L’austérité de Schönberg, sa vision très élevée, très exigeante de l’art musical, ont créé autour de son oeuvre une légende d’inaccessibilité que les années n’ont pas effacée. Certes, le Schönberg postromantique a trouvé grâce aujourd’hui auprès du public, mais le Schönberg « atonal » est réputé
« difficile », et le Schönberg sériel —
à l’exception de Moïse et Aaron —
presque incompréhensible. Nul ne met en doute la portée de son influence : la musique de l’après-guerre procède directement de l’invention de la série. Mais certains commentateurs avancent que Schönberg n’a été que l’initiateur d’un mouvement, et que Berg et Webern l’ont dépassé dans la réalisation de ses propres idées.
D’autres, il est vrai, soutiennent au contraire que Schönberg a dominé son époque et qu’il ne lui manque encore, pour être pleinement reconnu, que d’être pleinement compris.
A. H.
F Atonale (musique) / Dodécaphonie ou dodé-
caphonisme / Sérielle (musique).
A. Schönberg, Harmonielehre (Vienne, 1911 ; 4e éd., 1956) ; Models for Beginners in downloadModeText.vue.download 601 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
9936
Composition (New York, 1942) ; Style and Idea (New York, 1950). / R. Leibowitz, Schönberg et son école, l’étape contemporaine du langage musical (Janin, 1947) ; Introduction à la musique de douze sons (l’Arche, 1949) ; Schönberg (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1969).
/ H. H. Stuckenschmidt, Arnold Schönberg (Zurich, 1951, 2e éd., 1957 ; trad. fr., Éd. du Rocher, Monaco, 1956).
Les principales oeuvres de
Schönberg
Musique de chambre
1899, 1917, 1943 Verklärte Nacht (la Nuit transfigurée) ; pour sextuor à cordes, op. 4 ; version pour orchestre à cordes
1904-05 premier quatuor à cordes en ré mineur, op. 7
1907-08 deuxième quatuor à cordes (avec voix) en fa dièse, op. 10
1927 troisième quatuor à cordes, op. 30
1936 quatrième quatuor à cordes, op. 37
1923 sérénade pour voix et sept instruments, op. 24
1923-24 quintette pour instruments à vent, op. 26
1925 suite pour sept instruments, op. 29
1946 trio à cordes, op. 45
1897-1905 mélodies Pour chant et piano, op. 1, 2, 3, 6
1909 trois pièces pour piano, op. 11
1923 cinq pièces pour piano, op. 23
1928 pièces pour piano, op. 33 a
1931 pièces pour piano, op. 33 b
Musique vocale
1908-09 15 Gedichte aus « Das Buch der hängenden Gärten » (le Livre des Jardins
suspendus), mélodies pour chant et piano, op. 15
1911 Herzgewächse, pour voix et instruments, op. 20
1912 Pierrot lunaire, 21 mélodrames pour voix et instruments, op. 21
1942 Ode to Napoleon Buonaparte (Ode à Napoléon), pour récitant et instruments, op. 41
1948 3 Deutsche Volkslieder (3 Volkslieder allemands), op. 49
Musique chorale et
dramatique
1900-1911 Gurrelieder, pour soli, choeurs et orchestre
1907 Friede auf Erden (Paix sur terre), pour choeur mixte, op. 13
1908-1913 Die glückliche Hand (la Main heureuse), drame, op. 18
1909 Erwartung (l’Attente), monodrame, op. 17
1928-29 Von Heute auf Morgen (D’aujourd’hui à demain), opéra bouffe, op. 32
1930-31 Moses und Aron (Moïse et Aaron), opéra en trois actes (inachevé)
1938 Kol Nidre, pour récitant, choeur et orchestre, op. 39
1947 A Survivor from Warsaw (Un survivant de Varsovie), pour récitant, choeur et orchestre, op. 46
1949 Drei Mal Tausend Jahre (Trois Fois mille années), pour choeur mixte, op. 50 a 1950 Psaume CXXX, pour choeur mixte, op. 50 b
Musique symphonique
1903 Pelleas und Melisande (Pelléas et Mélisande), poème symphonique, op. 5
1906 Première Symphonie de chambre, op. 9
1909 cinq pièces pour orchestre, op. 16
1926-1928 variations pour orchestre, op. 31
1929-30 musique d’accompagnement
pour une scène de film, op. 34
1936 concerto pour violon, op. 36
1941 Variations sur un récitatif, pour orgue, op. 40
1942 concerto pour piano, op. 42
Schongauer
(Martin)
Peintre et graveur alsacien (Colmar ?
v. 1450 - Vieux-Brisach 1491).
