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Dans l’enthousiasme de la victoire, les électeurs votent massivement (16

et 30 nov. 1919) pour une majorité de droite, dite « de Bloc national »

(433 sièges), décidée à faire payer l’Allemagne et à s’opposer à la montée du bolchevisme, qui semble se développer en France depuis la constitution d’un parti communiste français à la suite de la scission du parti socialiste au congrès de Tours (déc. 1920).

Craignant toutefois l’autoritarisme de Clemenceau, la majorité écarte ce-downloadModeText.vue.download 39 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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lui-ci de la présidence de la République au profit de Paul Deschanel (janv.

1920), puis d’Alexandre Millerand (23 sept.) ; mettant en application son programme, elle tente d’opposer une barrière au bolchevisme en se rapprochant politiquement et militairement de la Pologne (pacte consultatif franco-polonais, févr. 1921) et des pays de la Petite-Entente, avec lesquels seront conclus des accords bilatéraux de 1924

à 1927. Mais cette politique extérieure, qui crée à la France des obligations à l’Est, s’ajuste mal avec la politique militaire défensive qu’elle pratique d’autre part. Quant aux garanties de sécurité collective, elles apparaissent fragiles depuis que les États-Unis ont refusé de ratifier le traité de Versailles et d’adhérer à la Société des Nations.

D’autre part, l’Allemagne, en proie à une inflation désordonnée, ne pouvant ni ne voulant s’acquitter des réparations, la situation du franc, désormais privé de sa base or, se détériore sur le marché international.

De nouveau président du Conseil

(15 janv. 1922 - 1er juin 1924), Poincaré occupe militairement la Ruhr*

(janv. 1923) et contraint l’Allemagne à capituler après une longue résistance passive (26 sept.). Cependant, cédant à la pression anglo-saxonne, il se résigne à l’évacuation de la Ruhr en échange d’un plan de réparations plus modeste, mais mieux garanti que le précédent (conférence de Londres, 16 juill. -

16 août 1924).

Craignant un renforcement de l’exé-

cutif, réclamé par Millerand, en faveur du président de la République (discours d’Évreux, oct. 1923), et exploitant les maladresses du gouvernement, qui augmente les impôts de 20 p. 100

(double décime), l’opposition se

regroupe en un Cartel* des gauches, victorieux lors des élections du 11 mai 1924 ; celui-ci contraint Millerand à démissionner (11 juin), mais Paul Painlevé, qu’il présente à la succession, est battu par Gaston Doumergue (13 juin) ; en revanche, le Cartel s’assure avec Édouard Herriot* le contrôle du gouvernement. Ne bénéficiant que du soutien et non de la participation

socialiste, Herriot doit constituer un ministère radical homogène (14 juin 1924 - 10 avr. 1925), qui se heurte rapidement à des difficultés financières considérables, aggravées par la reconnaissance de l’U. R. S. S. : les banques refusent de renouveler les bons du Tré-

sor précédemment souscrits (le « mur d’argent ») ; Herriot doit alors démissionner, tandis qu’éclatent des troubles en Syrie (Djebel Druze), au Maroc (guerre du Rif) et en Indochine (assassinat du gouverneur général).

Deux ministères Painlevé (17 avr. -

22 nov. 1925) et trois ministères Briand (28 nov. 1925 - 17 juill. 1926) pratiquent alors, sous l’impulsion d’A. Briand, une politique axée sur la S. D. N. et comportant une étroite entente avec la Grande-Bretagne ainsi qu’un rapprochement avec l’U. R. S. S.

et l’Allemagne (pacte de Locarno, 5-16 oct. 1925). Mais la dénatalité continue à sévir dans une France qui ne peut se permettre une nouvelle « saignée ». « Je fais la politique de notre natalité », affirme Briand, face aux accusations des nationalistes.

La situation financière empirant, Poincaré constitue un cabinet d’Union nationale, qui regroupe tous les partis, à l’exclusion des communistes et des socialistes (23 juill. 1926 - 27 juill.

1929). La confiance et les capitaux reviennent ; les modérés remportent les élections (avr. 1928) aux dépens de l’ancien Cartel. Poincaré décide alors de stabiliser définitivement la situation en dévaluant le franc* germinal des quatre cinquièmes : le « franc Poincaré » permet une nette reprise économique et rend les finances fran-

çaises les plus saines de l’Europe jusqu’en 1932. Mais, ébranlé par le départ des radicaux, qui estiment sa politique trop peu favorable à la laïcité (congrès d’Angers, nov. 1928), le gouvernement, remanié (11 nov. 1928), se sépare, Poincaré devant démissionner pour raison de santé (27 juill. 1929).

Les modérés conservent pourtant

le contrôle du gouvernement presque sans interruption de 1929 à 1932, la plupart des neuf ministères de cette période étant présidés par trois d’entre eux : A. Briand, André Tardieu et

Pierre Laval ; en outre, ils imposent Paul Doumer à la présidence de la République (13 juin 1931). Ils écartent d’ailleurs Briand du pouvoir, car ils lui reprochent d’avoir mené au Quai d’Orsay, où il a été installé presque en permanence du 17 avril 1925 au 12 janvier 1932, une politique trop pacifiste et surtout d’avoir accepté une nouvelle diminution des réparations (plan Young, juin 1929). Le réarmement allemand devenant possible, le gouvernement décide de faire construire la ligne Maginot. De plus, la situation s’aggrave à la suite du déclenchement de la crise américaine (krach de Wall Street, oct.

1929) et du fait de la multiplication des scandales financiers (affaire Hanau, déc. 1928 ; affaire Oustric, oct. 1930).

En 1931-32, la crise économique atteint la France : les affaires s’arrêtent, le chômage devient dramatique, le Tré-

sor se vide. La droite perd la majorité au profit des radicaux et des socialistes lors des élections de 1932, qui coïncident avec l’assassinat du président Paul Doumer, aussitôt remplacé par un autre modéré, Albert Lebrun, qui sera réélu en avril 1939. Le Cartel des gauches, qui semble se reconstituer sous la direction d’Édouard Herriot (3 juin -

14 déc. 1932), échoue rapidement.

L’accentuation des effets de la crise en 1933, l’arrêt des affaires, le scandale Stavisky, qui éclate à l’extrême fin de 1933, facilitent la montée des oppositions (Croix-de-Feu à l’extrême droite, communistes à l’extrême gauche) ; la nomination, pour la sixième fois consécutive, d’un radical à la présidence du Conseil, Édouard Daladier, réputé énergique (30 janv. 1934), et le déplacement du préfet de police Jean Chiappe incitent les ligues de droite à marcher sur le Palais-Bourbon (6 févr.). Daladier se relire le 7 février, et une contre-manifestation communiste se déroule le 9, tandis qu’Albert Lebrun prie Gaston Doumergue de

constituer un cabinet d’union nationale : formé le 9 février, ce ministère se disloque rapidement, les radicaux se refusant à modifier la Constitution au profit de l’exécutif (8 nov. 1934).

Alors, l’instabilité ministérielle devient galopante : quatre ministères se succèdent en dix-huit mois (nov.

1934 - juin 1936), la personnalité la plus marquante étant celle de Pierre Laval, président du Conseil de juin 1935 à janvier 1936. Celui-ci pratique une politique de déflation financière et une diplomatie italophile. Cependant, l’Allemagne qui, depuis janvier 1933, a un Führer, Adolf Hitler*, et qui réoccupe la Rhénanie* le 7 mars 1936, se réarme.