Le navire est alors assimilable à une épave émergeante. On peut procéder à la réparation provisoire des avaries et utiliser ensuite l’un des procédés de renflouement des épaves. Sur un fond dur de longueur insuffisante, le navire risque de se briser si le flot baisse et l’on peut être amené, après des réparations provisoires, à renflouer séparé-
ment les deux tronçons du navire.
E. C.
F Remorquage maritime / Réparation navale /
Sauvetage.
J. Chapon, Travaux maritimes, t. II (Eyrolles, 1966 ; nouv. éd., 1972).
Renne
Mammifère ruminant de la famille des Cervidés (Rangifer tarandus).
Il occupe une place un peu à part dans cette famille, car les femelles y portent les bois comme les mâles.
Description
Cet animal a une taille moyenne de 135
à 220 cm de long, une hauteur de 80 à 150 cm pour un poids de 60 à 300 kg.
Les mâles sont plus longs et plus lourds que les femelles.
Le Renne a une tête lourde, portée bas quand il marche. Son museau est poilu jusqu’à son extrémité. Ses yeux sont grands, ses larmiers (glandes sous-orbitales) sont peu apparents. Il porte sur la tête des bois très caracté-
ristiques : insérés sur le frontal par un pivot (ou « meule ») très court, ces bois forment un arc à concavité antérieure : ils peuvent atteindre chez les grands mâles près de 1,50 m de haut. Chaque bois est garni de plusieurs branches, ou andouillers. Sur les bois des grands mâles, on compte jusqu’à 130 pointes terminales.
La castration des mâles n’empêche pas l’évolution des bois, comme chez les Cerfs d’Europe ; ces bois restent alors simplement vêtus de velours (peau qui enveloppe les bois en
évolution).
La chute des bois survient entre
novembre et janvier, même pour les castrats. Les femelles les perdent aussitôt la mise bas, qui a lieu en juin. Les bois repoussent quinze jours après leur chute.
Le pelage du Renne est de couleur variable, en général marron grisâtre, mais plus clair en hiver. Dans le Grand Nord, il est presque blanc. C’est un pelage d’un moelleux extraordinaire, remarquablement isolant. Les mâles semblent avoir comme une crinière sous l’encolure.
Le Renne est plus bas sur pattes que les autres Cervidés ; son épaisse fourrure lui donne l’air trapu. Ses pattes sont munies de larges sabots médians grâce auxquels, avec l’aide de ses sabots latéraux, il marche sans trop enfoncer dans la neige ainsi que dans les sols mous des marécages. Cette disposition anatomique lui évite l’enlise-ment et en outre lui permet de nager avec facilité : la traversée de lacs ou de bras de mer ne le rebute pas.
Quand il marche, le Renne émet
un bruit fort curieux à chaque fois qu’il plie une de ses pattes. Ce bruit ressemble à celui que fait une petite
branche de bois sec que l’on casserait entre ses mains.
Distribution
géographique
Le Renne était très répandu en Europe au Paléolithique supérieur. C’était probablement le gibier le plus à la portée et le plus profitable pour les hommes de cette époque, qui utilisaient tout l’animal : peau, fourrure, viande, os, bois, avec lesquels ils faisaient des outils. Certains de ces bois ont été retrouvés gravés et sculptés ; ils nous ont donné un fidèle témoignage de la vie et des moeurs de cette époque, que les préhistoriens ont appelé l’âge du Renne. Dans les grottes de Dordogne, on a aussi retrouvé de grandes fresques reproduisant des scènes de chasse.
L’habitat du Renne est le Grand
Nord, par-delà le cercle polaire, c’est-
à-dire les toundras et les forêts d’Europe, d’Asie et d’Amérique.
Les Rennes de Laponie sont des animaux semi-sauvages que les Lapons arrivent à contrôler tant bien que mal.