« Le Beau Martin », « beau-à-
cause-de-son-art », est un artiste géné-
ralement méconnu. Il fut la victime de la destruction de la plus grande partie de son oeuvre peint, puis, au XIXe s., d’une vogue qui lui fit attribuer toutes sortes de peintures de son époque ; on lui préféra au XXe s., en France du moins, Dürer* ou Grünewald*. Il est cependant la plus brillante liaison entre le gothique tardif et la Renaissance de l’Europe du Nord.
Fils d’un orfèvre originaire d’Augsbourg, il reçoit une solide éducation ; on le trouve inscrit (à quel titre ?) à l’université de Leipzig pendant un semestre. Il étudie la peinture dans l’atelier de Gaspard Isenmann († 1472), à Colmar, et garde pendant quelque temps le goût de Rogier Van der Weyden*, avec qui il a peut-être également travaillé. En tout cas, son grand sérieux et l’épanouissement de son propre style lui permettent d’ouvrir un atelier à Colmar. Sa maîtrise technique, une conception très haute à la fois de son métier et des sujets religieux qu’il représente le classent vite parmi les plus grands.
À une construction peut-être en-
core primitive de l’espace pictural se superpose un modelé créant des perspectives étrangement vivantes, où le réalisme n’a pour fonction que de souligner la beauté surréelle des visages ; ce n’est pas encore l’époque des Clouet, des Holbein. Il y a dans
la Vierge au buisson de roses (1473, église Saint-Martin de Colmar) un point d’équilibre subtil qui, à la fois, représente l’apothéose finale d’une époque et la transcende.
Peu de peintures sont parvenues
jusqu’à nous, quoique, suivant ses contemporains, Schongauer fût un
peintre prolifique. Outre le panneau déjà cité, on peut lui attribuer d’une façon certaine les deux ailes du retable de Jean d’Orliac provenant de l’église des Antonites d’Issenheim (Annonciation, Vierge adorant l’Enfant, Saint Antoine, musée d’Unterlinden, Colmar), six petits tableaux, dont une Nativité (Berlin) et une Sainte Famille (Vienne), et les fresques endommagées du Jugement dernier
à la cathédrale de Vieux-Brisach, en Allemagne, sa dernière oeuvre probablement. Les vingt-quatre panneaux pour l’église des Dominicains (Colmar) sont plutôt un travail collectif dû à son atelier. On connaît par ailleurs un bon nombre de copies, dont celle d’un autoportrait due à Hans Burgk-mair (1473-1531), son élève.
L’influence de Schongauer fut
très grande à son époque et s’étendit jusqu’aux confins de l’Europe, en particulier grâce à ses gravures au burin. À partir du métier de son père, il était naturel que l’artiste se préoccupât d’estampe*, et son apport y fut au moins aussi important qu’en peinture. Transformant ce qui était encore un métier de cartier, il ouvrit de vastes horizons par ses recherches de contours, de matières, de modelé.
La composition de ses images a
une autorité telle que de nombreux peintres s’en inspirèrent pour leurs travaux. Plus de cent planches nous sont parvenues : sujets religieux, scènes de la vie quotidienne, armoiries, décors floraux, allégories... Mort jeune, le maître a cependant pu donner toute la mesure de son génie ; c’est auprès de ses frères (notamment Ludwig [v. 1440-1494], également peintre et graveur) que Dürer recueillera, l’année suivante, l’héritage graphique de « Schon ».
E. M.
J. Baum, Martin Schongauer (Vienne, 1948). / F. Winzinger, Die Zeichnungen Martin Schongauers (Berlin, 1962).
Schopenhauer
(Arthur)
Philosophe allemand (Dantzig 1788 -
Francfort-sur-le-Main 1860).
Arthur Schopenhauer est issu de la bourgeoisie libérale. Après un essai sur la Quadruple Racine de la raison suffisante (Über die vierfache Wurzel des Satzes vom zureichenden Grunde, 1813) il publie en 1818 le Monde comme volonté et comme