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y Cales de halage. Les cales de

halage sont constituées par un plan incliné sur lequel on hale le navire au moyen d’un puissant treuil, après l’avoir fait reposer sur un chariot, ou berceau, roulant sur une voie. Il existe deux types de cales de halage :

— les cales en long, sur lesquelles l’axe du navire est parallèle à la voie unique ;

— les cales en travers, où l’axe du navire est perpendiculaire aux voies de roulement.

y Grils de carénage. Les grils de carénage n’existent que dans les ports à marée. Ils comportent une plate-forme d’échouage pourvue de tins.

Placé en flottaison à marée haute au-dessus du gril, le navire s’échoue à marée basse, en venant s’appuyer sur des estacades, auxquelles on l’amarre pour l’empêcher de chavirer. Les grils de carénage ne conviennent qu’aux petits navires et, en raison des marées, ne permettent qu’une courte durée de travail à horaires variables.

E. C.

F Classification (société de) / Port / Remorquage maritime / Renflouement / Sauvetage.

J. Latty, Traité d’économie maritime, t. I : la Construction navale dans l’économie nationale (École nat. sup. du génie maritime, 1951 ; 2 vol.). / J. Chapon, Travaux maritimes, t. II (Eyrolles, 1966 ; nouv. éd., 1972).

reportage,

journalisme et

littérature

Quelques années avant la Seconde

Guerre mondiale, un journal littéraire français du nom de Micromégas avait présenté, sous le slogan « Les classiques avec nous ! », un numéro spé-

cial d’actualité entièrement composé d’extraits d’auteurs antiques.

César y fournissait un excellent

reportage de correspondant de guerre en Espagne, mais, si la guerre alors en cours avait eu lieu en Asie Mineure, on aurait aussi bien pu faire appel à Xénophon. Démosthène donnait un éditorial pénétrant de politique étrangère mettant les démocraties grecques en garde contre leur désunion devant le danger macédonien, mais, comme le passage ne nommait personne, il aurait aussi bien pu s’adresser aux démocraties européennes à propos du danger nazi.

Quintilien tenait la rubrique universitaire, et la page féminine était assurée par Phèdre et Ovide.

L’étonnant succès de cette expé-

rience montrait qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre la rédaction considérée comme littéraire et la rédaction journalistique — ou du moins certains aspects de la rédaction journalistique.

C’est dire qu’il n’y a pas deux ma-nières d’écrire. Mais, ce fait étant reconnu, les différences entre le texte du journal et le texte du livre n’en existent pas moins.

Le texte du livre et

le texte du journal

Ces différences tiennent aux caracté-

ristiques particulières de chacun des deux media. Les unes sont liées aux mécanismes des appareils de production, les autres à l’équilibre des fonctions du texte, qui n’est pas le même dans les deux cas.

La différence la plus importante

entre les appareils de production réside dans la périodicité du journal, opposée à l’unicité du livre. Le texte du livre est durable (les exemples que nous citions ci-dessus le prouvent), mais péris-

sable (la mémoire historique élimine 99 livres sur 100 en quelques années), alors que le texte du journal est, par définition même, éphémère, mais s’inscrit dans un cadre durable qui est celui du titre : on oublie en quarante-huit heures tel article d’un journal qu’on lit fidèlement pendant un quart de siècle ou plus. Le texte du journal ne s’inscrit donc pas dans la durée de la même façon que le texte du livre.

Bien que certaines oeuvres littéraires aient avec la collection ou la couverture de tel ou tel éditeur une relation analogue à celle des articles avec le titre du journal, la personnalité du directeur de collection ou de l’éditeur n’intervient pas dans leur rédaction avec la même autorité, la même présence impérative que l’équipe rédactionnelle qui donne au journal une existence collective. Le texte du journal s’élabore en fonction de la manière que cette existence collective a de s’affirmer face aux réalités du monde et, dans le cas d’un quotidien, face à l’actualité.

Une des conséquences de ce fait est que le journaliste n’écrit pas selon la même chronologie que l’écrivain. Son texte n’est pas une oeuvre qu’il élabore à loisir, mais « de la copie » qui doit être fournie en temps voulu et selon une dimension spécifiée pour alimenter une machine aussi insatiable qu’impitoyable qui triture et modifie le texte selon ses besoins internes.

L’attitude du journaliste devant son texte est donc bien moins possessive que celle de l’écrivain. La plupart du temps, sa signature n’apparaît pas.

L’anonymat du texte journalistique a longtemps été une règle de la presse britannique. Elle est encore en vigueur dans le plus littéraire des journaux anglais, le Times’ Literary Supplement.

Quand sa signature apparaît, le journaliste peut éventuellement invoquer la clause de conscience pour contester telle coupure ou telle modification qui trahirait sa pensée, mais le fait est très rare et en tout état de cause une telle contestation ne pourrait qu’exceptionnellement viser une modification de forme, qui pour beaucoup d’écrivains serait inadmissible.

Cela n’implique nullement une hié-

rarchie entre écrivains et journalistes.

Certes, le journaliste est à l’opposé de Cyrano, dont le sang se coagulait à l’idée qu’on pût changer une virgule à son poème, mais son métier lui donne des réflexes qui seraient utiles à la plupart des écrivains : écriture rapide, dé-

cision immédiate, autorité sur les mots, maîtrise de la redondance et surtout humilité devant son texte. Contrairement à une idée largement reçue, il n’est pas prouvé que la lenteur de l’élaboration et l’intransigeance formelle soient des vertus nécessaires de l’écrivain. Bien au contraire elles ne sont souvent que le masque d’une impuissance ou d’une timidité. C’est pourquoi le journalisme est une excellente école de l’écriture littéraire, non que son exercice crée le talent, mais il le libère d’inhibitions dont bien des écrivains n’ont jamais su se débarrasser. Disons en tout cas qu’il est infiniment plus facile d’être un médiocre écrivain qu’un excellent journaliste.

Une autre différence fondamentale entre le texte littéraire et le texte journalistique est que le premier est avant tout un discours par lequel l’écrivain exprime son « vouloir-dire » sans pouvoir l’imposer au lecteur, qui lui oppose son « vouloir-lire », lui aussi forme d’expression. De la lutte des deux naît le jeu générateur de plaisir qui caractérise la communication littéraire.

Le journaliste, au contraire, se veut avant tout informationnel. Certes, il peut, dans les limites étroites que lui impose la dimension du journal, produire un discours de type littéraire, mais son rôle premier est de faire passer le maximum d’information avec le moins d’ambiguïté possible. Bien entendu, l’écrivain littéraire fait lui aussi passer de l’information, et tout texte peut être lu informationnellement, mais l’équilibre entre les deux fonctions n’est pas le même. L’écrivain et le journaliste utilisent tous deux la redondance, mais le premier le fait pour inscrire dans son texte des messages parallèles ou des « surmessages » liés à la forme, alors que le second le fait pour éliminer les erreurs de transmission du message.

Ajoutons à cela que, le texte étant une image visuelle, il a aussi une fonction iconique. Cette fonction est ressentie par l’écrivain au niveau de la mise en pages ou de la typographie, mais il n’a qu’un contrôle limité sur elle : c’est la responsabilité de l’éditeur. Le journaliste doit au contraire penser son texte en fonction d’une mise en pages, d’une illustration et d’un titrage dont il doit toujours être conscient et qui font partie de son écriture. La page de journal et ses dimensions prescrites sont son espace de travail.