Les Lapons sont obligés de nomadiser avec leurs animaux quand ceux-ci se déplacent pour la quête de leur nourriture. Pour les capturer, ils organisent de grands enclos protégés par de solides palissades et font entrer les animaux dans ces installations par un couloir en entonnoir. Là, on prend au lasso ceux que l’on veut exploiter. On les trie pour les abattre, pour les castrer ou pour leur couper les bois de façon à rendre les plus forts moins dangereux avant de les mettre au dressage. On marque aussi les jeunes et les femelles avec des pinces métalliques aux oreilles.
Le Renne d’Europe et de Scandi-
navie est un animal de plaine ou de plateau. C’est un coureur, qui vit entre 800 et 2 000 m ; il se nourrit de brous-downloadModeText.vue.download 7 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
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sailles, de brindilles, d’herbe quand il peut en trouver, mais surtout de lichen.
En automne, il mange aussi des cham-
pignons. Tout ce qui lui tombe sous la dent lui sert d’aliment : des oiseaux, des oeufs, même des lemmings. Quand il va sur les plages, il mange du varech ou même des poissons morts rejetés par la marée.
Les Rennes vivent en troupeaux.
Les femelles, les jeunes et les petits mâles forment des troupeaux conduits par une vieille femelle expérimentée.
Les mâles adultes vivent à part en troupeaux moins grands. Tous ces animaux se déplacent en marchant au pas ou au trot, ne prenant le galop que lorsqu’ils sont effrayés par un être humain ou par des prédateurs : loups, gloutons, ours, qui sont leurs ennemis mortels. Mais les mouches et les moustiques sont encore plus dangereux pour eux. Les taons leur font des piqûres qui les affolent.
Des mouches pondent leurs oeufs dans leur épiderme, et les larves provoquent des abcès parfois mortels. Les Rennes souffrent souvent du parasitisme des fosses nasales, qui peut être aussi mortel. Pour échapper à ce terrible fléau que sont les insectes piqueurs du Grand Nord, ils recherchent la fraîcheur et repartent vers la montagne du centre de la Scandinavie.
Les Rennes sibériens vivent en
troupeaux de plusieurs milliers, mais répartis par bandes de 200 à 300 ; ils vont aussi de la forêt à la toundra, migrant sans cesse pour trouver une bien maigre nourriture.
Les Rennes sauvages canadiens, ou
« Caribous », deviennent de plus en plus rares. Ils étaient célèbres autrefois par leurs migrations massives et se déplaçaient par troupeaux imposants : femelles gravides suitées de leurs jeunes. Plus loin, d’autres troupeaux composés de mâles suivaient à deux ou trois jours de marche. Ces grands mouvements migratoires étaient déterminés par la recherche de pâturages. En été, les troupeaux allaient vers le nord dans les Barren Grounds et revenaient dès l’approche de l’automne se mettre à l’abri des grandes forêts pour y passer l’hiver, là où des herbivores ruminants trouvent toujours un peu de nourriture.
De nos jours, ces grands troupeaux américains ont disparu. On comptait 600 000 Rennes dans cette immensité
désertique située entre la baie d’Hudson et l’Alaska, en 1947. En 1973, il n’en restait que quelques milliers. Cette diminution de l’effectif a provoqué une grande misère chez les Esquimaux et chez les Indiens, dont l’existence ne reposait que sur celle de ces animaux.
Ils allaient attendre les Caribous à leurs lieux de passage et pouvaient se ravitailler. Depuis la fin de ces migrations, des tribus entières sont mortes de faim.
La destruction des Caribous a ainsi provoqué une véritable catastrophe.
Pour les remplacer, les Américains importèrent de Norvège des Rennes semi-apprivoisés, que l’on expédia par péniches et que l’on débarqua sur la côte de l’Alaska : 3 000 animaux furent ainsi conduits de la côte ouest de l’Alaska jusqu’au territoire du Mackenzie. L’expédition, menée par quelques hommes et femmes, mit cinq ans pour arriver à son but. Mais cette tentative, décrite par le Canadien Allen Roy Evans dans son livre le Long Voyage des Rennes (1938), ne réussit que partiellement.
P. B.
R. Hainard, Mammifères sauvages d’Europe, t. II (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1950). / L. Heck, « les Rennes », dans le Monde animal, t. XIII, vol. 4 (Zurich, 1972).