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et de faire revivre sa dualité. La part d’ombre de sa musique est indispensable à sa connaissance complète, et il faudra convenir un jour que la musique romantique, dont il est naturellement un des acteurs essentiels, ne peut se mesurer par ses seuls chefs-d’oeuvre.

Singulièrement, Liszt, pour des raisons autres, a subi longtemps le même sort ; nous commençons seulement

d’éprouver le poids de sa musique sa-crée et de ses « expériences » tardives.

Liszt non plus n’était pas uniquement le virtuose de l’avenir, comme Schumann n’est pas uniquement « le poète parle ». Si opposés que soient les deux tempéraments, n’est-il pas troublant qu’ils se soient mutuellement dédiés les deux partitions majeures du piano romantique : la fantaisie op. 17 et la sonate en si mineur ? S’ils se sont ainsi fait hommage d’égal à égal, en s’offrant leur chef-d’oeuvre — au sens propre du mot —, il nous reste sûrement le devoir de les juger avec plus de clairvoyance à travers la totalité de leur oeuvre.

R. S.

R. A. Schumann, Gesammelte Schriften über Musik und Musiker (Leipzig, 1854, 4 vol., 4e éd., 1914, 2 vol. ; trad. fr. Écrits sur la musique et les musiciens, Fischbacher, 1894) ; Jugendbriefen (Leipzig, 1885 ; 4e éd., 1910) ;

Briefe, neue Folge (Leipzig, 1886 ; 2e éd., 1904) ; Lettres choisies de Robert Schumann (Fischbacher, 1909-1912, 2 vol.) ; Journal intime de Robert et Clara Schumann (Buchet-Chastel, 1967). / F. G. Jansen, Die Davidsbündler : aus Robert Schumanns Sturm- und Drangperiode (Leipzig, 1883). / J. W. von Wasielewski, Robert Schumann, eine Biographie (Leipzig, 1906). /

E. Schumann, Robert Schumann, ein Lebens-bild meines Vaters (Leipzig, 1931 ; trad. fr.

Robert Schumann, Gallimard, 1937). / Robert Schumann, numéro spécial de la Revue musicale (Richard Masse, 1935). / W. Boetticher, Robert Schumann : Einführung in Persönlichkeit und Werk (Berlin, 1941) ; Robert Schumann in seinen Schriften und Briefen (Berlin, 1942).

/ A. Coeuroy, Schumann (la Colombe, 1950). /

M. Beaufils, la Musique de piano de Schumann (Larousse, 1951). / A. Boucourechliev, Schumann (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1956).

/ J. Chissel, Schumann (Londres, 1956 ; 2e éd., 1967). / Y. Tiénot, Schumann (Lemoine, 1959).

/ L. B. Plantinga, Schumann as Critic (New Haven, Connect. 1967). / E. Sams, The Songs of Robert Schumann (Londres, 1969). / Robert Schumann (Hachette, 1970).

Jalons

biographiques

1810 8 juin : naissance de Robert Schumann à Zwickau. Son père, Friedrich August, fils de pasteur, entre en apprentissage chez un marchand à l’âge de seize ans ; passionné de littérature, il s’inscrit à l’université de Leipzig ; employé de librairie à Zeitz, il s’éprend de la fille du chirurgien Schnabel (Johanna Christiane), son logeur ; il obtient sa main lorsque, grâce à l’argent de la publication de ses écrits, il peut acheter une librairie à Zwickau. Enfance choyée de dernier-né pour Robert.

Trois frères : Eduard, Karl, Julius ; une soeur : Emilie.

1817 Premières leçons de musique avec Johann Gottfried Kuntzsch.

1819 Emmené par son père, Schumann assiste à Leipzig à une représentation de la Flûte enchantée et à Karlsbad (Karlovy Vary) à un concert d’Ignaz Moscheles : premier choc musical.

1820 Il entre au lycée, où il joue du piano et compose un Psaume 150 (1822).

1823 Chez les amis de ses parents, les Carus, il découvre la musique de chambre

de Haydn, de Mozart et de Beethoven. Il lit les classiques grecs et latins, Byron, Schiller, Goethe, Jean Paul et rédige ses premiers essais littéraires. Il improvise des portraits en musique.

1826 Mort d’Emilie, folle depuis son enfance.Mort de Friedrich August, probable-downloadModeText.vue.download 608 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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ment hâtée par le chagrin de la mort de sa fille.

