rer le schizophrène comme n’importe quel autre malade, veiller à éviter avec lui les conflits aigus. Cela n’empêche pas de le stimuler dans le sens d’une activité suivie, aussi bien loisir que travail, et de se montrer ferme du point de vue des prises régulières des médicaments aux doses indiquées.
Après l’hospitalisation, qui peut durer quelques semaines ou plusieurs mois, une maison de convalescence spécialisée est une solution bénéfique, permettant une transition progressive avec la vie sociale normale.
La reprise du travail s’effectuera dans des conditions très variables. Elle nécessite en fait souvent un changement d’horaire, de poste, de responsabilités, une simplification des tâches, l’absence de surmenage, du moins pendant quelques mois. L’hygiène de vie est capitale : existence très régulière, horaires précis, sommeil suffisant, suppression des excitants, des toxiques.
Les activités physiques ou sportives sont conseillées.
5. On insiste aujourd’hui sur des thérapeutiques fondées sur des institutions ou des établissements particuliers bien adaptés aux patients qui ont peu de soutien familial, des proches trop anxieux,
traumatisants et maladroits, ou simplement une famille ne pouvant, pour des raisons matérielles et sociales, assumer la charge et la surveillance continue du schizophrène. Ces établissements (hôpitaux, cliniques, centres de réadaptation et de rééducation) comportent des thérapeutiques de groupe : loisirs (sorties, conférences, cinéma, clubs, centres d’informations), occupations dirigées, travaux divers simples, puis de plus en plus compliqués, apprentissage d’un métier, attribution de responsabilités collectives, développement des facultés créatrices, artistiques ou artisanales, kinésithérapie spécialisée, sports, etc. On a créé aussi des hôpitaux de jour, des ateliers protégés, des colonies familiales, des centres de postcure, en nombre encore insuffisant.
On s’oriente vers une politique de secteur, c’est-à-dire un système de prise en charge médico-sociale correspondant à des zones géographiques pré-
cises, destiné à assurer la surveillance et la réinsertion socio-professionnelle du malade après sa sortie de l’hôpital de soins.
6. Une extension des méthodes psychothérapiques, pour la plupart inspirées de la psychanalyse*, se fait jour en France, mais celles-ci nécessitent l’adjonction de médicaments, de mesures institutionnelles et d’assistance psychiatrique. Une psychothérapie des parents, du conjoint peut être nécessaire. Elle les aidera à résoudre leurs problèmes affectifs en face du malade et à apporter à celui-ci un soutien plus efficace.
Schizophrénie
infantile
On a désigné ainsi un groupe de psychoses très diverses survenant entre le stade du nourrisson et celui de la puberté, ce qui exclut les schizophrénies de l’adolescent, rattachées à celles de l’adulte. Classiquement, la schizophrénie de l’enfant de la naissance à douze ans (environ) se définit comme une affection psychotique, non démentielle à l’origine, d’évolution spontanée chronique et progressive, caractérisée par une perte du contact avec la réalité, une perturbation massive des relations avec l’entourage, des manifestations spéciales de régression
affective et intellectuelle, un comportement discordant. Si intenses que soient les troubles de la schizophrénie infantile, aucune lésion cérébrale organique évidente, aucun signe neurologique objectif ne les justifient, du moins dans l’état actuel de nos connaissances. De nombreux travaux ont mis en lumière le rôle des facteurs psychologiques dans leur genèse (en insistant sur les possibilités psychothérapiques qui en découlent), mais cela n’élimine en rien celui des facteurs organiques. Ces derniers tiennent sans doute à un équipement héréditaire ou génétique anormal du système nerveux, à des dysfonctionnements biochimiques encore inconnus.
On utilise plus volontiers actuellement le terme plus vaste de psychose infantile, dont on distingue deux types essentiels selon l’âge d’apparition des symptômes.
Durant les cinq ou six premières années de la vie, il s’agit de désordres massifs avec absence plus ou moins complète de communication par le langage. Ces enfants, pourtant, ne sont ni débiles ni déments.
Leur intelligence peut être vive et leurs gestes adroits. De six ans à la puberté dominent les idées délirantes et les discordances de l’affectivité et de la conduite.
L’évolution, autrefois considérée comme sombre, vers un état démentiel, s’avère en fait très variable selon les cas, du moins sous traitement. Certaines formes aboutissent à une schizophrénie typique à l’adolescence. D’autres s’améliorent à l’âge adulte. Certaines se stabilisent à un niveau qui rappelle la débilité mentale simple.
Quelques-uns de ces enfants peuvent s’adapter dans des domaines scolaires, puis professionnels très étroits.
G. R.
F Démence / Folie / Psychose.
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9930
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Schlegel (August
Wilhelm et
Friedrich von)
F ALLEMAGNE [La littérature de
langue allemande].
Schleiermacher
(Friedrich Daniel
Ernst)
Théologien protestant (Breslau 1768 -
Berlin 1834).
Successivement formé aux disci-
plines de la philologie, de la philosophie et de la théologie, Schleiermacher a connu une éblouissante carrière de prédicateur et de professeur de théologie. Fortement marqué dans son enfance par la spiritualité du piétisme, il s’ouvre à la philosophie des lumières, relie celle-ci à toute l’histoire de la pensée et fréquente assidûment les salons berlinois où se rencontrent les jeunes romantiques. Sa curiosité inlassable, ses conversations avec l’élite intellectuelle de son temps lui inspirent le désir de réconcilier religion et culture.
En 1799, il publie les Discours sur la religion aux esprits cultivés détracteurs de celle-ci : titre hautement significatif d’une visée apologétique nouvelle ; il s’agit de montrer aux beaux esprits comme aux esprits forts qu’on ne saurait être véritablement cultivé en négligeant une dimension fondamentale de l’humanité : la vie religieuse.
Après quelques tensions avec le pouvoir royal, qui se méfie de son indépendance idéologique, Schleiermacher, couvert d’honneurs et entouré d’un respect croissant, publie ses oeuvres majeures : en 1811, la Brève Exposition de l’étude de la théologie ; en 1821-22, la Foi chrétienne, d’après les principes de l’Église évangélique.
Poursuivant la démarche analytique, il opère, en fait, une véritable révolution copernicienne en théologie : « La religion est intuition de l’Univers » ; par elle, l’homme est mis en relation avec l’infiniment bon qui l’attire et
l’enthousiasme, le dépouillant de ses étroitesses particularistes et égoïstes, lui permettant d’accéder à la pleine dimension de son humanité.
Le fait chrétien décisif, celui à partir de quoi on peut fonder une discipline réflexive, la théologie, c’est la piété, caractérisée par le « sentiment d’absolue dépendance ». Là où cela est reconnu, mieux : éprouvé, plus encore : vécu, là est posée la base d’une communion véritable tout entière animée d’un souffle d’immortalité.