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vrier 1435. Au nom de son mari prisonnier, Isabelle de Lorraine accueille alors en Provence les représentants napolitains et accepte l’offre du trône qui lui est faite. Elle arme une petite flotte, s’assure l’alliance du duc de Milan, seigneur de Gênes, et entre même à Naples le 18 octobre 1435.

Bien que gravement menacée par

les forces de son compétiteur, le roi d’Aragon Alphonse V le Magnanime, Isabelle réussit à conserver son héritage à son mari le temps de sa captivité. Ce dernier, libéré des geôles bourguignonnes en novembre 1436,

bénéficie aussitôt du soutien actif des Provençaux et de l’appui des Génois, qui l’aident à équiper une flotte avec

laquelle il entre à son tour dans le port de Naples le 19 mai 1438. Brisant une contre-offensive des Aragonais, contraignant leur garnison du Castel downloadModeText.vue.download 5 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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Nuovo à capituler enfin en août 1439, il ne peut empêcher pourtant ses adversaires de conquérir son royaume, d’occuper Naples en juin 1442 et enfin d’assiéger le Castel Nuovo, dont il s’échappe sur des navires génois.

Le duc d’Anjou

De retour en Provence, René y lève d’importants subsides, puis part visiter son apanage ligérien, dont la partie méridionale, l’Anjou et la Touraine, toujours tenue par les forces de Charles VII*, est victime depuis un quart de siècle des ravages de la guerre de Cent* Ans, tandis que sa partie septentrionale, le Maine, reste sous la domination des Lancastres.

Fort influent à la Cour, que domine la maison d’Anjou depuis la chute de Georges de La Trémoille en 1433, il reprend la lutte contre les Anglais, puis négocie avec eux, en accord avec son beau-frère Charles VII, les trêves de Tours du 28 mai 1444 qui aboutissent au mariage de sa fille Marguerite d’Anjou avec le roi d’Angleterre Henri VI. Il entreprend alors de pacifier la Lorraine et, dans ce but, marie son autre fille, Yolande, à Ferry II de Vaudémont. En même temps, il tente en vain d’obtenir de son gendre Henri VI la restitution du Maine, qui ne devient définitive qu’au lendemain de la reprise du Mans par la force des armes en mars 1448.

Pour accélérer la reconstruction

économique de son apanage enfin

territorialement reconstitué, René d’Anjou adresse en novembre 1450 à Charles VII un long mémoire en forme de doléances qui décrit les terribles conséquences de la guerre de Cent Ans pour ce dernier et qui conduit notamment à la suppression d’une taxe sur les vins : la traite d’Anjou. En vain. Le roi René, qui séjourne fréquemment dans

différentes résidences angevines, pré-

side au rétablissement d’une certaine prospérité dans son apanage ligérien, prospérité favorable à la reprise d’une intense activité littéraire et artistique.

L’intérêt porté à ses domaines angevins est d’autant plus grand que le roi doit renoncer à ses ambitions lotharin-giennes et italiennes. À la mort de sa femme Isabelle en 1453, il se résigne en effet à céder le duché de Lorraine à son fils Jean de Calabre et à confier l’administration du duché de Bar à son gendre Ferry II de Vaudémont.

Le comte de Provence

D’ultimes interventions en Italie consacrent l’échec de ses ambitions napolitaines. Une expédition menée contre Venise à l’appel de Milan et de Florence (été 1453 - févr. 1454) tourne court. De retour en Provence en mai 1457, après un séjour de trois ans en Anjou, René tente en vain de maintenir la domination française sur Gênes, qui s’est placée sous la tutelle de Charles VII par le traité d’Aix de fé-

vrier 1458 et qui a reçu alors pour gouverneur Jean de Calabre. En l’absence de ce dernier, parti à la reconquête du royaume de Naples (1458-1464), René est en effet battu par les forces du duc de Milan, Francesco Sforza.

Il pense alors pouvoir ceindre, en compensation, la couronne d’Aragon, que lui offrent les Catalans révoltés contre leur roi Jean II en août 1466, lesquels accueillent son fils Jean de Calabre à Barcelone le 31 août 1467. Mais la mort subite de ce dernier dans cette ville le 16 décembre 1470 met un terme à ses ambitions hispaniques malgré l’effort financier considérable consenti par les états d’Aix, puis par la ville de Marseille.

