Le S. P. E. est la branche de bifurca-tion externe du nerf grand sciatique ; il assure l’innervation motrice de tous les muscles de la région antéro-externe de la jambe et du muscle pédieux (situé à la face dorsale du pied), l’innervation sensitive des téguments de la région
antéro-externe de la jambe, de la face dorsale du pied (à l’exclusion de son bord externe) et de la face dorsale des orteils (à l’exclusion de leur dernière phalange).
Névralgie sciatique,
ou sciatique
La sciatique vertébrale commune
C’est la plus fréquente et elle est presque toujours unilatérale.
y Mécanisme. Dans la majorité des cas, la douleur sur le trajet du nerf sciatique est la conséquence de la compression de l’une des racines du nerf sciatique, L5 ou S1, plus rarement L4, par le disque intervertébral sus-jacent. Cette compression, dite
« conflit disco-radiculaire », marque essentiellement ses effets sur les fibres sensitives et se manifeste par une névralgie dite « radiculaire ». Les racines sont comprimées dans la zone étroite située entre les disques (en avant) et les ligaments jaunes (en ar-rière) soulevés par les articulations interapophysaires (fig. 2). Dans ce défilé étroit, les racines L5 et S1 se trouvent placées dans une situation plus dangereuse que les autres racines, car elles sont plus volumineuses et surtout parce que le collet dans lequel elles s’engagent pour sortir du sac formé par la dure-mère (collet qui les fixe et les empêche de fuir) répond précisé-
ment au disque intervertébral.
Bien plus souvent qu’une hyper-
trophie du ligament jaune ou qu’une arthrose interapophysaire postérieure, ce sont les lésions des disques entre la 4e et la 5e vertèbre lombaire (L4-L5) et entre la 5e vertèbre lombaire et le sacrum (L5-S1) qui sont responsables de la sciatique.
Il s’agit le plus souvent de la partie postéro-latérale du disque qui se rompt, laissant sortir son noyau central plus consistant, le nucléus gélatineux (hernie discale), qui vient comprimer et irriter la racine nerveuse. Celle-ci répond à ces agressions par une réaction inflammatoire : c’est la crise de sciatique aiguë.
y Manifestations cliniques. La sciatique vertébrale commune est une
maladie de l’adulte entre trente et cinquante ans. Elle débute souvent, à la suite d’un effort de soulèvement, par des douleurs lombaires médianes ou latérales d’intensité variable (lom-balgie simple ou courbature, ou lum-bago aigu) ; puis apparaît la douleur sciatique, d’intensité variable, simple tiraillement ou, au contraire, douleur très vive dans la fesse ou le mollet.
Cette douleur est exagérée par la station debout, la marche, la toux, les efforts de poussée abdominale.
L’étude attentive de son trajet permet de préciser la racine atteinte, suivant que la douleur adopte un trajet postérieur ou latéral à la cuisse et à la jambe.
Le plus souvent, la douleur s’accompagne d’impression de fourmillement, de picotement, de pied mort.
À l’examen clinique, on note des
modifications de la statique, des attitudes antalgiques (pour réduire la douleur), une limitation des mouvements de la colonne vertébrale.
L’examen du membre inférieur per-
met de mettre en évidence le signe de Lasègue : le malade étant couché sur le dos, on réveille plus ou moins la douleur sciatique en soulevant son membre inférieur, genou en extension ; cette manoeuvre provoque un étirement de la racine du nerf où siège l’inflammation.
On s’explique aisément que la douleur provoquée arrête le mouvement du
membre, qui ne peut pas être amené à angle droit par rapport au tronc.
L’exploration de la sensibilité cutanée, des réflexes, de la motricité permet de faire la différence entre la sciatique par lésion de la racine L5 et la sciatique par lésion de la racine S1 (fig. 3). Toute sciatique bilatérale doit être considé-
rée a priori comme une sciatique dite
« symptomatique », c’est-à-dire consé-
cutive à une autre maladie.
Enfin, il est des sciatiques paralysantes dues à une atteinte des fibres
motrices, dont le pronostic est plus grave.
Les radiographies facilitent le diagnostic de la sciatique en montrant des modifications des espaces inter-downloadModeText.vue.download 613 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
9948
vertébraux (tassement ou bâillement).
L’évolution de la sciatique est des plus variables : en règle générale, avec le traitement médical, elle doit guérir en moins de trois mois, mais elle peut récidiver à l’occasion d’efforts plus ou moins importants, et, devant une sciatique qui ne guérit pas au bout de six mois, il est de règle d’envisager une intervention chirurgicale ayant pour objet de libérer les racines comprimées.
Les sciatiques symptomatiques
Si la plupart des sciatiques sont dues à un conflit disco-radiculaire, il existe cependant des causes plus rares : les malformations congénitales du rachis lombaire, la tuberculose du rachis ou mal de Pott, les cancers secondaires des os, les tumeurs nerveuses.
Les manifestations de ces différentes affections ressemblent à celles de la sciatique commune, mais divers signes, telle la bilatéralité de l’atteinte, ou la présence d’autres anomalies attirent l’attention, et la radiographie, sans pré-
paration ou après injection de produit de contraste dans le canal rachidien, permet le diagnostic. Le traitement est alors celui de l’affection en cause.
J. E. et C. V.
J. R. Armstrong, Lumbar Disc Lesions.
Pathogenesis and Treatment of Low Back Pain and Sciatics (Baltimore, 1952 ; 3e éd., 1965). /
J.-B. Paolaggi, Que faire devant une sciatique ?
(Masson, 1973).
science
Ensemble des connaissances acquises par la découverte des lois des phéno-mènes, l’épistémologie visant à fonder ces connaissances.
Le concept d’« histoire des sciences »
Malgré son « droit de cité » conquis de haute lutte au XVIIIe s. parmi les disciplines scientifiques, l’histoire des sciences n’en laisse pas moins d’être problématique.
C’est qu’elle recouvre le domaine de l’histoire en même temps que celui de la science ; c’est qu’elle doit être attentive aux exigences de l’historien sans ignorer les revendications du savant. Pour mieux dire, elle ne doit pas sacrifier la « comédie des erreurs » au
« sérieux de la vérité ».
« Vérité », « erreur » — lot quotidien de l’historien des sciences — ne s’offrent-elles pas comme les concepts privilégiés de la réflexion philosophique ou de l’épistémologie ?
Autant dire que l’historien des
sciences ne peut éviter d’aborder les problèmes philosophiques ou, plus pré-
cisément, épistémologiques.
Deux remarques suffiront à révéler l’acuité de ce type d’interrogation :
— Comment dresser la liste des théories scientifiques sans connaître la qualité de l’événement scientifique, sans avoir, au préalable, explicité les critères de la scientificité ?
— Si l’historien des sciences ne saurait négliger les erreurs de l’esprit scientifique, il doit pouvoir en juger pour les reconnaître comme telles.
Du même coup, l’historien des
sciences se trouve légitimé : non pas produire l’histoire des sciences, mais projeter une histoire de l’histoire des sciences, une histoire exemplaire contenant et rendant compte de la diversité des prises de position épistémologiques des historiens des sciences.
Exemplaire puisqu’il s’agit d’expliciter le sens de l’« histoire des sciences » et d’interroger le concept même d’« histoire des sciences ».