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matiques développées par la seconde.

D’où une obligation : prétendre élaborer une « mécanique terrestre »

conséquente et valide, c’est s’imposer la construction d’une « mécanique céleste » non moins fondée.

Géométrisation de l’espace : la

science moderne démantèle l’espace

« concret » d’Aristote pour étendre

et réaliser l’espace « abstrait » de la géométrie euclidienne. Une telle substitution promeut des changements

conceptuels décisifs : le mouvement n’est plus interprété comme un processus, mais comme un état.

La physique aristotélicienne fortifie la différenciation ontologique du mouvement, processus de changement et du repos, état en tant que but et fin du mouvement. Tout mouvement est « actualisation » : le corps en mouvement est affecté par le processus de changement. Dans l’espace

« concret », le corps ne peut être isolé de son environnement physique et cosmique, et doit être pensé selon l’ordre du monde, resitué dans la ré-

gion de l’être — son « lieu naturel »

— à laquelle sa nature le fait appartenir. Si les corps terrestres se meuvent en ligne droite, les corps célestes dé-

crivent des mouvements circulaires.

Parce qu’il est processus, le mouvement ne peut se prolonger par sa seule impulsion ; il ne subsiste que sous l’action du moteur (cause qui le fait être). Que cette action cesse, que le mobile se trouve séparé de son moteur, le mouvement meurt. Or, toute cause s’épuise dans la production de son effet.

Plongé dans l’espace euclidien, le corps doué de mouvement est indifférent à son état, puisque aussi bien le mouvement est confondu avec une translation purement géométrique

d’un point à un autre. Le mouvement est un état à la manière du repos, état opposé. Cette opposition dans le même champ ontologique signifie qu’une force doit être appliquée pour modifier l’état d’un corps.

La loi d’inertie est le principe fondamental de la physique moderne.

C’est Descartes, et non Galilée, qui, le premier, en a apprécié tout le sens. Si Newton peut attribuer sa découverte à Galilée, c’est que toute sa mécanique la suppose. Les hésitations galiléennes à développer les conséquences ultimes de la conception du mouvement que s’en fait le Florentin l’empêchent de déployer définitivement le monde

selon le schéma de l’infinitisation de

l’Univers. Car le monde galiléen est fini, structuré autour du « centre des graves ».

« Le principe est très simple. Il affirme qu’un corps abandonné à lui-même reste dans son état de repos ou de mouvement aussi longtemps que

cet état n’est pas soumis à l’action d’une force extérieure quelconque »

(A. Koyré, Études d’histoire de la pensée scientifique, 1966). Simplicité pour nous — qui comprenons après

Descartes et Galilée — et non en soi.

Recouvrir le point de vue de l’en-soi avec celui du pour-nous, c’est raturer l’effort de la pensée et, du même coup, le travail de l’historien des sciences, qui découvre à l’occasion de la formulation du principe d’inertie une réforme de l’intellect lui-même, l’apparition de concepts nouveaux, l’élaboration d’une nouvelle conception de la nature. Autant dire une nouvelle philosophie : le réalisme mathématique.

L’affirmation du principe d’iner-

tie présuppose la possibilité d’isoler un corps donné de son entourage physique, l’identification de l’espace avec l’espace infini homogène de la géométrie euclidienne, la considéra-downloadModeText.vue.download 617 sur 621

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tion du mouvement et du repos comme états, et révèle un parti pris philosophique platonicien.

La marche du raisonnement galiléen est « régressive », « résolutive », « analytique », en quête de l’essence pour déduire les accidents du phénomène.

La pensée galiléenne est physico-ma-thématique et non pas seulement ma-thématique, ne dévoilant pas les modes possibles, mais affirmant le mode réel des phénomènes. Elle ne part pas du mécanisme causal pour le traduire en un rapport géométrique, mais affirme que les lois de la nature sont mathé-

matiques. Le réel incarne le mathématique : la théorie ne sauve pas les phé-

nomènes, mais en exprime l’essence.

C’est seulement à suivre le travail patient des concepts — voir plus particulièrement les analyses de Koyré réunies dans les Études galiléennes — que l’histoire des sciences peut identifier la prise de position philosophique qui autorise le développement de la science moderne.

Réalisme certes, mais mathéma-

tique. La vocation réaliste de la science définit une exigence, un impératif catégorique. Le réalisme scientifique n’est pas le réalisme borné — celui de l’immédiateté — dénoncé par

G. Bachelard. Le monde de la science moderne est celui des êtres mathématiques réifiés. C’est par réalisme que la pensée scientifique raisonne mathématiquement. Le positivisme est désarmé.

Même Newton lui échappe.

Les leibniziens ont cru reconnaître dans l’attraction, qui suppose une action à distance, le signe de la restauration des « forces occultes » scolastiques. Que Newton renonce à une explication physique de l’attraction, il se retrouve dans le camp du positivisme et échappe, dans le même temps, aux critiques des leibniziens.

Newton, interprétant l’attraction comme un fait d’action transpsy-chique, ne s’avoue pas du même coup

« positiviste ». C’est que, du point de vue positiviste, une action instantanée à distance ne soulève aucune objection.

Newton est un « réaliste » tout

comme Galilée, Descartes ; c’est le réalisme mathématique qui constitue downloadModeText.vue.download 618 sur 621

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l’attitude philosophique, la plus fé-

conde à long terme pour l’élaboration de la science, et non le positivisme.

Platon et non Bacon ni A. Comte.

Les principales revues de

l’histoire des sciences

En Allemagne, Karl Sudhoff consacre ses efforts à l’histoire de la médecine dans une revue qui porte finalement le titre de Sudhoffs Archiv für Geschichte der Medizin et paraît jusqu’en 1943. En Italie paraît à partir de 1910 la Rivista di storia critica delle scienze mediche e naturali.

George Sarton fonde en 1912 Isis, an International Review devoted to the History of Science and its Cultural Influence, publiée actuellement à Berkeley (Californie).

La revue Archives internationales d’histoire des sciences (publication de la division d’histoire des sciences de l’Union internationale d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Hermann) est fondée par Aldo Mieli à Rome en 1919 sous le titre d’Archivio di storia delle scienze et publiée sous le titre d’Archeion de 1927 à 1947.

En 1933, l’Académie des sciences

d’U. R. S. S. publie Arkhiv istorii naouki i tekhniki, et l’Académie des sciences de Grande-Bretagne fait paraître à partir de 1939 Annals of Science.

En France, la Revue d’histoire des sciences et de leurs applications est publiée par le Centre international de synthèse (Paris, P. U. F.) depuis 1947.

En 1962, Allistair Camerone Crombie fonde à Cambridge History of Science, an Annual Review of Literature, Research and Teaching. En France a paru de 1934 à 1966 Thalès, recueil des travaux de l’Institut d’histoire des sciences de l’université de Paris, et en Italie, à Florence, paraît depuis 1959 Physis, revista di storia della scienza.