ecclésiastique —, on se contente de la mentionner comme une situation établie depuis fort longtemps et donc sans gravité majeure.
Ramené à ses justes proportions,
l’événement de 1054 aurait pu n’être qu’un incident de parcours comme on en compte bien d’autres. Le patriarche d’Antioche, Pierre III, se hâte d’ailleurs de tenter d’y porter remède. Mais bientôt les croisades*, en multipliant avec les rencontres entre Grecs et Latins les occasions de mésentente, vont creuser le fossé.
Aggravation progressive
de la rupture
et tentatives
de réconciliation
L’élément sans doute le plus décisif est constitué par la création de principautés « franques » sur les territoires appartenant de droit à l’Empire byzantin, et cela malgré les engagements solennels pris lors de la première croisade (1095-1099). À Antioche, à Jérusalem et même théoriquement à Alexandrie, les patriarches orientaux, de tradition byzantine (melkites), doivent céder la place à des titulaires latins, ce qui est
— non sans raison — considéré comme une ingérence inadmissible du patriarcat de Rome ; les controverses se multiplient au cours desquelles sont ressassés tous les vieux griefs, auxquels s’en ajoutent de nouveaux, non moins futiles. La mesure est comble lorsque, pour payer aux Vénitiens le prix de leur passage, les chefs de la quatrième croisade s’emparent de Constantinople (1204), en pillent les trésors et les reliques, obligent l’empereur byzantin à s’enfuir pour céder la place à un Latin et enfin obtiennent du pape la désignation d’un patriarche latin.
Certes, les tentatives d’union, qui avaient été déjà nombreuses, ne seront pas abandonnées. Dès qu’ils ont pu ré-
cupérer leur capitale (1261), les empereurs byzantins s’efforcent de renouer avec Rome ; mais ces tentatives sont menées sous la pression de la conjoncture politique et sans qu’un effort réel de compréhension réciproque soit effectivement entrepris ; en particulier, rien n’est fait pour surmonter les pré-
jugés entretenus de part et d’autre dans l’ensemble de la chrétienté. Il n’est pas étonnant en conséquence que les actes d’union qui pourront être signés n’aient aucun retentissement et soient bientôt dénoncés. C’est le cas de celui qui est négocié au concile de Lyon (1274) et surtout de celui — pourtant beaucoup mieux préparé — qui est acquis au concile de Florence (juill. 1439), alors que déjà les Turcs menacent Constantinople, dont ils s’empareront en 1453.
L’union est dénoncée dès 1443 par les patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, réunis dans la ville sainte, comme elle l’avait déjà été à Moscou en 1441.
Le nouveau patriarche de Constan-
tinople, Gennadios II (1454-1456), désigné par Mehmed II Fatih comme chef de tous les orthodoxes* de l’Empire ottoman, rejette également l’union en 1454 et, en 1484, un office pour la réconciliation des Latins entrant dans la communion orthodoxe leur impose de rejeter le concile de Florence et ses décisions.
La situation demeurera inchangée
durant quatre siècles, aggravée même au XIXe s. tant par l’attitude des « missionnaires » latins, suspects de prosélytisme en pays orthodoxes, notamment par le moyen des établissements d’enseignement, que par les réactions provoquées par le premier concile catholique du Vatican* (ou Vatican I [déc.
1869 - juill. 1870]). Dès 1848, une encyclique commune des patriarches orientaux avait manifesté la position orthodoxe en réponse aux propositions d’union formulées l’année précédente par le pape Pie IX*. Elle devait être réitérée et durcie en réponse à l’invitation faite aux patriarches orthodoxes de participer au concile (1868).
C’est seulement à partir de 1958
que le climat se modifie avec l’avè-
nement du pape Jean XXIII*, qui a été longtemps délégué apostolique en Bulgarie, puis en Turquie, et a une connaissance personnelle des réalités du monde orthodoxe. D’emblée, cette attitude nouvelle trouve accueil auprès du patriarche de Constantinople Athê-
nagoras Ier (1948-1972). Si celui-ci ne
croit pas pouvoir se faire représenter officiellement au concile Vatican II (1962-1965), le patriarcat de Moscou y délègue des observateurs. Mais les relations directes entre le patriarcat oecuménique de Constantinople et le Saint-Siège romain se multiplient à partir de la rencontre de Paul VI et d’Athênagoras à Jérusalem (5-6 janv. 1964), de la visite de Paul VI à Constantinople (juill. 1967) et de celle d’Athênagoras Ier à Rome (oct. 1967). Ces rencontres et les échanges de lettres qui les accompagnent rétablissent en fait la situation existant au cours du premier millénaire entre les Églises de l’ancienne et de la nouvelle Rome.
Cependant, jusqu’ici (1976), la communion ecclésiastique et sacramentelle n’a pas encore été pleinement restaurée ; si les différences disciplinaires sont acceptées et si la question du Filioque elle-même ne semble plus devoir être considérée comme constituant une divergence insurmontable, reste le problème du rôle du pape dans l’Église et de sa relation avec le « ministère de Pierre ». Surtout, dans le monde orthodoxe, bien des méfiances subsistent qui s’expliquent par les vicissitudes d’une histoire tourmentée.
H.-I. D.
F Byzantin (Empire) / Christianisme / Concile /
Croisades / Églises orientales / Latins du Levant (États) / Orthodoxes.
M. Jugie, le Schisme byzantin : aperçu historique et doctrinal (Lethielleux, 1940). /
G. Every, The Byzantine Patriarchate, 451-1204
(Londres, 1947). / F. Dvornik, le Schisme de Photius (Éd. du Cerf, 1950). / S. Runciman, The Eastern Schism (Oxford, 1955). / W. De Vries, Orthodoxie und Katholizismus (Fribourg-en-Brisgau, 1965 ; trad. fr. Orthodoxie et catholicisme, Desclée, 1967). / A. Panotis, Pacifica-teurs : Paul VI, Athênagoras Ier (Beauchesne, 1973).
schiste
bitumineux
F SABLE ET SCHISTE BITUMINEUX.
schizophrénie
Affection neuropsychiatrique du
groupe des psychoses* observée essentiellement chez l’adolescent et l’adulte
jeune.
Si les symptômes de cette maladie consistent presque exclusivement en troubles mentaux, il ne faudrait pas croire pour autant à une origine uniquement psychologique. Il n’existe à la base de la schizophrénie aucune lésion du système nerveux, mais tous les travaux scientifiques modernes laissent entrevoir un dysfonctionnement subtil neurophysiologique et chimique encore inconnu. D’autre part, le terme schizophrénie recouvre très probablement un ensemble de maladies différentes dans leurs mécanismes, qui seront mieux individualisées dans l’avenir.
On sait depuis longtemps qu’il est des psychoses chroniques qui ne sont ni des schizophrénies ni des délires chroniques au sens habituel.
Définitions et limites
Longtemps désignée du vocable de
démence* précoce (Augustin Morel
en France et Emil Kraepelin en Allemagne), la schizophrénie n’est pas une démence au sens strict, car le trouble primordial ne réside pas dans un affaiblissement progressif de l’intelligence.
C’est une pseudo-démence qui apparaît comme une maladie de la personnalité, singulièrement de l’affectivité.
Dans les formes les plus classiques, qui font l’unanimité des cliniciens, la schizophrénie réalise une profonde transformation et surtout une dislocation de la personnalité comportant :
— une discordance des idées, des dé-
sirs, des sentiments, des paroles, des gestes et des actes, avec ambivalence et incohérence idéo-verbale ;