Bientôt s’organise un Front* populaire (radicaux, socialistes, communistes) qui, après avoir triomphé aux élections législatives d’avril-mai 1936, accède au pouvoir (les communistes ne participant pas au ministère) avec le socialiste Léon Blum* (4 juin). Celui-ci, affronté à une situation sociale grave (grèves avec occupation d’usines), or-downloadModeText.vue.download 40 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
9375
ganise alors la signature paritaire des accords Matignon (7 juin), suivis d’un train important de lois sociales (congés payés, semaine de 40 heures, conventions collectives), que la conjoncture rendra souvent inopérantes. En même temps, le franc est de nouveau déva-lué. La fuite des capitaux — que facilite l’opposition violente de l’extrême droite et des organisations secrètes
— oblige Léon Blum à proclamer la
« pause » (mars 1937). C’est en fait la fin du Front populaire, dont la politique est abandonnée par É. Daladier, chef du gouvernement d’avril 1938 à mars 1940. Il est vrai que la menace extérieure (axe Rome-Berlin) devient pressante.
L’occupation de l’Autriche par
l’Allemagne — l’Anschluss (11 mars 1938) —, puis le démantèlement (Munich, 30 sept. 1938) et la disparition de la Tchécoslovaquie (15 mars 1939) acculent la France à un grand mais tardif effort de guerre. Le ministre des Finances, Paul Reynaud, procède par décrets-lois pour aménager les quarante heures et dévaluer le franc.
Mais, face à l’Allemagne nazie, la France, affaiblie par une dénatalité
endémique, retardée dans son progrès économique par le poids d’habitudes héritées du XIXe s. (elle reste encore très fortement rurale), insuffisamment pré-
parée militairement, est promise à un sort tragique.
Le 1er septembre 1939, Hitler, encouragé par le pacte germano-sovié-
tique de non-agression, fait envahir la Pologne : la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre. Commence alors la « drôle de guerre », tandis que la Pologne est écrasée.
À l’intérieur, le parti communiste est dissous (26 sept.) ; trente-cinq de ses députés sont déchus de leur mandat (20 janv. 1940), ce qui déplace vers la droite l’axe de la majorité ; celle-ci oblige Daladier à démissionner (20 mars) au profit de Paul Reynaud, qui s’engage à ne pas conclure d’armistice séparé (accord franco-britannique, 28 mars). Ne pouvant sauver la Norvège ni couper définitivement la route du fer (avr.), l’armée française ne parvient pas à résister à l’offensive allemande des Ardennes (10 mai). La percée de Sedan permet à l’ennemi de tourner la ligne Maginot et d’encercler les forces alliées à Dunkerque, qui succombe le 4 juin, tandis que l’Italie déclare la guerre à la France (10 juin).
L’entrée du maréchal Pétain au gouvernement (18 mai), la nomination du général Weygand* au commandement
suprême ne peuvent sauver la situation. Les dirigeants français, devant l’ampleur du désastre, demandent un armistice immédiat ; ils sont suivis par une partie du gouvernement, alors que l’autre fraction, sous l’impulsion de Reynaud, accepterait une capitulation des troupes métropolitaines pour poursuivre la lutte outre-mer, avec l’appui de la flotte, qui est intacte. Mis en minorité par ses ministres, Reynaud démissionne à Bordeaux (16 juin) et est remplacé par le maréchal Pétain, qui signe un armistice le 22 juin avec l’Allemagne et le 24 avec l’Italie (v. Guerre mondiale [Seconde], France
[campagne de] et Vichy [gouvernement de]).
