mune chez tous les végétaux, chez les Protistes (Protophytes et Protozoaires) ; elle est plus rare chez les Métazoaires, où elle n’affecte que les
organismes simples, et notamment des Métazoaires coelomates (Turbellariés, Polychètes et Oligochètes, Bryozoaires, Astérides, Tuniciers). Elle n’existe chez aucun Vertébré : la reproduction est exclusivement sexuée dans cet embranchement.
Les modalités de la reproduction
asexuée varient selon les groupes ; mais deux grands aspects se différencient : la gemmiparité, ou reproduction par bourgeonnement, et la scissiparité, ou schizogenèse, ou reproduction par division. Aucune différence fondamentale n’existe entre ces deux modes, et souvent l’un passe à l’autre.
Gemmiparité
La gemmiparité est la reproduction par un bourgeon produit par l’organisme ; ce bourgeon subit une ontogenèse
totale et donne un nouvel organisme identique à l’animal souche. Non uniforme, la gemmiparité varie avec les groupes zoologiques et présente plusieurs types de bourgeonnement.
y Formation de bourgeons actifs qui, ayant terminé leur organogenèse, se détachent de l’organisme souche.
Des Infusoires Acinétiens forment des bourgeons avec macronucleus et micronucleus ; un étranglement du cytoplasme isole le bourgeon, qui finalement se libère. Sur l’Hydre d’eau douce bien nourrie se développent une vingtaine de bourgeons par mois, dans la zone blastogénique. Ce bourgeon est une hernie embryonnaire ecto-en-dodermique qui se développe en une petite Hydre avec formation d’une bouche et d’une couronne de tenta-cules. Des Méduses, des Éponges, des Polychètes se reproduisent également selon ce mode de bourgeonnement.
y Formation de bourgeons actifs qui, ayant achevé leur développement,
ne se détachent pas de l’organisme souche et forment avec lui une colonie. Ainsi se constituent les colonies de Cnidaires (Hydraires, Coraux), des Bryozoaires, d’Ascidies. Chez les Bryozoaires, les bourgeons se forment à partir de l’ectoderme et du mésoderme. Chez les Ascidies, le bourgeonnement est fort complexe ;
le point de départ est une vésicule triploblastique composée des trois feuillets : ectoderme, mésoderme et endoderme ; la suite du bourgeonnement varie avec les divers groupes de Tuniciers.
y Formation de bourgeons dor-
mants ou résistants. Ces bourgeons de protection se forment lorsque les conditions sont défavorables ; ils sont capables de leur résister. Par exemple, les Spongillidés d’eau douce produisent des gemmules qui passeront l’hiver. Au printemps, lorsque la température s’adoucit, chaque gemmule redonne une Éponge nouvelle.
La gemmule se compose de cellules du mésenchyme à caractère embryonnaire, les archaeocytes, de cellules nourricières, les trophocytes ; des spongoblastes sécrètent une enveloppe de spongine épaisse formée de trois couches ; des spicules consolident la coque.
Les Bryozoaires d’eau douce disparaissent au début de l’hiver ; mais il se forme dans le funicule des bourgeons de protection, les statoblastes ; ceux-ci comprennent des cellules mésodermiques d’aspect embryonnaire avec des matières de réserve ; autour est sécrétée une enveloppe chitineuse avec parfois deux cavités remplies d’air et jouant le rôle de flotteurs. Lorsque les conditions sont favorables, le statoblaste se développe et donne une nouvelle colonie.
Scissiparité, ou schizogenèse
Lorsqu’il y a scissiparité, l’animal se coupe en morceaux, et chacun d’eux est capable de reconstituer un animal entier. Chez certains animaux, la division est tout simplement suivie d’une régénération, il s’agit alors d’architomie. De nombreux Protozoaires se propagent asexuellement par division cellulaire, par une mitose, qui pré-
sente des particularités dans les divers groupes. Par exemple, une Paramécie se divise une fois par jour ; au début de l’élevage, la multiplication est intense ; la population atteint une grande densité, et la division se ralentit. En culture isolée, si un seul individu est maintenu dans le milieu de culture frais, la lignée
dure indéfiniment (des lignées ont été gardées pendant treize ans, vingt-deux ans). Ces expériences souvent répétées ont permis d’affirmer que la lignée des Protozoaires était immortelle. Cette division de Protozoaires en deux ou en plusieurs parties s’accompagne de la régénération d’organites.
