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rieure, qui, au-delà de toute différence, ne veut plus rien : c’est la surdivinité.

Dieu est absolue liberté, libre de toute forme d’être et de toute nature.

Ainsi, au Dieu statique de la théologie rationnelle des deux siècles précé-

dents, à l’être universel et immuable, Schelling a-t-il substitué le Dieu du mysticisme, à devenir intérieur. Ainsi, au terme de sa carrière, Schelling a-t-il distingué la « philosophie purement rationnelle », qui construit le possible, de la « philosophie positive », qui part du fait pur de l’absolue liberté. Il faut pourtant souligner, par-delà les diffé-

rences, une conception fondamentale qui le relie à Fichte : rien ne se pose que par une lutte et une victoire sur son opposé ; l’immédiat ne peut être que vide et néant.

Parmi les autres oeuvres de Schelling, on citera : Von der Weltseele (1798), Erster Entwurf eines Systems der Naturphilosophie (1799), Sys-

tem des transzendentalen Idealismus (1800), Philosophie der Kunst (1802-03), Philosophie der Mythologie

(1842), Philosophie der Offenbarung (1854).

D. C.

G. W. F. Hegel, Differenz des fichteschen und schellingschen Systems der Philosophie (Iena, 1801). / K. Fischer, Friedrich Wilhelm Joseph Schelling (Mannheim, 1872 ; 4e éd., Schellings Leben, Werke und Lehre, Heidelberg, 1923). / E. von Hartmann, Schellings philoso-phisches System (Leipzig, 1897). / E. Bréhier, Schelling (Alcan, 1912). / N. Hartman, Die Philosophie des deutschen Idealismus (Berlin, 1923).

/ E. de Ferri, La Filosofia dell’ identità di F. Schelling (Turin, 1925). / J. Habermas, Das Absolute und die Geschichte (Bonn, 1954). / G. Lukács, Die Zerstörung der Vernunft (Berlin, 1954 ; trad.

fr. la Destruction de la raison, l’Arche, 1958-59, 2 vol.). / K. Jaspers, Schelling : Grösse und Verhängnis (Munich, 1955). / C. Bruaire, Schelling (Seghers, 1970). / X. Tilliette, Schelling, une philosophie en devenir (Vrin, 1970 ; 2 vol.). /

J.-F. Marquet, Liberté et existence. Études sur la downloadModeText.vue.download 585 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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formation de la philosophie de Schelling (Gallimard, 1973).

Schiller

(Friedrich von)

Écrivain allemand (Marbach 1759 -

Weimar 1805).

Un siècle durant au moins, les

drames de Schiller ont occupé la première place sur les scènes de langue allemande. En 1859, les fêtes du centenaire de sa naissance eurent une importance nationale : l’Allemagne se reconnaissait en lui. Cent ans plus tard, les célébrations de 1959 n’eurent pas la même signification. Pourtant, en 1955, à propos du cent cinquantième anniversaire de sa mort, Thomas Mann prononça à Stuttgart, puis à Weimar le même discours, où il apparaissait que, malgré tant de changements, la personnalité de Schiller et son oeuvre demeurée largement vivante éveillaient des résonances à l’Est comme à l’Ouest.

Cette oeuvre demeure, même pour qui ne reconnaît plus sa dramaturgie, la plus haute forme du discours dramatique classique en langue allemande.

À la vérité, les scènes allemandes, dans la seconde moitié du XXe s., montent surtout ses oeuvres de jeunesse et, en premier lieu, les Brigands (Die Räuber). Le succès de la création, le 13 janvier 1782, au Théâtre national de Mannheim, en pays de Bade, rendit célèbre du jour au lendemain le nom de Friedrich von Schiller dans tous les pays allemands. Elle était l’oeuvre d’un médecin militaire wurtembergeois qui l’avait écrite en cachette, et son succès décida aussi du destin de son auteur.

Schiller, dont le père était officier du duc Charles Eugène de Wurtemberg, avait été mis en pension à quatorze ans dans une sorte d’école des cadres fondée par un prince qui voulait moderniser son pays. À la maison, deux femmes, sa mère et sa soeur, offraient au jeune Schiller, enfant sentimental et emporté, un refuge contre la raideur paternelle. Mais le pensionnaire de la Karlschule, l’école où il entra en 1773, ne connut plus que l’autorité, car le prince, père tout-puissant de ses élèves, dont il dirigeait à la fois les études et les consciences, était comme une incarnation de l’omnipotence divine. Son gouvernement se voulait éclairé, mais il était d’abord despotique et si méti-culeux qu’il ne restait guère de place libre dans l’emploi du temps de Schiller, qui dut lire secrètement les auteurs allemands du temps. Après avoir fait d’abord du droit, le jeune homme

entreprenait, sur ordre, en 1775, des études de médecine.

Son maître de philosophie, qui avait gagné sa confiance, lui fit lire beaucoup d’auteurs modernes, français, anglais, et c’est dans Leibniz que Schiller trouva l’idée d’une harmonie universelle, à la fois rationnelle et idéale. Il cherchait dans la méditation et l’étude ce que la réalité lui refusait ; il vivait dans un monde selon son rêve idéaliste.

Sa révolte contre un ordre imposé ne fit que grandir lorsqu’il sortit de l’internat en 1780 pour devenir médecin militaire stagiaire dans un régi-

ment de Stuttgart. Dans un petit État monarchique comme était le Wurtemberg, les sujets du prince vivaient sous une surveillance constante, à la fois de l’opinion et de la police, un peu comme dans la Chartreuse de Parme.

Contrainte double pour qui est militaire sans vocation et ne peut quitter sa ville de garnison sans un sauf-conduit.

« les Brigands »

La rébellion de Friedrich Schiller s’est exprimée d’abord, très indirectement, dans des poèmes, puis, avec une violence sans retenue, dans une pièce commencée à l’académie et terminée à Stuttgart : les Brigands. Le héros du drame, Karl Moor, privé de l’affection paternelle par les manoeuvres de son frère Franz, ne voit comme moyen pour

« venger l’humanité offensée » que la négation de l’ordre légal. Il ne peut soutenir sa révolte qu’en se mettant à la tête d’une bande de brigands. Mais ses compagnons, venus à lui pour des raisons variées, tuent et pillent sur leur passage, si bien que leur chef, traqué, finit par rendre les armes : « Deux gaillards comme lui suffiraient à ruiner l’édifice du monde moral. »

Idéaliste et rousseauiste, persuadé que l’ordre naturel est bon s’il n’est pas contrarié par la scélératesse des hommes et des lois, Karl Moor voulait renverser un ordre social corrompu, dont son frère est l’incarnation. Comment ne pas braver la loi quand elle est contre toute justice ? Mais comment trouver aussi le moyen de renverser l’ordre établi sans le secours des violents ? Karl Moor meurt de ce tragique déchirement entre l’honneur et le destin, entre les moyens de la force et le service d’un idéal. Sous une forme ou une autre, cet irréductible partage traversera toutes les pièces de Schiller, sauf la dernière.

Mais, en 1782, Karl Moor apparut

comme un porte-parole pathétique et enflammé de la jeune génération, celle des génies méconnus et du « Sturm und Drang », où grandissaient les forces et les ambitions d’un tiers état tenu dans une tutelle si étroite et si multiple que sa révolte fut, en même temps, radicale et idéale. Avant Schiller, Lenz*, Maximilian von Klinger, Leopold Wa-