P. P.
F Action française / Algérie / Alsace / Anarchisme / Antisémitisme / Barrès (Maurice) / Blum
(Léon) / Boulanger (Georges) / Bourbon / Briand (Aristide) / Broglie (de) / Cailloux (Joseph) / Carnot (les) / Cartel des gauches / Castelnau / Catholicisme libéral / Catholicisme social / Clemenceau (Georges) / Commune / Communisme / Défense nationale (gouvernement de la) / Delcassé (Théophile) / Dreyfus (Affaire) / Empire colonial français
/ Faidherbe (Louis Léon) / Ferry (Jules) / Foch (Ferdinand) / Franc / France / France (campagne de)
[1940] / Franc-maçonnerie / Franco-allemande (guerre) / Front populaire / Gallieni (Joseph) /
Gambetta (Léon) / Gaulle (Charles de) / Guesde (Jules) / Guerre mondiale (Première) / Guerre mondiale (Seconde) / Herriot (Édouard) / Indochine française / Internationales (les) / Jaurès (Jean)
/ Joffre (Joseph) / Lavigerie (Charles) / Lesseps (Ferdinand de) / Lyautey (Louis Hubert) / Mac-Mahon (Patrice de) / Madagascar / Maroc / Maurras (Charles) / Millerand (Alexandre) / Orléans (famille d’) / Ouvrière (question) / Painlevé (Paul) / Panamá (les scandales de) / Parlement / Perier (les)
/ Pétain (Philippe) / Poincaré (Raymond) / Radicalisme / Rhénanie / Ruhr / Séparation des Églises et de l’État / Socialisme / Syndicalisme / Thiers /
Tunisie / Vatican / Vichy (gouvernement de) / Waldeck-Rousseau (Pierre) / Weygand (Maxime).
J. Bainville, Histoire de la troisième République (Fayard, 1935). / G. Bourgin, la 3e République, 1870-1914 (A. Colin, 1939 ; nouv. éd., coll. « U 2 », 1968). / F. Goguel, la Politique des partis sous la IIIe République (Éd. du Seuil, 1946 ; 2 vol.). / P. Bauju et H. Dubois, la 3e République (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 8e éd., 1975). / J. Chastenet, Histoire de la IIIe République (Hachette, 1952-1963, 7 vol. ; rééd., 1973 et suiv.). / E. Bonnefous, Histoire politique de la IIIe République (P. U. F., 1956-1967 ; 7 vol.). / J. Néré, la Troisième République, 1914-1940 (A. Colin, 1966 ; nouv. éd., coll. « U 2 », 1973) ; la Crise de 1929 (A. Colin, coll. « U 2 », 1968). / G. Bonnet, De Munich à la guerre (Plon, 1967) ; Dans la tourmente, 1938-1948 (Fayard, 1971). / G. Lefranc, le Mouvement syndical sous la IIIe République (Payot, 1967). /
P. Barral, les Fondateurs de la IIIe République (A. Colin, coll. « U », 1968). / M. Baumont, la Troisième République (Rencontre, Lausanne, 1968). / E. Berl, la Fin de la IIIe République, 10 juillet 1940 (Gallimard, 1968). / L. Girard, la Politique intérieure de la IIIe République, 1871-1914 (C. D. U., 1968). / P. Pierrard, Dictionnaire de la Troisième République (Larousse, 1968). /
W. L. Shirer, The Collapse of the Third Republic (New York, 1969 ; trad. fr. la Chute de la Troisième République, Stock, 1970). / J. P. Azéma et M. Winock, la IIIe République (Calmann-Lévy, 1970). / Y. H. Gaudemet, les Juristes et la vie politique de la IIIe République (P. U. F., 1970).
/ P. Guérin, Artisans et facteurs de continuité ministérielle sous la IIIe République (Éd. Ma-rescot, 1971). / J.-M. Mayeur, les Débuts de la IIIe République, 1871-1898 (Éd. du Seuil, 1973).
/ R. Cartier, l’Entre-deux-guerres (Larousse, 1974). / M. Rebérioux, la République radicale (Éd. du Seuil, 1974). / H. Dubief, le Déclin de la IIIe République, 1929-1938 (Éd. du Seuil, 1976).
La politique militaire
et les armées de la
IIIe République
Née en pleine bataille de la défaite des armées du second Empire*, la IIIe République aura à coeur de reforger l’appareil militaire qui donnera à la France la victoire de 1918. Abandonnée par ses alliés dès 1919, affaiblie par les immenses sacrifices consentis durant la Première Guerre mondiale, minée par ses divisions intestines et incapable de s’opposer au réarmement de l’Allemagne hitlérienne, elle s’effondrera en 1940 pour n’avoir pas su doter la France de forces armées correspondant à ses responsabilités dans le monde, ni même downloadModeText.vue.download 41 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
9376
aux exigences élémentaires de sa propre sécurité.
LA PRÉPARATION DE LA REVANCHE :
1871-1914
Amputée de l’Alsace-Lorraine, sans alliés, avec une frontière ouverte sur les « provinces perdues », la France de 1871 entreprend, dans le recueillement qui suit la défaite et le drame de la Commune*, la reconstruction de son appareil militaire. Sa stratégie, évidemment, ne peut qu’être dé-