Le même phénomène se retrouve
chez les Hydres d’eau douce, des Mé-
duses, des Anémones de mer, qui se scindent longitudinalement en deux ou en plusieurs fragments, chacun régéné-
rant un nouvel organisme. Les Étoiles de mer, les Ophiures sont également capables de se diviser et de régénérer les parties absentes. L’architomie s’observe aussi chez les Planaires et chez quelques Polychètes et Oligochètes.
Ces derniers présentent une sorte de dissociation métamérique. Lumbricu-lus, Oligochète d’eau douce, perd ses segments, et chacun de ceux-ci refait un individu complet. Chez certains Polychètes (des Syllidiens), des individus sexués se séparent de l’individu souche asexué. La séparation des deux portions est suivie de régénération. La souche antérieure régénère ses segments postérieurs ; la portion postérieure reforme une tête ; au niveau de plan de scissiparité se reconstitue un individu complet et sexué. Un Polychète de la Manche, Dodecaceria, présente un mécanisme plus complexe ; un métamère se renfle, devient sphérique et se sépare de la souche ; en avant et en arrière du méta-mère sphérique se forme un bourgeon, et l’opération se répète deux fois ; chaque métamère produit donc quatre nouveaux individus.
Chez d’autres animaux, la division est précédée d’une prolifération et d’une régénération ; on parle alors de paratomie.
Chez le Polychète Salmacina, les
faits ont été bien étudiés. À partir de l’oeuf s’édifie un Polychète asexué, qui devient ensuite sexué (il est d’abord mâle et ensuite hermaphrodite). La schizogenèse s’effectue aussi bien dans un organisme asexué, chez un mâle ou chez un hermaphrodite. La sexualité n’exerce donc pas d’action sur la schizogenèse, mais cette dernière entraîne la régression des cellules germinales.
La scissiparité se manifestera à un cer-
tain niveau de la moitié antérieure de l’abdomen par un épaississement annulaire des téguments ; à ce moment, toute la portion abdominale, qui se downloadModeText.vue.download 23 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
9358
transforme en bourgeon, s’opacifie en raison du remaniement et de la diffé-
renciation des mésoblastes et des fibres musculaires. En avant du plan de scissiparité se forment un pygidium et une zone antépygidienne appartenant au zoïde antérieur. Leur réalisation achevée, la libération du bourgeon, ou blastozoïde, qui se sera édifié est possible.
L’édification du bourgeon se fait ainsi : l’épaississement tégumentaire reforme la tête et le segment prothoracique ; en arrière, les segments abdominaux se transforment en segments thoraciques du bourgeon. Le blastozoïde se détache de la souche lorsque sa tête et son panache branchial sont constitués, et que ses parapodes abdominaux sont changés en parapodes thoraciques. La libération du bourgeon s’effectue dix jours après le début de la morphoge-nèse. Ce phénomène se répète deux ou trois fois successivement et entraîne la diminution progressive de l’individu souche. Des arrêts dans le bourgeonnement sont donc indispensables.
Chez d’autres Polychètes (des Syllidiens), la schizogenèse n’est pas une reproduction asexuée ; elle favorise seulement la reproduction sexuée. Les segments postérieurs, porteurs des produits génitaux, se séparent de l’animal souche ; libérés, les produits génitaux poursuivent leur maturation sexuelle, et ainsi seront disséminés les gamètes.
À la scissiparité lente et paratomique s’ajoute parfois une scissiparité hâtive, continue ou intermittente, lorsque le dernier segment de l’animal souche produit rapidement des bourgeons nouveaux, qui forment une chaîne. Cette succession s’observe en particulier chez des Polychètes (Autolytus) et chez des Oligochètes limicoles (Nais, Stylaria, Aeolosoma...).