Renonçant dès lors à ses ambitions politiques, René le Bon entreprend de compléter son oeuvre littéraire. Il mène dès lors une vie dispendieuse de fêtes et de tournois, et se fixe en Provence en 1471.

La Provence lui procure de gros revenus grâce à l’efficacité d’une administration financière qu’il a réorganisée

depuis longtemps : création d’un géné-

ral des finances en 1442, d’un receveur général des finances de 1445 à 1453, d’un grand président de la Chambre des comptes en 1460.

À partir de 1471, la création d’un maître des ports, la perception d’une taxe sur les blés et les peaux le long du cordon douanier mis en place autour du comté permettent au roi et à son Trésor et non pas simplement à Marseille de tirer le maximum de bénéfices du commerce de mer, dont il facilite le développement avec l’Italie et le Levant.

Le problème de

la succession

Un problème reste dès lors à résoudre : celui de sa succession. La mort en 1470

de son fils Jean de Calabre et de son gendre Ferry II de Vaudémont, celle en 1473 de son petit-fils Nicolas (fils de Jean) le privent de tout héritier mâle en ligne directe, son fils Louis étant mort dès 1432 à l’âge de dix-sept ans. Aussi, par son troisième et dernier testament en date du 22 juillet 1474, décide-t-il de partager sa succession entre son petit-fils René de Lorraine (fils de Yolande), auquel il ne lègue que le duché de Bar, et son neveu Charles du Maine (fils de son frère cadet Charles), auquel il laisse l’Anjou, le Maine et la Provence en raison de sa plus grande maturité. S’estimant lésé, son neveu Louis XI (fils de sa soeur Marie d’Anjou) saisit alors en 1475 les duchés de Bar et d’Anjou, jetant ainsi son oncle dans le camp du Téméraire. Déclaré alors coupable « de trop grands crimes de lèse-majesté... » par le Parlement de Paris le 6 avril 1476, le roi René doit faire sa soumission. Renonçant alors à modifier son testament en faveur de son petit-fils René de Lorraine, il meurt le 10 juillet 1480, laissant l’essentiel de sa succession à son neveu Charles V, comte du Maine, dont le décès le

11 décembre 1481 laisse Louis XI seul maître des biens de la maison d’Anjou et seul dépositaire de ses droits sur le royaume de Naples, que son fils, le futur Charles VIII devait faire valoir à la fin du XVe s. (V. Italie [guerres d’].) Le mécénat de

René Ier le Bon

Le roi René est l’héritier d’une lignée de mécènes : son grand-père, Louis Ier d’Anjou, commanda la tenture de l’Apocalypse d’Angers ; sa mère, Yolande d’Aragon, fit exécuter les Heures de Rohan (Bibliothèque nationale). Lui-même apprit la pratique de la peinture auprès de maîtres flamands. Lors de sa captivité en Bourgogne, il se mit à peindre assidûment. René d’Anjou s’adonna aussi à la littérature : il composa des poèmes, participa à l’élaboration du Livre des tournois, rédigea Mor-tifiement de vaine plaisance après la mort de sa première femme, puis le Livre du cuer d’amour espris et les Amours de Regnault et Jehanneton après son deuxième mariage.

Il aimait s’entourer de luxe, d’objets pré-

cieux, porter de beaux vêtements. Tout le conviait donc à exercer un mécénat, tant en Provence qu’en Anjou.

La vie mouvementée du roi René favorisa des contacts divers. On s’est demandé, à juste titre, s’il n’a pas contribué à l’introduction de la première Renaissance en France. En effet, il échangea toute une correspondance avec des érudits italiens, dont Marcello, qui lui envoya la première traduction latine de Strabon et une cos-mographie de Ptolémée. Les oeuvres de Dante et de Boccace voisinaient dans sa bibliothèque avec celles de Joinville et des Pères de l’Église. Colantonio, maître d’An-tonello* da Messina, connut l’art flamand par son intermédiaire. Lors de son passage à Florence, en 1442, Luca Della Robbia*