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représentation (Die Welt als Wille und Vorstellung), qui n’a aucun succès, pas plus que l’enseignement qu’il donne comme privat-docent à Berlin en 1820. Il mène alors pendant une dizaine d’années la vie d’un célibataire aisé, assez oisif, puis se retire à Francfort, où il écrit ses principaux traités (Sur la volonté dans la nature [Über den Willen in der Natur, 1836] ; les Deux Problèmes fondamentaux de

l’éthique [Die beiden Grundpro-

bleme der Ethik, 1841] ; Parerga et Paralipomena, 1851).

De fait, Schopenhauer se situe en marge de son temps et, tout comme Stendhal, écrit pour l’homme de demain : « Si ce siècle ne me comprend pas, il y en a beaucoup ensuite ; tempo è galant uomo. »

C’est ainsi que, dès les premières lignes de son oeuvre, il s’élève contre les grands systèmes de pensée, si courants à son époque, et leur langage spéculatif plein d’obscurité. Selon lui, une pensée, si vaste et si ample soit-elle, doit s’exprimer dans le moindre des sujets et non seulement dans de vastes architectures dont la fin est en général toujours différée...

Lui-même, mettant en application ce principe, prend pour objet de réflexion les thèmes les plus variés : l’art, les femmes, le jeu, la musique...

Au centre de tous ces thèmes, on

retrouve pourtant une pensée unique : la doctrine de Schopenhauer peut se comparer à une vaste évocation ma-

gique. De même que la magie domine les esprits de la terre et les rend inoffensifs en les évoquant (jusque-là, ils étaient des puissances d’autant plus nocives qu’ils étaient obscurs et downloadModeText.vue.download 602 sur 621

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cachés), de même la philosophie va dévoiler la puissance du monde, l’x qui le soutient, comme étant volonté ; mais, par là même, une fois dévoilée, cette volonté, qui jusqu’alors était la cause de souffrances sans cesse renaissantes, deviendra inoffensive.

Ici s’exprime ce qu’on a appelé le

« pessimisme » de Schopenhauer,

car, au-delà des motifs que l’intellect donne à son action, cette volonté se révèle force aveugle, simple tendance complètement irrationnelle, absurde.

Ainsi, voici saisie la racine du mal in-hérent à l’existence : c’est le vouloir-vivre, absurde, sans raison et sans fin, qui engendre toujours de nouveaux besoins et, avec eux, de nouvelles douleurs.

Toute l’expérience humaine

s’éclaire alors ; on comprend à la fois l’espoir et sa vanité, l’effort et son échec nécessaire, l’amour sexuel avec sa fureur, sa jalousie, sa puissance qui ignore toute raison et fait renaître toujours de nouveaux êtres pour de nouvelles souffrances. L’homme a-t-il satisfait ses désirs ? Alors commence l’ennui qui peut l’amener au désespoir ; aussi cherche-t-il de toute manière à l’éviter : « C’est l’ennui qui fait que des êtres qui s’aiment aussi peu entre eux que les hommes, se cherchent pourtant, et par là est la source de la sociabilité. » On ne peut opposer à ce pessimisme l’existence du plaisir, car la douleur qui naît du vouloir-vivre est la seule réalité po-

sitive, et le plaisir n’est ressenti que dans le moment fugitif où cesse la douleur.

Mais, en dehors de la philosophie, l’humanité a découvert spontanément deux remèdes à ses souffrances, l’art et la morale, et c’est à leur étude que Schopenhauer consacre la dernière partie de son oeuvre.

D. C.

W. Gwinner, Arthur Schopenhauer aus persönlichem Umgange dargestellt (Leipzig, 1862 ; nouv. éd., Francfort, 1963). / T. Ribot, la Philosophie de Schopenhauer (Baillière, 1874).

/ G. Simmel, Schopenhauer und Nietzsche (Leipzig, 1907 ; nouv. éd., Munich, 1920). /

T. Ruyssen, Schopenhauer (Alcan, 1911). /

F. Rossignol, la Pensée de Schopenhauer (Bordas, 1945). / A. Cresson, Schopenhauer (P. U. F., 1958). / B. F. Kimpel, The Philosophy of Schopenhauer (Boston, 1964). / C. Rosset, Schopenhauer (P. U. F., 1968) ; l’Esthétique de Schopenhauer (P. U. F., 1969).