1827 Avec Agnes Carus (« Je l’ai aimée autrefois passionnément »), Schumann dé-

couvre les lieder de Schubert* et compose ses premiers lieder.

1828 Sa mère et son tuteur décident qu’il fera des études de droit à Leipzig ; Schumann n’aime ni la ville ni les cours. Voyage en Bavière et rencontre avec Heinrich Heine. Il fait la connaissance de Friedrich Wieck, professeur de piano, et de sa fille Clara (1819-1896), pianiste prodige. Polonaises pour piano à quatre mains.

1829 Leçons avec Wieck. Schumann dé-

cide de suivre à Heidelberg les cours de droit de A. F. J. Thibaud, musicien amateur.

1830 Vie mondaine à Heidelberg : Schumann joue en public Thème sur le nom Abegg, varié. À Francfort, il entend Paga-nini. 30 juillet : lettre à sa mère dans laquelle il la met en face de sa décision de se consacrer à la musique, s’en remettant au jugement de Wieck, qui est vainqueur de l’hostilité de la mère de Schumann. Celui-ci revient à Leipzig et loge chez son maître.

Alternance de dépression et d’enthousiasme devant sa nouvelle vie.

1831 Périodes de dépression. Leçons avec Heinrich Dorn (écriture) vite abandonnées.

Terreur au moment de l’épidémie de choléra. Article sur Chopin, avec les pseudonymes d’Eusebius et Florestan.

1832 Wieck et Clara en tournée : dépression. Parution d’Abegg et des Papillons, joués par Clara en mai. Paralysie du troisième doigt : Schumann renonce à une carrière de pianiste. Composition et exécution à Zwickau de la symphonie en sol mineur.

1833 Réunions des amis de Schumann au Kaffeebaum et projet d’une revue musicale. Mort de Julius et de Rosalie, sa belle-soeur. 17 octobre : conséquence de ce deuil, première crise nerveuse de Schumann, impression de folie, tentative de défenestration.

1834 Avril : 1er numéro de la Neue Zeitschrift für Musik (la Nouvelle Revue musicale), revue que Schumann fera paraître à peu près seul jusqu’en 1844. Amour passager pour Ernestine von Fricken. Carnaval, op. 9.

1835 Rencontre de F. Mendelssohn et de Chopin. Robert et Clara découvrent leur amour. Rupture avec Ernestine.

1836 Wieck interdit à Clara de voir Schumann. Début de la lutte pour Clara. Fé-

vrier : mort de la mère de Schumann. Mars : début d’une séparation complète d’avec Clara ; composition du début de la fantaisie op. 17 (Robert à Clara en 1839 : « Pour comprendre la Fantaisie, il faut te reporter à ce malheureux été de 1836 où j’avais renoncé à toi. ») Travail intensif (revue, composition), excès de boisson et de tabac.

1837 Après quinze mois de coupure complète, Clara joue en récital à Leipzig la sonate op. 11 de Schumann. Fiançailles.

Tournée de Clara à Vienne, nouvelle séparation de sept mois. Davidsbündlertänze, op. 6.

1838 Triomphe de Clara à Vienne. À son retour, entrevues secrètes. Robert part pour Vienne afin d’y implanter sa revue. Séparation de onze mois, Kreisleriana, op. 16.

1839 Schumann découvre à Vienne la symphonie en ut majeur de Schubert, iné-

dite. Clara donne des concerts à Paris et semble renoncer à Robert sous l’influence de son père. Avril : mort d’Eduard. Juin : Robert et Clara entament un procès contre Wieck.

1840 Rencontres avec F. Liszt*. Août : jugement rendu en faveur de Robert et de Clara. 12 septembre : mariage. Année du lied. Début d’un bonheur stable et bourgeois. Robert parfait la culture musicale classique de Clara.

1841 Année symphonique. Concerts de Liszt et de Clara.

1842 Année de la musique de chambre.

Clara seule en tournée. Schumann, malade, ne compose plus ; crise nerveuse jusqu’en 1843.

1843 Professeur de composition au nouveau conservatoire de Leipzig. Le Paradis et la Péri. Réconciliation avec Wieck.

1844 Tournée en Russie avec Clara. Abandon de la Neue Zeitschrift. Début de la composition de Faust. Grave crise en août. Les médecins lui conseillent de s’arrêter de travailler et de s’installer à Dresde. Dépression presque continue jusqu’en 1846.