Parallèlement, il y a répudiation de la sculpture traditionnelle. Marcel Duchamp* y avait substitué l’objet avec ses ready-mades ; Schwitters reprend plutôt les visées esthétiques des premiers assemblages de Picasso* (cf.
son Breite Schnurchel de 1923), mais, surtout, il agrandit ces assemblages à l’échelle d’un environnement*, per-
çant sa maison à Hanovre de la cave au grenier pour créer, à partir de 1920, un espace mystérieux : c’est le Merzbau,
« cathédrale des misères érotiques », qui sera détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, repris en des versions nouvelles, mais inachevées, pendant son exil en Norvège (1935) et en Grande-Bretagne.
L’essentiel de l’oeuvre plastique conservé réside donc dans les tableaux de petits et de moyens formats : jusqu’à sa mort, en 1948, Schwitters agence avec patience et minutie des tickets de transports, des emballages et des papiers officiels déchirés, des tissus et des objets (pièces de monnaie, ficelle, bouts de bois), jouant sur des compositions très élaborées, combinant surtout avec un art consommé les couleurs —
souvent éteintes et indécises — et les textures diverses de chaque fragment.
« Tableaux » comme il n’en avait jamais été conçu jusque-là et auxquels Schwitters applique le terme générique de Merz, formé d’une suite de lettres qui étaient restées lisibles, une fois, après déchirure et collage d’une publicité de la Commerz und Privatbank.
Toute la production de Schwitters se fit désormais sous ce sigle étrange : ses constructions s’appellent Merzbau, sa revue, Merz (1923-1927), ses poèmes, partie importante de son oeuvre, Merz-dichtung et Merzgedicht ; ses articles traitent de Merzmalerei (1919) ou de Merztableau (1932). Attitude significative, opposant aux oeuvres figuratives — qui apparaissent comme déta-chées de leur auteur — les créations authentiques de Schwitters, celles qui reflètent avec une cohérence quasi ob-sessionnelle un univers intérieur étroitement refermé sur la sensibilité propre de l’artiste.
M. E.
Schwitters. Collages (Berggrün, 1954). /
W. Schmalenbach, Kurt Schwitters (Cologne, 1967).
sciage
Opération par laquelle on transforme le bois brut, directement issu de la forêt, en pièces généralement parallélépipé-
diques à l’aide de lames métalliques dentées animées d’un mouvement de translation ou de rotation.
Généralités
Le bois brut ainsi transformé est géné-
ralement de diamètre notable (grumes), mais on constate une tendance à scier du bois de plus en plus petit, jusqu’à 10 cm de diamètre. Les pièces obte-
nues par sciage sont elles-mêmes appelées sciages ou débits. Elles alimentent de nombreuses industries, parmi lesquelles les plus importantes sont la construction (charpentes, menuiseries intérieures et extérieures), l’ameublement, l’emballage, les chemins de fer, etc.
Selon leurs dimensions, les sciages peuvent être groupés en familles et en catégories. On distingue (avec les dimensions les plus courantes, exprimées en millimètres) :
— les sciages à section rectangulaire ou carrée : traverses de chemin de fer (140 × 240), madriers (75 × 225), bas-taings (63 × 160), chevrons (80 × 80 ; 60 × 80), etc. ;
— les sciages plats : planches (25 ; 18), voliges (15 ; 12) ;
— les sciages de petites sections : carrelets (40 × 40), lambourdes (27 × 40), liteaux (27 × 27), lattes (9 × 27), etc.
Tous ces sciages comportent généralement des arêtes vives : c’est pourquoi on les appelle des avivés. On trouve encore assez fréquemment en France des débits tirés des grumes par de simples traits de scie parallèles, dont les bords restent de ce fait irréguliers.
Après sciage, on les rempile les uns au-dessus des autres, reconstituant ainsi l’apparence de la grume dont ils ont été tirés. Cet ensemble constitue un plot, ou boule, et chaque sciage est un plateau, une planche ou un feuillet de plot.
Pour certains usages (traçage de pièces complexes), ces sciages sont préférés aux avivés.
Avant d’être vendus, les sciages font l’objet d’un classement, c’est-à-dire d’une répartition entre des catégories technologiques et commerciales. Les critères de classement sont :
— l’essence de l’arbre dont sont
issus les sciages (chêne, hêtre, sapin, hemlock, sipo, etc.) ;
— les dimensions des sciages ;
— leur qualité (absence ou abondance plus ou moins grande de défauts tels que noeuds, fentes, fil tors, taches colo-
rées, etc.).
Technologie du sciage
Il faut distinguer les procédés mécaniques selon lesquels s’effectue le sciage, les outils utilisés et la spécialisation des machines à scier selon la fonction qu’elles remplissent.
Sciage proprement dit
Il est réalisé par trois procédés principaux.
y Machines alternatives ou scies à cadres, appelées encore châssis ou multiples. Conservant le principe des premiers moulins, elles sont dotées d’un bâti lourd à l’intérieur duquel coulisse alternativement de haut en bas et de bas en haut, à grande vitesse (de 200 à 400 coups par minute), un cadre dans lequel sont tendues plusieurs lames d’acier dentées de 600 à 1 300 mm de long. Un chariot amène devant les lames les grumes à scier ou les pièces à dédoubler, qui se succèdent sans interruption à la vitesse de 3 à 20 m/mn. Pour n lames qui
sont montées sur le cadre, la machine débite ainsi à la fois n – 1 sciages comportant deux faces nettes et deux dosses.
y Machines à rubans. La lame est
un ruban d’acier sans fin, denté sur un bord (machines classiques) ou sur les deux bords (machine dite « bi-coupe »), fermé sur lui-même par bra-sure ou soudure et tendu sur deux volants placés l’un au-dessus de l’autre.
Le volant inférieur, mû par un moteur, entraîne le ruban à une vitesse de 35 à 50 m/s. Ici, c’est le bois qui passe alternativement dans un sens, puis dans l’autre à une vitesse moyenne variant entre 10 et 100 m/mn.
y Machines à lames circulaires.
L’outil est constitué par un disque d’acier denté de 250 à 2 200 mm de diamètre (toutefois, les petits diamètres sont réservés au tronçonnage et au délignage), tournant sur son axe à une vitesse circonférentielle de 35 à 50 m/s. Sur les machines classiques, on ne trouve qu’un seul disque ou deux disques superposés dans le
même plan.
Outil de coupe
Celui-ci a beaucoup évolué. Que ce soit une lame de multiple, un ruban ou une circulaire, le corps de la lame est constitué d’aciers spécialement étudiés pour résister aux déformations et pour conserver le plus longtemps possible le tensionnage. Le tensionnage est une contrainte artificielle à laquelle sont astreintes les lames pour tendre la partie dentée et compenser l’allongement qu’elle subit sous l’effet de l’échauffement, évitant ainsi le risque d’un cheminement sinueux de la lame dans le bois.
La forme des dents a considérablement évolué, depuis la forme « gencive », peu résistante et d’un faible rendement, jusqu’aux dentures perroquet et à copeaux projetés, qui assurent une bonne évacuation de la sciure.
L’avoyage, procédé par lequel on
obtient un trait de scie plus large que l’épaisseur de la scie qui lui donne naissance afin d’éviter un échauffement excessif, autrefois réalisé par torsion latérale des dents, est obtenu par écrasement de la pointe des dents. La matière des dents a également changé : à l’origine, et fréquemment encore, les dents étaient simplement découpées dans l’acier du ruban. Actuellement, la pointe des dents est traitée (trem-page) ou chargée d’alliages (stellite), ou encore dotée, par brasage, d’une mise rapportée (carbure de tungstène).