Schrödinger

(Erwin)

Physicien autrichien (Vienne 1887 - id.

1961).

Schrödinger commence ses études,

comme élève de Friedrich Hasenöhrl (1874-1915), dans sa ville natale et les poursuit à l’université d’Iéna, où il devient l’assistant de Max Wien (1866-1938). Il est nommé professeur à la Haute École technique de Stuttgart (1920), à l’université de Breslau (1921), puis, la même année, à Zurich.

En 1927, il succède à Max Planck* à l’université de Berlin.

Lors de l’arrivée au pouvoir du national-socialisme, il doit, en tant qu’israélite, s’expatrier. Il accepte en 1933 une chaire qu’on lui offre à l’université d’Oxford, puis, après un passage à Graz (1936-1938), il devient en 1940 professeur de physique théorique à Dublin, à l’Institut des hautes études de l’État libre d’Irlande. C’est seulement en 1956 qu’il retourne à Vienne pour y professer.

Ses premiers travaux portent sur

l’étude physiologique des couleurs et la théorie des quanta. Mais, comme il l’a dit lui-même, c’est essentiellement à Louis de Broglie* qu’il doit sa carrière. Il est en effet l’un des principaux artisans de la mécanique* ondulatoire

— que vient de créer le savant français

— dans l’application qu’il en fait à la structure de l’atome. Il approfondit le parallélisme entre l’aspect ondulatoire et l’aspect corpusculaire des phéno-mènes, tant pour la matière que pour la lumière. Il montre l’identité de cette mécanique ondulatoire, qu’il développe, avec la mécanique matricielle de Werner Heisenberg*, en dépit de méthodes de calcul foncièrement diffé-

rentes. En établissant en 1926 l’équation de propagation qui porte son nom

— et qui permet de calculer la « fonction d’onde » d’une particule se dépla-

çant dans un champ donné —, il fonde les méthodes actuelles de la mécanique quantique.

L’équation de Schrödinger est devenue en effet l’outil principal de cette mécanique. Elle a permis de préciser downloadModeText.vue.download 603 sur 621

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la position des raies spectrales d’un élément, d’expliquer l’effet Zeeman, l’effet Stark, la loi de Dulong et Petit, l’existence du point de Curie, celle des deux formes allotropiques de l’hydrogène, l’émission d’ondes électromagnétiques par l’hydrogène interstellaire...

L’oeuvre principale de Schrödinger

est Wellenmechanik (1927), traduite sous le titre Mémoires sur la mécanique ondulatoire (1938). Schrödinger a tenté d’appliquer cette mécanique aux phénomènes biologiques et à la génétique dans What is Life (1944), Science and Humanism (1951). Il a partagé avec Dirac* le prix Nobel de physique pour 1933.

R. T.

Schubert

(Franz Peter)

Compositeur autrichien (Liechtental, Vienne, 1797 - Vienne 1828).

Douzième enfant d’une famille paysanne, Schubert apprend le violon avec son père, qui est maître d’école, et le piano avec son frère aîné, Ignaz. À partir de 1804, il est l’élève de Michael Holzer, chef du choeur de l’église paroissiale. Il est admis en 1808, après un brillant examen, comme chanteur à la chapelle impériale et devient, de droit, interne au Stadtkonvikt, institution où il reçoit gratuitement une instruction générale. La discipline du collège lui est bientôt insupportable ; mais Schubert trouve une compensation dans les activités musicales. Il est nommé premier violon de l’orchestre et participe aux concerts privés. Il se lie d’amitié avec le Konzertmeister Joseph von Spaun et étudie le piano avec l’organiste de la Cour, Wenzel Ruczicka.

Dès 1810, il commence à composer ; il entre alors en conflit avec son père, qui s’oppose vainement à sa vocation musicale. Alors qu’il est encore au collège, en 1813, il travaille la composition avec Antonio Salieri (1750-1825), maître incontesté de l’opera buffa à Vienne. L’influence de l’artiste italien n’est pas bénéfique ; plus tard, Schubert, qui a de l’affection pour son maître, s’entêtera à écrire de la musique dramatique, pour laquelle il n’a aucune disposition, alors que, depuis sa prime jeunesse, il est attiré vers le lied.