichés est aussi bonne que pour les anciennes caméras de format classique 22,5 cm ×

22,5 cm. La petite taille de ces nouvelles caméras facilite leur installation sur les avions de chasse d’où sont tirées les versions de reconnaissance.

P. L.

F Aviation / Chasse aérienne / Renseignement (service de) / Satellite artificiel.

renseignement

(service de)

Organisme chargé d’informer les pouvoirs publics ou le commandement militaire sur les moyens et possibilités de tous ordres de certains pays étrangers.

Les services de renseignement re-

montent à la plus haute antiquité. Tous les hommes au pouvoir se trouvent en effet dans la nécessité d’être informés de ce qui se passe et se prépare autour d’eux, de connaître les points faibles et d’apprécier les lignes de forces de leurs adversaires ou concurrents éventuels. Au VIe s. avant J.-C., le sage chinois Sun Zi (Sun Tse), auquel se réfère fréquemment Mao Zedong

(Mao Tsö-tong), constate déjà que,

« grâce à une connaissance préalable..., le prince éclairé et le général avisé battent l’ennemi chaque fois qu’ils le rencontrent... ». En 1955, une commission américaine concluait que « le renseignement concerne toutes les choses qui devraient être connues avant l’élaboration d’une ligne de conduite ». À

vingt-cinq siècles de distance, ces deux affirmations soulignent la primauté du renseignement dans sa relation préalable à l’action.

La recherche du renseignement

s’est cantonnée longtemps au domaine militaire. Après la célèbre sentence de Blaise de Monluc (1502-1577) : « Si l’ost savait ce que fait l’ost, l’ost battrait l’ost », il est facile d’en trouver de nombreux exemples, notamment

dans les campagnes napoléoniennes, où la qualité du renseignement fut une

exigence prioritaire de la stratégie de l’Empereur. C’est au cours du XIXe s.

que les services de renseignement, d’abord limités aux ambassades et aux missions officielles à l’étranger, reçoivent une organisation permanente dans les armées. Leur action se borne d’abord à la recherche de renseignement sur les forces étrangères, dont l’exploitation comme la demande appartiennent au haut commandement.

À cette fonction principale s’ajoute bientôt le contre-espionnage, c’est-à-

dire la connaissance des services étrangers et la détection de leurs agents à l’étranger ou sur le sol national. Au cours des deux guerres mondiales, le caractère de plus en plus totalitaire des conflits étend le domaine du renseignement à l’ensemble des activités nationales, notamment à leurs composantes économiques (qui conditionnent la production d’armement) et psychologiques (qui affectent le moral et donc le potentiel des armées). Depuis 1945, l’accroissement spectaculaire et continuel de la technicité des armements, à l’ère de l’atome, du missile et de l’électronique, a encore augmenté le domaine du renseignement de défense, qui englobe non seulement l’ensemble des données politiques, économiques et militaires, mais tout le secteur de la recherche technologique. Ce caractère global de la recherche a entraîné dans tous les pays le rattachement des services de renseignement, dits aussi

« services spéciaux » ou « secrets », au plus haut échelon du pouvoir politique.

La technique

du renseignement

« On n’obtient que ce que l’on recherche intelligemment », telle est la première des conditions de travail. Un service de renseignement opère essentiellement sur commande : il appartient d’abord à l’autorité compétente de définir ce qui l’intéresse, ce qu’elle veut savoir avec un ordre d’urgence, puis de désigner l’organisme qui lui paraît le plus apte à fournir la réponse.

Elle lui enverra un ordre de recherche, mais, pour éviter toute indiscrétion, elle ne mentionnera pas explicitement le renseignement désiré, mais un indice facile à comprendre par un agent et dont la vérification conditionne ce

renseignement. Cette différence est à la base de la technique du renseignement militaire, politique ou économique, qu’il soit recueilli par des agents ou par les procédés les plus divers (écoutes radio, photos aériennes, etc.). Le chef établit un plan de renseignement où, en fonction de ses besoins, sont inscrites les activités, les menaces et les réactions possibles d’un adversaire ; de là découle un plan de recherche où les renseignements sont traduits en indices très simples pour l’agent, à qui est envoyé un ordre de recherche. À